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Paris-Washington : Colère et apaisement après les écoutes

Samedi 27 Juin 2015 - 13:00

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Révélations chocs contre dénégations laconiques : telle peut être la formule appropriée pour résumer le climat de relative tension observé en France, au lendemain de la publication par la presse hexagonale d’informations faisant état de la mise sous écoute de François Hollande et de ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, par les services américains entre 2006 et 2012. Six bonnes années donc, durant lesquelles la France d’en haut était pistée jour après jour outre-Atlantique.

Dans la foulée de ces divulgations ressenties de façon certaine comme un péril national, le chef de l’État français a réuni  un conseil de défense à l’Élysée, le 24 juin, pour se pencher sur la situation. Il en est ressorti quelques reproches lancés à l’allié américain, qui a manqué à son devoir de tenir ses engagements de ne pas « écouter » ses amis. Et ce n’est pas moins pour exprimer la contrariété de Paris devant ces manquements à la sincérité que les Affaires étrangères françaises avaient à leur tour convoqué l’ambassadrice des États-Unis au Quai d’Orsay. On n’a pas frôlé le rappel des diplomates ! Tout au plus, l’amitié entre Paris et Washington étant profonde, les responsables français des services de renseignement seront dépêchés au pays de l’Oncle Sam, pour des séances de renouvèlement de la confiance mutuelle.

Il est à noter que les travaux de Wikileaks, appelons cela ainsi, ont montré depuis leur mise au jour en 2013, l’ampleur des préoccupations sécuritaires des États-Unis hors de leurs frontières. Presqu’aucun pays n’est épargné dans cette recherche assidue du moindre indice suspect pouvant porter atteinte à la quiétude des États-Unis. Plus grande puissance mondiale secouée, rappelons-le, par les terribles attentats du 11 septembre 2001 perpétrés sur son sol, l’Amérique est soucieuse de sa sécurité intérieure. De ce point de vue, dirait-on, tous les moyens sont bons pour prévenir et rassurer une opinion publique américaine très exigeante sur les gages que ces derniers doivent donner pour mériter la confiance de leurs concitoyens.

En règle générale, et les footballeurs nous l’enseignent, la meilleure défense c’est l’attaque. Dans le contexte des États-Unis, comme tout pays d’ailleurs, ils ne peuvent pas se préoccuper de leur sécurité intérieure sans faire des projections sur l’extérieur habité par des ennemis avérés ou non, mais aussi par leurs propres amis dont ils ont en grande partie, ne l’oublions pas, le devoir de protection. On voit en effet le rôle prépondérant de Washington dans la mécanique de défense occidentale qu’est l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Il n’est pas certain, soit dit en passant, qu’un tel rôle avant-gardiste puisse être rempli par celui qui n’a pas les moyens de contrôle sur des alliés abrités sous son parapluie.

C’est volontiers, donc, que devant des protestations soulevées en Europe contre les procédés de leurs services, les États-Unis adoptent un profil bas qui peut être expliqué en quelques mots : « Nous n’y pouvons rien ! ». Ce qui a le mérite de ne pas envenimer les choses, et aussi de faire dire à ceux qui s’emballent que « notre sécurité collective n’a pas de prix, tant que la menace qui nous guette ne sera pas enrayée ». Là-dessus, bien sûr, il y aura toujours divergence entre les explications de ceux qui se disent au fait de là où vient la menace et mettent en œuvre des moyens de contrôle qu’ils estiment opportuns, et les opinions de ceux, éloignés des sphères de décision, qui pourront continuer de protester.  

Gankama N'Siah

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