Ouesso : une modernisation mi-figue mi-raisin

Mercredi 22 Octobre 2014 - 18:00

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La capitale de la Sangha, Ouesso, peut être fière d’avoir pris une longueur d’avance sur son développement comparée à plusieurs chefs-lieux. Même si ce tableau physique dissimule encore, comme la plupart des villes africaines, quelques contrariétés, Ouesso est une ville en devenir surtout avec la municipalisation annoncée dès 2015 et dont l'objectif est la construction d'infrastructures.

Si vous n’avez jamais été à Ouesso, vous serez surpris la première fois. Non par de gigantesques bâtiments qui surplombent la ville, ou les grosses carrosseries qui la traversent de nord au sud et de l'est à l'ouest, mais parce que vous jugerez positivement, sans doute, le zeste d’urbanisation que revêt cette ville d’environ 30 mille âmes. Il est certain d’attribuer cet essor du fait que la ville est une commune en pleine exercice depuis 1984. L’on pourrait aussi justifier ce développement par son rôle de centre administratif de l’une des principales régions du Congo, connue pour l'intense activité forestière qui s'y développe.

La ville a grandi en effet ! D'un seul arrondissement, elle est passée à deux, et bientôt trois avec son extension sur Mokeko situé à environ 15 km. L’avenue Marien N’Gouabi, principale artère de la ville, réhabilitée en 2011 et longue de 3100 mètres borde d’importantes institutions dont la Banque des États de l’Afrique centrale. Le luisant bâtiment, avec son architecture futuriste, qui fait face à une moderne station-service a précipité des constructions aussi modernes les unes que les autres. Ouesso peut faire un pied de nez à d'autres villes du pays, au reagrd de ses batisses de quatre à six étages qui abritent aussi bien des bureaux que de logements, mais aussi bien des échoppes, pharmacies, salons de beauté, agences de voyage et, surtout des banques et autres agences de transfert d'argent.

C’est sur la même avenue, à quelques encablures de la rivière Sangha, que s’installent les principales administrations. La Préfecture, un vieux bâtiment sans clôture fusionné au Secrétariat général du département, la mairie aux allures d’anciennes villas coloniales attendent d'être remplacées par des constructions qui épousent l'air de la municipalisation. Un peu avant, c’est le contraste avec la police départementale qui bénéficie d’un bâtiment moderne face à l’hôpital de base, lui aussi vieillissant mais le seul de la ville. À moins de 40 mètres de là se trouve logé le tribunal qui, selon des sources locales, squatte les vieux  locaux de l’Office congolais du cacao (OCC).

Linéaire jusqu’au port en plein aménagement, l’avenue est aussi celle des banques. LCB, Crédit du Congo, Mucodec et plusieurs établissements de microfinance reconnaissables à leurs enseignes. Bientôt, elles compteront avec la BCH qui termine les travaux d’un immeuble R+1.

En attendant la municipalisation accélérée...

Au-delà des 12 km de voiries urbaines, plusieurs autres avenues non bitumées sont entretenues. Un accord entre la mairie et la CIB aurait permis l’assainissement de cette ville qui s’agrandit. Les habitants espèrent voir la ville propre, mieux encore après les travaux d’envergure de municipalisation accélérée qui ajouteront 35 km de voirise urbaines à la ville.

Quoique les ruelles soient parfois argileuses ou remplies d’eau après des pluies successives, comme en cette période, les Ouessois et Ouessoises ne se soucient presque pas pour se déplacer. Les taxis aux couleurs marron et noir font rarement de caprices même après minuit. La course de taxi fixée à 500 FCFA lorsque le client est déposé à destination coûte 250 FCFA s’il reste  sur une avenue. Mais, le hic c’est que le taxi peut prendre plusieurs clients au même moment et chacun paye sa course. Comme à Brazzaville !

Comme Sibiti, Ouesso a également sa Place rouge. Une espèce de carrefour culturel et politique, doté d’un hangar (tribune) destiné à accueillir des événements populaires. La journée l’espace est envahi par les élèves notamment ceux de l’École catholique Saint Pierre Claver, située juste derrière. Le soir, lorsque tous les chats sont gris, ici, s’affrontent bars, boîtes de nuit et petits barbecues en début de soirée, des activités favorisées par les réverbères qui s'allument dès 17 heures grâce à la centrale thermique de 4 mégawatt. En attendant le barrage de Liouesso avec ses 42 mégawatts et dont les travaux s’achèvent bientôt, Ouesso vit au rythme des délestage. L’électricité est lancée à 17 heures et coupée à minuit. L’obscurité qui survient, édulcorée par quelques groupes électrogènes n’empêche pourtant pas les habitants de continuer de "vivre".

Dans quelques heures, Ouesso, comme plusieurs villes du pays assujettie au renouvellement des conseils municipaux, aura son nouveau maire.  Des défis énormes l’attendront. La municipalisation accélérée ayant déjà jeté ses bases, avec quelques chantiers en surface à l’instar de l’hôpital général, il ne reste plus qu’à espérer une nouvelle croissance de la ville.

Les Ouessois espèrent voir émerger un nouveau marché moderne, un stade aux normes loin de leur petit centre « Ndjombo » en déliquescence avancée. S’il y a d’autres soucis pour les gens de cette ville, c'est la réalisation de routes de campagne pour drainer les produits vers le centre urbain. Les populations espèrent également une délocalisation du marché pour le situer à un endroit qui valoriserait la position de Ouesso, comme centre commercial d'autant plus que la ville est retenue comme Zone économique spéciale.

La ville des Sangha-Sangha, auxquels se sont ajoutés des Bakouélés et les Ndjem, des Pomos, des Bonguilis, tous originaires de la Sangha, est aussi un réservoir de bien d'autres ethnies voisines à savoir les Makouas, Mbokos, etc. Ouesso, à cause ou grâce à sa position géographique, compte plusieurs étrangers avec des Camerounais en tête. Ici, ils sont tenanciers ou gestionnaires de plusieurs bars et  hôtels. Parfois ils se confondent, tellement les noms ont les mêmes résonnances.

Quentin Loubou