Portrait: A 115 ans, la vieille Mondzé garde intactes ses facultés intellectuelles

Jeudi 24 Août 2017 - 17:45

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Assise dans sa demeure, la vieille Mondzé, âgée de 115 ans, possède une mémoire de lièvre et raisonne comme une quinquagénaire, malgré sa mobilité réduite et ses problèmes de vue. Elle répond sans balbutiements à ses interlocuteurs et affiche l’image d’une personne qui ne subit pas le fardeau de son âge.

Née au village Ndongo Omuoh, district d’Ollombo, dans le département des Plateaux, la vieille Joséphine Mondzé avait épousé un certain feu Itoua, au village Ibéa vers Abala, avec lequel elle a eu plusieurs enfants dont seulement deux filles sont encore en vie. Abandza et Inianga, toutes deux veuves, partagent aujourd’hui la même demeure avec elle, sise avenue Jean-Dominique Okemba à Talangaï. Elles lui ont donné de nombreux petits enfants et arrières petits-enfants.

Et pourtant, la vieille Mondzé ne cesse de se plaindre d’être seule à longueur de journée. Elle est prise en soins par l’Association Oboros. Mais, même la progéniture de ses trois regrettés frères Oko, Engambé Ipombolo et Ninga ne parvient pas à assouvir sa soif de compagnie.  

« Je suis restée presque seule. Mes frères et sœurs, ainsi que mes amies ne vivent plus. Mes deux filles sont souvent parties à l’église ou régler les problèmes de leurs enfants dans leurs foyers conjugaux. Moi, je souffre d’être toujours seule dans cette chambre », se plaint-elle. 

Rien, disait le poète, n’est pire misère qu’un souvenir heureux dans un moment de malheur. On lit tout le chagrin sur le visage de la Vieille Mondzé quand elle évoque son passé d’épouse et cultivatrice. « Au village, je cultivais les champs de manioc, d’arachides, d’ignames, de patates et de maïs. Je pratiquais également la pêche et mon époux chassait du gibier. On mangeait du poisson, des légumes, du coco, du saka-saka, de la viande de brousse, mais à Brazzaville, c’est du poulet et des produits congelés », explique-t-elle.

La vieille Mondzé ne réalise pas sa longévité. Elle ne sait parler de ses secrets diététiques. Elle déplore plutôt son incapacité à se rendre à l’église pour rendre grâce à Dieu. Les difficultés de mobilité et de la vue pourrissent sa vie. « Au départ, je partais à la prière mais ces derniers temps, c’est difficile. Je suis seulement à la maison. Je reçois parfois les visites de mes neveux et nièces, mais combien de fois viennent-ils dans l’année ? », s’interroge-t-elle.

La vielle Mondzé a connu des grands hommes de sa contrée et côtoyé certains d’entre eux. Elle constitue un repère important pour l’histoire des populations de la contrée de Ndongo Omuoh et ses environs. Des grands chefs coutumiers aux guérisseurs, en passant par les griots et autres chansonniers folkloriques, Maman Mondzé n’oublie pas ceux qui ont fait la pluie et le beau temps dans son terroir.

Difficile pour elle cependant d’oublier le beau vieux temps. « J’ai appartenu à des groupes folkloriques, aujourd’hui on n’en parle plus. Celles et ceux qui chantaient et dansaient avec moi ne sont plus de ce monde », regrette-t-elle en langue mbochi.

Christian Brice Elion

Légendes et crédits photo : 

La vieille Mondzé, photo Adiac.

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