Parti lumumbiste unifié : Martin Kabwelulu choisit Shadary et plaque Gizenga

Samedi 18 Août 2018 - 15:00

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Dans une déclaration cosignée le 17 août avec quelques notables de l’espace katangais, le ministre des Mines a promis de soutenir le candidat président de la République désigné par Joseph Kabila.

Le Parti lumumbiste unifié (Palu), une des formations politiques faisant partie de la coalition majoritaire, traverse pour l’heure une de ses graves crises dont la persistance risquerait, si on n’y prend garde, de l’emporter. Empêtré dans ses contradictions sur fond des querelles intestines qui n'en finissent pas, le Palu vogue aujourd’hui dans les travers d’une instabilité exacerbée par les enjeux politiques de l’heure. Le dernier fait en date est la déclaration faite le 17 août par Martin Kabwelulu, haut cadre de ce parti, qui a décidé de soutenir le candidat du Front commun pour le Congo (FCC) à la présidentielle de décembre.

 "Déclaration des communautés de base de l’espace katangais", tel est le document que Kabwelulu et quelques notables cosignataires ont rendu public, au grand dam du directoire du Palu pris de court par la sortie médiatique impromptue du ministre des Mines. « Saluons la décision du chef de l’État de respecter la Constitution et soutenons son choix sur Emmanuel Ramazani Shadary comme notre candidat pour l'élection présidentielle de décembre 2018 », ont déclaré Martin Kabwelulu et la frange des notables katangais visiblement acquis à sa cause. Là où le bât blesse, c’est le fait que le Palu est partie prenante à la course à la présidence de la République via son candidat et chef du parti, Antoine Gizenga (93 ans). Ainsi la démarche de celui qui aura battu le record de longévité au gouvernement (plus de dix ans au ministère des Mines) apparaît-elle comme une rébellion vis-à-vis de la discipline du parti.

Le palu miné par des intérêts divergents

En optant pour le candidat du FCC en lieu et place de son chef de parti, Martin Kabwelulu expose toutes grandes les contradictions qui minent actuellement le Palu écarté entre les intérêts divergents de ses cadres qui ne regardent plus dans la même direction. À la base, les rapports ambigus qu’entretient la direction du parti avec la majorité présidentielle (MP) sur fond d’un partenariat politique qui n'existe plus que de nom. Alors que le parti d’Antoine Gizenga avait réclamé une évaluation de ce partenariat aux fins d’un recadrage par rapport aux enjeux politiques tout en menaçant de présenter ses candidats à tous les niveaux des scrutins, la MP est restée de marbre, sans céder à ce qui rimait à un vil chantage. Le Palu qui, en 2006 et en 2011, avait largement battu campagne pour le candidat de la MP, attendait que cette dernière lui rende l’ascenseur en soutenant son candidat à la prochaine présidentielle. Une exigence sans retombées.  

Avec  l’avènement du FCC qui ambitionne, au nom du seuil électoral, de ratisser large ou mieux de cristalliser toutes les énergies en son sein pour devenir un grand ensemble censé influer sur le jeu politique, l’apport du Palu dont le poids politique est sujet à caution depuis les élections de 2011 s’est tout aussi relativisé. Le FCC veut y aller seul et gagner tout seul sans miser sur une quelconque alliance.

D’où l’escapade de quelques cadres de ce parti qui ont su lire les signes du temps. C’est notamment le cas de Wolf Kimasa qui rejoint le Centre de Germain Kambinga et d’Adolphe Muzito qui a commencé à prendre ses distances en filtrant avec l’opposition. Il paiera de son poste cette attitude autonomiste. Cependant, lorsque Martin Kabwelulu et son collègue de l’Emploi et  de la prévoyance sociale, Lambert Matuku, signeront la Charte du FCC, une excuse leur fut vite trouvée, à savoir leur statut de membre du gouvernement qui les astreignait à un devoir de solidarité au nom de la cohésion de l'exécutif.

 C’est en vertu justement de la Charte du FCC dont il est signataire que Martin Kabwelulu s’est offert la liberté de déclarer ouvertement son soutien à la candidature d’Emmanuel Shadary. L’ acte fondateur de ce regroupement politique impose, en effet, à ses membres de soutenir la personne sur laquelle l’autorité morale allait jeter son dévolu pour le représenter à la prochaine présidentielle.

Ecartelé désormais entre deux candidatures à la présidentielle, celles d’Adolphe Muzito et d’Antoine Gizenga, en plus de celle de Ramazani Shadary qu’une poignée des cadres soutient au nom de la cohésion gouvernementale, le Palu présente un visage peu flatteur à moins de cinq mois de la tenue des élections. Des signes avant-coureurs de la fin du mythe longtemps incarné par Antoine Gizenga qui a fait de son rapprochement avec la « kabilie » un fonds de commerce avant d’en subir le contrecoup.   

Alain Diasso

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