Parution : Bob Bobutaka publie sur les relations profondes entre les deux Congo

Mardi 20 Février 2018 - 13:00

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Kinshasa et Brazzaville ne sont pas les deux capitales les plus proches au monde pour rien. Et s’il n’y a jamais eu de guerre entre ces deux villes, c’est certainement parce qu'elles sont plus qu’intimement liées. Il pourrait s’agir à tout le moins d’un seul peuple séparé juste par un boulevard naturel, le fleuve Congo. C’est ce qu’explique, scientifiquement et de manière plus épistémologique, le Pr Bob Bobutaka Bateko dans son ouvrage au titre évocateur de « Congo-Kinshasa et Congo-Brazzaville. Développement, langue, musique, sport, politique et bibliologie » sorti aux éditions Edilivre, à Paris, en France.

Les premiers mots de l’ouvrage, comme par symbolisme, sont adressés à l’actuel gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta Yango, et à l’ancien maire de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé (succédé en août 2017 par Christian Roger Okemba), deux responsables des deux capitales des Congo. Aussi rend-il hommage, pour l’expression fraternelle des deux Congo, aux présidents des Assemblées nationales Aubin Minaku et Isidore Mvouba, aux présidents des Sénats Léon Kengo wa Dondo et Pierre Ngolo, aux Premiers ministres Clément Mouamba et Bruno Tshibala, et aux directeurs des cabinets des présidents de la République Néhémie Mwilanya et Florent Ntsiba, ainsi qu'aux ministres de l’Enseignement supérieur et universitaire Stève Mbikayi et Bruno Jean Richard Itoua. Bob Bobutaka adresse ses remerciements particuliers au professeur égyptologue, Théophile Obenga, pour qu'il « trouve dans cette littérature l’expression de la continuité de son œuvre commencée par Cheikh Anta Diop sur la civilisation pharaonique ».

« L’axe Kinshasa-Brazzaville est hautement stratégique pour la consolidation de l’ancien royaume Kongo et la valorisation des peuples du fleuve Congo. Brazzaville et Kinshasa sont deux capitales les plus proches au monde à raison d’une distance de cinq à six kilomètres seulement, et ce, hormis Rome et le Vatican. », indique l’auteur dans son avant-propos qui balise une lecture aisée et enrichissante de ce livre captivant. Bob Bobutaka jette déjà un regard attentionné sur l’aspect économique des deux Congo. L’on apprend que la Banque mondiale - qui a créé une sous-région composée des deux Congo depuis 2015-, a, dans un programme, signalé que « la RD Congo est l’un des pays les plus importants en termes de volume de financement de la Banque mondiale. Il y a au total un engagement de financement de 3,5 milliards de dollars américains pour la RD Congo qui est placée au troisième rang en Afrique, au Sud du Sahara. ». L’auteur ajoute à propos du Congo Brazzaville que « les aspects économiques sont liés à la diversification de l’économie congolaise. », comme le décrit le « Rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo : investir avec efficience dans les infrastructures du pays ».

Le Pr Bob Bobutaka revient sur la découverte de Kinshasa par Henri Morton Stanley et un brin d’histoire de la colonisation avec Léopold II, ainsi que celle de Brazzaville par Pierre Savorgnan de Brazza, évoquant au passage la Conférence de Brazzaville axée sur la politique de la colonisation française en Afrique avec Charles De Gaulle. Et il donne cette précision par rapport à l’appellation « Congo » : « Il y a lieu aussi de noter que la première utilisation du terme « Congo » au pays de Denis Sassou date de 1891 avec la dénomination le « Congo français » alors qu’au pays de Joseph Kabila, la première utilisation date du 17 novembre 1879 par la création de l’Association internationale du Congo ». L’auteur note, toujours dans son avant-propos très instructif, ceci : « la stratégie de paupérisation intellectuelle a été largement développée dans les anciennes colonies de ces deux pays (Belgique et France) », par rapport aux colonies britanniques en Asie comme l’Inde, l’Indonésie, etc.

L'auteur aborde aussi l’importance de la bibliologie pour le problème de développement de l’Afrique. Aussi rappelle-t-il que « Les phénomènes bibliologiques en rapport avec l’écriture et la lecture sont aussi vieux que l’invention de l’écriture en Mésopotamie et en Egypte. En outre, si l’écrit constitue le premier média de masse, l’écriture est l’expression de création des paradigmes des sciences de l’information et la lecture constitue le contexte naturel de la communication ». Ceci est d’autant important, car, « Les pays africains éprouvent de sérieuses difficultés pour leur développement ; car ils respectent rarement les écrits qui constituent, pourtant depuis la fin de la préhistoire, le fondement du paradigme civilisationnel de l’humanité ».

Economie de l’ouvrage…

A l’endos du livre, il y est brossé l’économie de l’ouvrage. « En dépit du fait que l’écriture du mot Kongo ait été transformée en Congo, ces deux républiques sœurs reflètent l’héritage toponymique du Royaume Kongo. De 1960 à 1964, le Congo Kinshasa et le Congo-Brazzaville avaient la même dénomination : la République du Congo. Parmi les éléments communs aux deux Congo, nous observons aussi que les deux drapeaux congolais semblent avoir une même configuration, notamment les couleurs : rouge et jaune ; chaque drapeau est traversé par une barre pouvant expliciter l’importance du fleuve ; et tous deux possèdent deux formes triangulaires. », indique l'auteur.

Ce livre, note-t-on, développe un schème diversifié au contenu historico-archivologique construit à partir des chapitres suivants : « Les Banunu-Bobangi et Lingala entre les deux Congo » ; « Les questions relatives au maintien de paix de l’ONU au Congo-Kinshasa » ; « Les Juifs en République démocratique du Congo ». Un autre chapitre met en exergue les considérations sur les barrages d’Inga, la balkanisation et la décentralisation de la République démocratique du Congo. Par ailleurs, les chapitres sur les émeutes de Léopoldville, du 4 au 7 janvier 1959, l’organisation des tables rondes et des élections législatives de 1960 et la cérémonie de l’indépendance du Congo-Kinshasa sont exploités avec un accent particulier sur la Déclaration de l’indépendance du Congo-Kinshasa.

Enfin, il y a aussi un chapitre intitulé « Kinshasa – Brazzaville : l’université, le sport et la culture » qui met en relief les considérations communes aux deux capitales. L’auteur met aussi en relief la Banque mondiale qui a créé sa propre sous-région comprenant les deux Congo, une initiative qui devrait être considérée comme un atout important pour revigorer  les liens de fraternité entretenus par la population des deux rives du fleuve Congo.

Par ailleurs, le sport, la musique, la langue et l’identité culturelle commune, comme facteurs synergiques, sont exploités afin d’impulser le développement désirable et le développement durable des peuples congolais. Si le développement durable mise sur la postérité, le développement désirable, quant à lui, prône le bien-être et le mieux-être de la population contemporaine.

L’auteur

Bob Bobutaka Bateko est professeur à l’Institut supérieur de statistiques de Kinshasa et à l’université de Kinshasa. Il est détenteur de six diplômes d’études supérieures et universitaires, dont un doctorat en sciences de l’information et de la communication (Sic), un diplôme d’études approfondies en sciences de l’information et de la communication, un diplôme de 3e cycle en bibliothéconomie,  une licence en sciences et techniques documentaires option archives (Bac+5) ; une licence en sciences et techniques documentaires, option : bibliothèque-documentaire (Bac+5) et un diplôme de graduat en sciences et techniques documentaires (Bac+3).

Pourvu d’une riche expérience professionnelle, il a travaillé à la Banque mondiale, à la Mission de paix des Nations unies en RD Congo, en collaboration avec la "Radio Okapi", au Programme des Nations unies pour le développement et au Bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. Sur la demande d’un des premiers ministres Congolais à la Banque mondiale, il a été affecté aux cabinets de deux Premiers ministres dont Antoine Gizenga et Adolphe Muzito comme technocrate archiviste-documentaire dans le domaine de la gouvernance administrative. Chercheur, il est auteur d’une dizaine de livres et de plusieurs articles scientifiques sur l’épistémologie, les SIC et d’autres domaines.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

La couverture de l'ouvrage du Pr Bob Bobutaka sur les deux Congo

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