Penser art, penser culture

Samedi 6 Septembre 2014 - 6:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

« Un pays sans culture est un pays inexistant », dit Roga-Roga dans l’entretien que nous publions dans ce numéro. Une formule qui rejoint ce que nous pensons profondément et répétons ici de diverses manières. Nous sommes en effet les premiers à nous réjouir du développement de la création artistique congolaise, et dans nos nombreuses publications nous ne nous lassons pas de saluer et de soutenir le dynamisme et l’audace dont font preuve nos artistes pour s’affirmer. Il n’empêche que nous nous inquiétons de la visibilité, de la pérennité et de l’intérêt provoqués par leurs œuvres à l’intérieur même de nos frontières. L’intérêt qu’ils suscitent à l'extérieur du pays est de plus en plus grand, en témoigne leur présence à travers l’Afrique et l’Europe lors d’importantes manifestations culturelles. Là ne se situe donc pas notre propos.

L’inquiétude évoquée ici concerne le fait de voir les œuvres de ces artistes réduits dans notre pays à de simples faire-valoir applaudis par des gens qui ne s’y intéressent pas vraiment, sauf pour des intérêts personnels. Beaucoup d’entre nous prennent plaisir à voir les artistes, les nôtres, exceller au-delà de nos frontières, faisant la fierté de la République, mais très peu font le choix de prendre le temps de créer localement des espaces de réflexion et d’analyse pour mieux comprendre ce qui les motive ainsi que leurs choix artistiques.

Dans un contexte artistique et culturel congolais où professionnellement beaucoup reste à recréer, à remodeler selon les exigences du monde contemporain, il ne serait point mal vu de s’intéresser de près à l’art, à la culture et aux artistes eux-mêmes, de s’engager pour mieux prendre des risques et promouvoir leurs choix artistiques sans craindre d’être avant-gardistes. Il est temps de décomplexer nos regards, non pas pour des intérêts personnels, mais dans le but d’affirmer dans l’imaginaire collectif que l’art dans sa globalité (peinture, musique, photographie, mode, cinéma, BD, etc.) est à considérer comme un mode de vie. Et soutenir ceux qui créent doit être un acte à la fois citoyen et naturel.

Les Dépêches de Brazzaville