Paix en Centrafrique : Sant’ Egidio reste optimiste

Samedi 15 Juillet 2017 - 13:53

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L’organisation catholique soutient l’accord de paix signé il y a un mois à Rome et veut le renforcer malgré les violences à travers le pays.

Les attaques violentes et les confrontations armées entre ex-rebelles Séléka et anti-Balaka, ou au sein des regroupements rebelles eux-mêmes, se poursuivent en Centrafrique. Bria, Kaga-Bandoro, Zémio, Bangassou : ces localités sont devenues au fil des semaines autant de villes martyres où les morts se comptent par dizaines depuis des jours. Les violences n’ont pas même épargné les membres de la mission de paix de l’ONU en Centrafrique, la Monusca, dont le contingent marocain est celui qui a payé un lourd tribut pour le retour au calme dans ce pays.

Les Marocains ont décidé de se retirer du pays devant le peu de résultats probants quant à un retour rapide de la paix au cœur de l’Afrique. Mais ce tableau sombre n’est pas total, car les signes de la renaissance s’annoncent déjà. Ne serait-ce que dans les cœurs : au début du mois des habitants de Bangui, la capitale, ont manifesté leur exaspération devant la prise en otage des localités de l’intérieur par les violences. Toujours au début du mois, la Centrafrique a donné la preuve de sa pleine conscience d’un nouveau risque de basculement en se dotant d’un instrument indispensable à la justice.

Les juges de la Cour pénale spéciale, CPS, ont prêté serment devant le président Faustin-Archange Touadéra. Cette institution, conduite par Toussaint Muntazini qui aura à ses côtés cinq juges qui ont prêté serment avec lui, a été fondée en 2015 pour poursuivre les auteurs des crimes de guerre en Centrafrique depuis 2013. Elle se composera au total de 25 membres, 11 Centrafricains et 14 étrangers. Ce sont autant de signes d’une confirmation du choix de la paix réaffirmé à Rome, le 19 juin dernier, par un accord paraphé sous le patronage de la Communauté catholique Sant’ Egidio. Alors, 13 mouvements rebelles s’étaient engagés à renoncer à la guerre, mais les événements de ces dernières semaines ont semblé brouiller une telle volonté.

Cet accord sera complété la semaine prochaine par la mise en place à Bangui d’un comité de suivi dans lequel l’assemblée nationale du président Karim Mekassoua jouera un rôle de premier plan. « L'accord est une feuille de route d'un processus qui ne sera pas immédiat, surtout vu les conditions sur le terrain », a prévenu Mauro Garofalo, chargé des relations internationales au sein de Sant’ Egidio. Réaliste, il a reconnu : « il y avait des violences avant et il y en a eu pendant et après l'accord. Cela nous encourage à travailler avec encore plus d'urgence ». Mais il reste  optimiste pour l’avenir d’autant qu’un quatorzième groupe rebelle s'est désormais rallié à cet accord, selon ses dires.

Le comité de suivi qui va être mis en place par l'assemblée nationale comprendra aussi des représentants du gouvernement et de la présidence de la République ainsi que des observateurs de la Mission des Nations unies (Minusca). Sant’ Egidio est ferme dans sa conviction et veut voir un verre à moitié plein. Tous les acteurs centrafricains sont désireux d’en finir avec ces 14 ans d’instabilité, estime l’organisme catholique. « L’accord est vivant ; il est soutenu par une volonté de paix, forte et renouvelée, de la part de tous les acteurs, civils et religieux », a indiqué M. Garofalo.

Lucien Mpama

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