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Peut-on éviter la guerre des religions ?

Lundi 19 Janvier 2015 - 10:46

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Au-delà de l’atroce tuerie qui a décimé le 7 janvier, en plein cœur de Paris, l’équipe de l’hebdomadaire Charlie Hebdo et qui provoqua dans toute l’Europe  une  émotion intense se pose maintenant la question, beaucoup plus grave encore, de la résurgence des guerres de religions qui ensanglantèrent pendant plusieurs siècles des régions entières de la planète et qui semblent aujourd’hui sur le point de se réveiller.

En témoigne la liste, non exhaustive mais déjà terrifiante, des évènements qui ont marqué l’actualité de ces derniers mois en Europe, dans le Bassin méditerranéen et en Afrique : l’irruption soudaine à la faveur de la guerre civile en Syrie et dans le Kurdistan de ce que l’on appelle Daech ou l’État Islamique, la reprise plus ou moins avouée de la guerre en Irak sur fond d’affrontements entre Sunnites et Chiites, les assassinats d’otages perpétrés au nom  d’Allah  en Algérie, en Tunisie, en Libye et au Mali, la multiplication  des massacres par  la secte Boko Haram au Nigéria et dans le nord du Cameroun, l’explosion de haine et de violence qui a détruit en quelques semaines l’unité de la Centrafrique, les tueries perpétrées à Paris il y a dix jours, les émeutes provoquées au Niger par la publication d’une nouvelle caricature du Prophète Mahomet à la « une » de Charlie Hebdo, les affrontements sans fin entre Israéliens et Palestiniens dans la bande de Gaza et à Jérusalem Est, la prolifération des centres d’entraînement djihadistes au Yémen, la transformation des prisons françaises en cellules de recrutement des Islamistes …

Tous ces évènements ont comme origine une vision radicale et donc extrémiste de l’Etre suprême qui est pourtant censé rendre les hommes plus humains. Ils traduisent le fait que loin d’apaiser les conflits la religion sert, une nouvelle fois dans l’Histoire, de prétexte pour les violences les plus extrêmes, les crimes les plus inhumains, les entreprises les plus abjectes. Ils démontrent de façon  irréfutable que le monde moderne n’évolue pas dans le sens de la paix et de la concorde, mais glisse à nouveau vers un chaos philosophique, idéologique ou religieux dont aucune société ne peut se tenir à l’abri.

Phénomène plus grave encore car il laisse prévoir une aggravation de ces dérives dans les décennies à venir, le progrès technique, loin d’aider à apaiser les tensions religieuses, tend à les aggraver démesurément. Dans deux domaines au moins il jette, en effet, de l’huile sur le feu : celui de la concertation entre extrémistes grâce aux nouvelles technologies  de la communication et celui de la sophistication croissante des armes qui aggrave l’effet destructeur des attentats perpétrés au nom de Dieu, d’Allah ou de Yahvé. Contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à très récemment, plus la science avance et plus le danger de la radicalisation religieuse grandit.

Dans un pareil contexte que peuvent faire les États pour empêcher le pire de se produire ? Cette question se trouve désormais au cœur des réflexions de tous les gouvernements, de toutes les administrations. Des réponses qui lui seront apportées dans les mois et les années à venir dépendront pour une large part la paix du monde. Elle est donc prioritaire.

Nous n’avons évidemment pas, nous qui sommes de simples observateurs de la scène,  une réponse crédible à formuler dans le moment présent. Sauf peut-être celle-ci : la paix entre les hommes surgissant depuis la nuit des temps des violences, des tensions les plus extrêmes, le vingt-et-unième siècle n’échappera pas à cette règle en dépit des prétentions affirmées ici et là. Il convient donc de trouver la voie qui permettra à la raison de l’emporter sur la passion, à l’intelligence sur la bêtise, à l’humanité sur la bestialité. Et cette voie n’a qu’un seul mot : le dialogue.

Mais qui saura l’instaurer avant que le pire ne se produise ?

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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