Paix et sécurité : l’ONU sollicite la vigilance des Etats face à la recrudescence des activités des mercenaires

Mardi 5 Février 2019 - 12:30

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Les membres du conseil de sécurité des Nations unies se sont réunis le 4 février, à New York, pour échanger sur la question afin d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur le mercenariat et son implication présumée dans les violences et conflits qui menacent la stabilité des pays.  

Pointant du doigt les auteurs des activités terroristes qui, selon lui, aggravent les conflits et menacent la stabilité et la paix dans le monde, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres,  a souligné que la présence et le recours aux mercenaires étaient source d'insécurité et de déstabilisation en Afrique.

Par ailleurs, en dehors de l’insécurité grandissante, l’utilisation des mercenaires sape aussi l’Etat de droit, perpétue les impunités et encourage l’exploitation illégale et inéquitable des ressources naturelles d’un pays. De même, elle provoque des déplacements à grande échelle et des tensions intercommunautaires. 

« La nature des activités liées au mercenariat a évolué au fil des ans. Aujourd’hui, ces mercenaires exploitent et se nourrissent d’autres fléaux, tels que les crimes organisés transnationaux, le terrorisme et l’extrémisme violent », a ajouté António Guterres, en insistant sur le fait qu’en Afrique, les activités des mercenaires demeurent un grave sujet qui doit préoccuper tout le monde. Car, a-t-il souligné, l'on assiste maintenant à des activités illicites, des trafics de groupes terroristes et de mercenaires opérant au Sahel, ainsi qu’à une implication présumée de ces mercenaires dans les violences postélectorales.

Pour illustrer la présence de ces activités qui impactent et menacent la paix de certains pays, les membres du Conseil de sécurité ont rappelé les cas de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire contre des civils en République centrafricaine et la tentative sérieuse d’un coup d’Etat en Guinée équatoriale en 2018.

Des actions à mener pour contrer le fléau

Selon le Conseil de sécurité des Nations unies, trois types d’actions doivent être menées pour relever ce défi. Il s'agit, entre autres, de renforcer les régimes juridiques au niveau mondial et national. Car, seuls trente-cinq États font partie de la convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires, adoptée en 1989 par l’Assemblée générale. La Guinée équatoriale, par exemple, vient à peine d’adhérer à cette convention et deviendra le trente-sixième pays qui en fera partie ce mois-ci.

« Ce cadre juridique comprend d’importants instruments africains, notamment la convention de l’OUA sur l’élimination du mercenariat en Afrique et la convention de l’Afrique centrale sur le contrôle des armes légères et de petit calibre », a précisé António Guterres, tout en invitant les pays membres à prôner le renforcement de la coopération bilatérale, régionale et internationale, surtout la coopération en matière de gestion des frontières qui est cruciale et importante pour enrayer le flux de la libre circulation d’armements et d’acteurs étrangers armés en Afrique centrale.

« Il s’agit, par exemple, de prendre des mesures instituant des commissions frontalières mixtes, des mécanismes conjoints de surveillance de la sécurité aux frontières et un partage régulier des renseignements entre les forces de défense nationales. Dans ce contexte, le partenariat stratégique entre les Nations unies et l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et les pays de la région est essentiel », ont signifié les membres du conseil de sécurité, appelant les gouvernants à examiner les facteurs politiques, économiques, sociaux et psychologiques qui sont à l’origine des activités des mercenaires. D’autant plus que le groupe de travail des Nations unies sur les mercenaires a déjà recommandé, de son côté, des mesures pour lutter contre l’exclusion, l’amélioration de l’engagement civique, la bonne gouvernance, la fourniture de services publics équitables, la protection des minorités et autres groupes vulnérables. Des efforts accrus pour créer des opportunités pour les jeunes seront faits en vue de réduire l’attrait des mercenaires et la menace de radicalisation.

Mieux connaître les sources d’insécurité et d’instabilité

Intervenant pour la part de l’Afrique, le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a jugé essentiel, au moment où le continent africain intensifie ses efforts de promotion de la paix et de la sécurité, que la réflexion porte sur toutes les sources d’insécurité et d’instabilité, pour faciliter l’articulation de réponses appropriées par la communauté internationale.

« L’histoire du continent africain est jalonnée d’exemples de mercenaires impliqués dans des actions de déstabilisation, y compris des coups d’État, des interventions dans les conflits armés et des tentatives de prise de contrôle des ressources naturelles des pays concernés », a-t-il indiqué. Moussa Faki Mahamat a signifié que l’un des défis à relever est la question du mercenariat. Car, dès les années 1960 pendant que l’Afrique s’employait à consolider son indépendance, certains pays furent confrontés à ce phénomène aux conséquences dévastatrices en termes de violence, de violation des droits de l’homme et de menaces supplémentaires sur leur sécurité et leur stabilité. Ainsi, cet état de fait a constitué une grave menace pour l’indépendance, la souveraineté, l’intégrité territoriale et le développement harmonieux des États africains.  Ce qui a amené l’Organisation de l’unité africaine à adopter, en 1977, la convention sur l’élimination du mercenariat en Afrique, entrée en vigueur en 1985. Cette convention a permis d’établir des normes pour le continent sur ces activités et inciter à prendre des initiatives de coopération sur le continent.

« La lutte contre le mercenariat doit s’inscrire dans le contexte de la promotion de la paix et de la sécurité sur le continent. Il faut aussi noter le caractère poreux de nos frontières. Et à cela s’ajoute aussi l’apparition des compagnies privées de sécurité qui méritent une attention particulière des gouvernants », a conclu le président de la Commission de l'UA, avant d’inviter les pays africains à renforcer les instruments internationaux relatifs au mercenariat, notamment en les signant, en les ratifiant et en les mettant en œuvre.  

   

Rock Ngassakys

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