Pêche illégale : la Guinée considérée désormais comme un pays coopérant par l’UE

Mercredi 19 Octobre 2016 - 14:39

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La délégation de l’Union européenne (UE) a décidé de sortir la Guinée de la liste des pays non-coopérants en matière de pêche illicite, selon un communiqué.

« Le retrait de la Guinée de la liste des pays tiers non-coopérants en matière de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN) est effectif », indique-t-elle dans un communiqué. C’est une décision  prise par le Conseil de l’UE à l’issue d’une réunion à Luxembourg, fondant sa proposition « sur les conclusions confirmant que la Guinée a démontré avoir remédié à la situation ayant justifié son inscription sur la liste et qu'elle a pris des mesures concrètes susceptibles d'entraîner une amélioration durable de la situation ».

L’UE estime que la Guinée a mis en œuvre ses obligations découlant de la lutte contre la pêche INN. Le pays s’est également doté d’un système dissuasif de sanctions, et introduit un régime de surveillance aérienne. Des réformes sont en cours, visant à renforcer  les critères internationaux de lutte contre la pêche illicite.

La Guinée est inscrite sur la liste des pays tiers non-coopérants en matière de pêche illicite, à cause de la mauvaise gestion du secteur. Les pertes dues à la pêche illicite dans ce pays d’Afrique de l’Ouest sont estimées à plusieurs millions de dollars par an, suivies d’une dégradation sans précédent de l’environnement marin.

Alpha Condé : « L'Afrique a besoin de ses ressources, surtout ses ressources halieutiques pour se développer »

Le président guinéen, Alpha Condé, s’est inquiété de son côté des ressources halieutiques africaines en général, celles de la Guinée en particulier, qui a du mal à en profiter, à cause des navires étrangers qui, sans autorisation ou licence, pêchent dans ses eaux territoriales.

« Nous espérons que tous les pays africains vont rapidement la signer et mettre en application cette charte pour que nous puissions mieux avancer dans ce contrôle des eaux », a-t-il déclaré, à l’issue d’une réunion à Lomé (Togo), à laquelle les pays africains ont signé la charte sur la sûreté et la sécurité maritimes. Cette charte permettra aux pays africains de contrôler leurs mers.  « Nous espérons que tous les pays africains vont rapidement la signer et mettre en application cette charte pour que nous puissions mieux avancer dans ce contrôle des eaux », a poursuivi le président Condé.

« Il était extrêmement important pour nous de lutter contre la piraterie maritime et surtout contre la pêche clandestine, parce que l'Afrique perd beaucoup d'argent en étant muette sur ce sujet. L'Afrique a besoin de ses ressources, surtout ses ressources halieutiques pour se développer. Nous sommes très heureux qu'à Lomé, à l'occasion de ce sommet extraordinaire de l'Union africaine, la Charte sur la sécurité et la sûreté maritimes soit signée. Je crois que c'est une direction souhaitée par tous les chefs d'Etat pour la sécurité maritime en Afrique », a- t-il conclu.

Sûreté et sécurité maritimes et développement en Afrique

Le continent africain regorge de ressources aquatiques et maritimes, dont tout le potentiel n’a pas encore été exploité aux fins de la croissance économique et du développement durable. Les Grands lacs africains renferment 27% d’eau douce de surface du monde. Ce qui leur donne une importance stratégique à l’échelle mondiale. Trente huit des cinquante quatre Etats africains sont  côtiers.  Les 2/3 de la superficie du continent se trouvent sous la mer. Plus de 90 % des importations et des exportations africaines sont transportées par voie maritime et quelques-uns des axes les plus stratégiques du commerce international se trouvent en Afrique.

Dans sa stratégie maritime intégrée  à l’horizon 2050,  l’Union africaine (UA) souhaite que l’économie bleue ouvre de nouveaux horizons pour la renaissance du continent. Mais les eaux maritimes africaines connaissent des menaces, notamment la criminalité transnationale organisée, le trafic d’armes et de drogue, la piraterie et les vols à main armée en mer, le mazoutage illégal, le vol de pétrole brut le long des côtes africaines, le terrorisme maritime, la traite d’êtres humains et le transport illégal par voie maritime de demandeurs d’asile.

La pêche et la surpêche illicites, non réglementées et non déclarées, ainsi que des crimes écologiques comme les naufrages délibérés, les déversements intentionnels d’hydrocarbures et l’immersion de déchets toxiques constituent également des sujets majeurs de préoccupation. Le trafic de conteneurs constitue un autre problème qu’il faut éradiquer. Mais la sûreté et la sécurité maritimes du continent se heurtent à la vulnérabilité des cadres juridiques existants, au manque ou à l’insuffisance d’aides à la navigation, ainsi qu’à l’absence d’études hydrographiques modernes, de cartes nautiques à jour et d’informations sur la sécurité maritime dans plusieurs États africains.

La plupart des menaces maritimes de l’Afrique ont un caractère géopolitique et sont complexes, en raison de leurs multiples facettes et de leur interconnexion. Elles sont également très lourdes de conséquences. Les pays africains doivent relever multiples défis pour évaluer, protéger et exploiter de manière optimale le potentiel qu’ offre l’économie bleue. Pour peu qu’elle soit bien sécurisée et judicieusement exploitée, l’économie bleue peut contribuer de manière significative à la transformation et à la croissance du continent.

 

 

Noël Ndong

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