Opinion

  • Le fait du jour

Paroles préélectorales

Lundi 5 Juin 2017 - 12:52

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Au Congo, comme partout ailleurs dans le monde, l’approche des élections donne lieu, souvent, à des prises de position qui sont autant de manifestations de l’intérêt que ces rendez-vous suscitent au sein de la classe politique et chez les potentiels électeurs. Après tout se jouent à ces occasions l’avenir de la Nation, le destin de ceux qui prennent part à ces scrutins. Très souvent aussi, les chancelleries y accordent toute leur attention. C’est en effet indéniable que ces moments leur permettent de se faire une idée sur l’évolution de la situation politique et sociale du pays qui les accueille.

Quelle idée les diplomates basés à Brazzaville, pour ne pas dire au Congo, se font-ils du climat en cours dans le pays depuis quelques années, notamment depuis les deux dernières décennies ? En remontant à l’année 1997, durant laquelle les Congolais avaient entrepris de se déchirer pour le pouvoir, il est clair que la conclusion que les uns et les autres tirent est que le Congo a globalement su reprendre son souffle et évité de sombrer dans une longue guerre civile dont les ingrédients semblaient bien en place. Il n’y a pas de honte à saluer ce point positif car les exemples sont nombreux où les conflits sociopolitiques du genre de celui du 5 juin 1997 ont perduré.

Grâce à ce ressaisissement, le Congo a enregistré d’importantes avancées à mettre au compte de tous, d’autant que les différents protagonistes de 1997 avaient fini par doser leur vin pour opposer à la violence gratuite le change de la tranquillité et du dialogue. Depuis un an, cette tranquillité est en partie rompue. Si les uns l’attribuent aux suites du référendum et de la présidentielle passés, les autres y voient une volonté étudiée de déstabiliser les institutions nationales, on peut observer l’échec collectif que porte la classe politique congolaise. Et comme si cela ne suffisait pas, ils y saupoudrent chaque jour plus de raideur, d’aigreur et de rancœur.

On les voit venir encore depuis qu’est enclenché le processus électoral en vue du renouvellement des mandats des députés et des élus locaux. Il y en a qui ont pris le parti de distiller la peur parmi leurs compatriotes, il y en a d’autres qui se disent prêts à en découdre même quand ils émargent au sein d’une même formation politique ou font chemin dans un même groupement. Comme il y a quelques années, les responsables politiques congolais associent au débat électoral celui de la violence verbale qui préfigure parfois le pire.  

Parce qu’ils se regardent toujours en chiens de faïence, parce qu’ils exposent la peine qu’ils ont à laisser éclore parmi leurs compatriotes la joie de se sentir honorés de leur classe politique. Quand réaliseront-ils, qu’au long du dernier quart de siècle, n’ayant pas changé leur manière de faire, ces hommes et ces femmes qui parlent avec ravissement au nom du peuple qu’ils disent défendre ont souvent cuisiné ensemble dans un élan d’indifférence à l’égard de ce même peuple qu’ils ont pour la plupart perdu un peu de leur crédibilité ? Sans doute comprennent-ils que le peuple aussi a compris les limites du don d’ubiquité qu’ils usent au détriment de leur propre « classe » vouée à une interminable traversée du désert.

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles