Patrimoine : la mémoire du roi Njoya honorée à Brazzaville

Mercredi 3 Juin 2020 - 17:18

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A l’initiative de l’ambassadeur du Cameroun au Congo, Komidor Njimoluh Hamidou, la communauté camerounaise a célébré, le 30 mai, le 87ème anniversaire du décès du roi Njoya, la vie et l’œuvre du souverain du royaume Bamoun.

A cause de la pandémie de Covid-19, le nombre des invités a été limité, contrairement aux années précédentes. Une trentaine de personnes dont quelques chefs de missions diplomatiques et hauts cadres africains ont pris part à la cérémonie. Ils ont témoigné leur attachement au souvenir du roi Njoya, décédé le 30 mai 1933. 

« Le roi est parti, mais il ne doit pas mourir dans nos esprits », a rappelé l’ambassadeur du Cameroun, Prince du palais royal Bamoun de Foumban, pour souligner le travail multidimensionnel et inoubliable accompli par Njoya l’Africain.

Quatre-vingt-sept ans après sa disparition, le diplomate Camerounais estime que « le roi Njoya, demeure, d’après un exemple de sagesse, de travail, d’objectivité et d’ouverture à l’autre. Une source d’inspiration intarissable pour résoudre les problèmes de notre temps ».

« Si le pied de derrière ne suit pas le pied de devant tu vas tomber », a-t-il ajouté, en rappel à la sagesse africaine convoquée pour la circonstance par le roi Balen.

Cette vision est partagée par Sa Majesté Michel-Cyr Djiena Wembou, roi des Balen, à Bafang, département du Haut-Nkam, situé à l’Ouest du Cameroun, par ailleurs secrétaire général en charge du Programme des réformes économiques et financières de la CEMAC (PREF-CEMAC).

En outre, il a félicité et remercié l’ambassadeur du Cameroun pour l’heureuse initiative d’enseigner l’histoire des peuples et civilisations d’Afrique à la nouvelle génération, sous l’impulsion de l’actuel Sultan roi des Bamoun.

La cérémonie commémorative a été marquée par des échanges sur les leçons à tirer du règne du 17ème roi de la dynastie de Nshare Yen. L’assistance a appris, pour l’histoire, que « la place du roi Njoya dans l’historiographie africaine et l’impact de sa contribution sur l’évolution de la civilisation africaine ont été magnifiés lors d’un colloque international organisé les 27 et 28 novembre 2013 à l’Université de Yaoundé I ».

Les actes de cette rencontre scientifique, selon l’ambassadeur, sont contenus dans un ouvrage intitulé « Le roi Njoya, créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, paru chez l’Harmattan en 2014 ». Et, quelques extraits significatifs du livre ont été revisités pour la mémoire collective.

Sous la plume du professeur Jacques Fame NDongo, ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, Chancelier des Ordres Académiques, Njoya est présenté comme un linguiste inspiré, inventeur d’une écriture opérationnelle, réalité vivante à travers les écoles Shü-mom, qu’il va falloir redynamiser à travers un mécanisme spécial de diffusion.

« C’est un motif légitime de fierté que le Cameroun propose à l’Afrique tout entière », a indiqué l’ambassadeur Komidor Njimoluh Hamidou.

Philosophes et historiens témoignent leur attachement au roi Njoa

A titre d’illustration, le diplomate Camerounais a saisi cette opportunité pour rappeler différents points de vue publiés par des philosophes et historiens africains sur le roi Njoya.

Portant la voix des femmes, Blandine Koletou Manouere, docteur en Littérature et Civilisation Africaines, affirme que le roi Njoya encourageait l’éducation scolaire de la jeune fille et l’émancipation de la femme, sur la base de sa culture traditionnelle et religieuse pour une meilleure intégration dans la société moderne.  

De son côté, le professeur Charles Zacharie Bowao de l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville est impressionné par la tenue systématique d’un registre d’état civil mentionnant obligatoirement chaque naissance et chaque décès, les mesures spécifiques pour la protection de la femme et de l’enfant.

En ce qui concerne la disqualification plus ou moins prononcée de la peine de mort et la reconnaissance d’un certain droit humanitaire ou de clémence au profit des sujets du roi, l’universitaire congolais pense que le roi Njoya est ici et maintenant, entre hier et demain, à la croisée des temporalités.

Selon l’historien camerounais, Daniel Abwa, le roi Njoya à travers ses œuvres n’appartient plus, ni à sa famille, ni à son pays, ni à l’Afrique ; il appartient au monde.

 « N’ayant que très peu flirté avec l’école occidentale, le roi Njoya est la preuve évidente qu’il ne suffit pas d’être allé à l’école occidentale pour devenir un savant. Savoir plier quand l’adversité est forte, mais savoir rester ferme au point de rompre quand les intérêts vitaux de l’Afrique sont en danger », a-t-il ajouté. Pour ce faire, précise le professeur Abwa, il faudrait en permanence faire la preuve de son amour pour son peuple et son pays qui sauront rendre la pareille en cas d’adversité.

 Ibrahim Mbombo Njoya, l’actuel Sultan-roi des Bamoun, se réjouit de la contribution qu’il juge d’exceptionnelle de la grande famille Bamoun aux efforts de l’Afrique dans sa quête de développement et de positionnement dans un monde aujourd’hui globalisant. Il formule l’espoir que cette renaissance de Njoya soit l’occasion pour tous les enfants du Noun de reconnaitre en lui les qualités de père fédérateur, de rassembleur de la grande famille, autour d’un idéal de réconciliation, de solidarité et de progrès qui ne devrait jamais lui manquer.

Notons qu’au terme des échanges, la communauté camerounaise et les admirateurs africains du roi Njoya ont élevé des prières pour le repos éternel du monarque africain qui pour eux, est un apôtre du dialogue des cultures et des religions pour la paix et la santé, notamment en ces temps difficiles marqués par la lutte contre la pandémie de la covid-19.

 

 

 

 

 

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