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Plaidoyer pour la Communauté du Bassin du Congo

Samedi 7 Novembre 2015 - 11:11

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Les tragédies en série que nous voyons se dérouler sous nos yeux depuis des décennies le prouvent, hélas !,  sans discussion possible : l’homme reste  un loup pour l’homme et plus les moyens de destruction dont il se dote gagnent en puissance, en efficacité, plus s’accroit la tentation de la violence qui le meut depuis la nuit des temps. Espérer dans un tel contexte qu’il se civilisera grâce aux avancées technologiques, au développement économique, au progrès social est un leurre, une illusion qui ne peuvent que l’empêcher de se doter des moyens lui permettant de lutter efficacement contre ses mauvais instincts.

C’est pourquoi il convient, aujourd’hui plus encore qu’hier, de réfléchir aux mécanismes qui pourraient, dans le proche avenir, protéger les sociétés humaines contre les menaces de toutes sortes qui les guettent : menaces sociales générées par le sous-développement et les inégalités, menaces idéologiques et religieuses engendrées par le fanatisme, menaces stratégiques nées de la convoitise que suscitent les ressources naturelles des régions trop richement dotées par la nature.

Le Bassin du Congo, région des Grands lacs comprise, où vivent près de trois cents millions d’êtres humains, est, de ce point de vue, un espace qui pourrait aisément devenir un modèle. Miné depuis des décennies par des tragédies en série telles que le génocide rwandais, les guerres civiles congolaises, l’affrontement religieux centrafricain, il semble voué à la désolation, au négationnisme, à l’ultra violence et, cela, alors même qu’il recouvre  l’une des régions potentiellement les plus riches du monde. Il suffirait pourtant que certaines dispositions soient prises par ses gouvernants pour que la situation s’inverse et que l’Afrique centrale devienne en quelques années un havre de paix où les peuples vivraient sans se trouver confrontés à des agressions sans fin.

Parmi ces dispositions, il en est une qui a prouvé ailleurs son efficacité et qui mérite donc attention : la mise en commun de moyens de prévention et de gestion des crises qui permettent aux peuples frères de se défendre collectivement contre les menaces de toute nature provoquées par l’inconscience ou la cupidité humaine. C’est ainsi, et pas autrement, que la Chine, l’Europe, la Russie, les États-Unis, bref toutes les grandes puissances, ont réussi à neutraliser les forces négatives qui les minaient pour devenir des communautés puissantes, capables de gérer elles-mêmes les crises qui les minent et, par conséquent, de garantir à leurs peuples qu’ils vivront libres et prospères, sinon même riches.

Est-ce sombrer dans l’illusion que de suggérer aux États de la CÉMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale),  de la CÉÉAC (Communauté Économique des États d’Afrique Centrale), de la CEPGL (Communauté Économique des Pays des Grands Lacs), de la CGG (Commission du Golfe de Guinée), bref aux douze pays qui se partagent l’immense Bassin du Congo, de se réunir rapidement pour parler sans a priori de cette question ?

Il existe aujourd’hui, sur les cinq continents que compte la planète Terre, suffisamment d’unions, de communautés, de fédérations, de confédérations pour que les dirigeants de l’Afrique centrale trouvent aisément une réponse aux problèmes pratiques que ne manquerait pas de poser l’édification d’un tel ensemble. Et la mutualisation des moyens que celle-ci génère automatiquement permettrait de résoudre en un temps record les problèmes que le désordre régnant aujourd’hui dans la sous-région rend insolubles.

Ce que les Pères de l’Europe, William Churchill, Charles de Gaulle, Robert Schumann, Konrad Adenauer, Jean Monnet ont su faire, au sortir de la deuxième guerre mondiale et dans un contexte infiniment plus difficile que le nôtre, pourquoi les chefs d’État de l’Afrique centrale ne seraient-ils pas capables de le réaliser à leur tour ? N’est-ce pas la cause que défendit le Président Denis Sassou N’Guesso dès 1996 et qui devient aujourd’hui de façon claire la clé des progrès à venir pour tous les peuples du Bassin du Congo ?

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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