Photographie : le catch congolais sous toutes ses coutures

Mardi 21 Octobre 2014 - 13:45

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Sur la centaine de clichés de son reportage sur les catcheurs, Colin Delfosse avait choisi d’en exposer vingt-deux à l’Institut français (IF) se basant sur les critères esthétiques mais en tenant aussi compte des plus impressionnantes. L’exposition Les sorciers du ring et catcheur congolais que l’on pouvait encore visiter samedi dernier avait tenu pratiquement un mois, soit du 19 septembre au 18 octobre.

Colin Delfosse posant à côté de la fameuse photo des jumeaux Le début de l’exposition surprenait les visiteurs qui se trouvaient alors face à une sorte de fresque murale représentant un combat de catch à la place de vrais catcheurs. Pour Colin Delfosse, elle était à percevoir telle « une image d’introduction, juste une manière soft de commencer l’exposition ». Ce qui pourrait se comprendre avec les clichés impressionnants que l’on découvrait par la suite en poursuivant la visite. C’est le cas notamment de la fameuse photo des jumeaux.

Interrogé sur le cliché le plus impressionné pour lui, au moment de sa capture, sans hésitation aucune, le photographe nous a dit : « Celle avec la machette m’a beaucoup marqué ». Et de poursuivre : « C’était quelque chose de très inattendu de voir ça ». Les visiteurs de l’exposition non plus ne restaient pas de marbre forts impressionnés qu’ils étaient manifestement par la scène des jumeaux dont l’un avait le vêtement ensanglanté à cause de la machette qu’il avait en travers du crâne. Colin a dit avoir été quelque peu désorienté face à l’image crue s’offrant à sa vue alors qu’il leur avait juste demandé une démonstration de ce qu’ils avaient coutume de faire sur le ring. Cela dépassait son imagination. S’il avait été heurté par les jumeaux, à l’inverse c’est la photo du catcheur albinos Mwimba Texas, que Colin dit avoir pris plus de plaisir à prendre. De nous confier à ce sujet : « Celle avec Mwimba Texas m’a beaucoup plu parce que c’est un gars extrêmement cultivé. J’ai beaucoup parlé avec lui ».

Avec pour décor divers lieux, une voie ferrée, la rue ou une cour d’habitation, etc. la plupart des portraits, nous a affirmé le photographe étaient généralement réalisés à proximité des fiefs des catcheurs. Et de préciser alors : « C’est eux qui décidaient de l’endroit et du lieu où ils voulaient se faire prendre en photo. La plupart des photos étaient prises dans leur rue ou près de chez eux ». Aussi, pour Colin, la plus belle d’entre toutes reste « celle de Guerrier Maseke évidemment qui est le plafond comme l’on dit ici » quitte à relever qu’il y a tout de même une différence entre « celle qui parle le plus et la plus réussie ». Et d’ajouter : « C’est généralement celle qui plaît le plus, même s’il y en a aussi d’autres qui plaisent mais sont un peu plus en retrait notamment celle d’États-Unis où l’on voit le Stade des Martyrs dans l’arrière-fond, pour moi, c’est vraiment l’exemple de ce que je voulais faire : montrer à la fois les catcheurs avec un arrière-fond de la ville de Kinshasa. Pour moi, c’était cela l’idée globale du reportage. Et, le cliché d’États-Unis l’illustre bien ainsi que celle où Dragon est de dos et l’on voit l’échangeur de Limete, qui en est un autre bel exemple ».

Comme pour donner plus de crédit aux clichés dont certains donnaient à penser à une mise en scène réalisée exprès pour le besoin du reportage, Colin avait obtenu de l’IF l’organisation d’un combat de catch l’heure qui suivait le vernissage de son exposition. Ainsi le public pouvait par lui-même se rendre à l’évidence en ayant sous les yeux la plupart des scènes insolites rendues par les images vues plus tôt. Et donc, au fil des combats, comme l’a corroboré Colin : «  Plus ils sont maigres, plus ils ont recours aux fétiches ». Même si tel qu’il a expliqué, il ya d’une part ceux qui en font l’usage et d’autre part ceux qui s’en gardent bien, il s’avérait que dans la première catégorie, l’on en trouvait forcément des plus puissants que d’autres.

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Colin Delfosse posant à côté de la fameuse photo des jumeaux