Pour le Vatican, les migrants interpellent les pays de départ comme ceux d’arrivée

Lundi 24 Juillet 2017 - 17:05

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Pays d’origine, de transit et de destination, des migrants doivent s’interroger pour un traitement « gagnant-gagnant » du phénomène migratoire.

Encore une fois, le Saint-Siège s’élève contre un traitement trop simpliste de la question migratoire. Pas seulement une gêne, mais une opportunité tout au long de la chaîne. Car, aussi bien les pays d’origine des migrants, que ceux de transit et de destination ne peuvent avoir épuisé la richesse du concept d’immigration du seul revers de la main. Il faut s’interroger sur ses causes profondes et les effets induits dans un pays que quitte en masse d’une foule de citoyens ; par le transit dans un pays où ces migrants ne sont pas assurés de ne pas rester ; par l’arrivée dans un dernier pays où ils n’étaient pas forcément attendus.

C’est la pauvreté et le manque de développement qui peuvent être considérés comme des causes à la base du phénomène des migrations, a souligné lundi le père jésuite Michael Czerny, sous-secrétaire de la section Migrants et Réfugiés au Vatican. Il représentait le Saint-Siège à un atelier de deux jours de l’ONU, à New York, consacré au thème de la contribution des migrants dans le développement durable. Migrer ne se décide pas du jour au lendemain, a indiqué le représentant du pape. Car migrer, c’est abandonner sa terre et sa maison, parfois sa famille. Ce n’est souvent pas un choix, mais une nécessité.

La pauvreté endémique, la faim, la violence, un travail inadapté, la dégradation de l’environnement et les sécheresses, la faiblesse et  la corruption des institutions sont à la base d’une telle décision. Les Nations unies ont déjà répertorié toutes ces causes dans l’agenda 2030 pour le développement durable. On doit pouvoir soutenir le droit de tous à rester sur leurs terres dans la dignité, paix et sécurité, a poursuivi l’envoyé du pape. On doit pouvoir réaffirmer que personne ne devrait être forcé à quitter sa maison par absence de développement et de paix.

Le départ massif de citoyens d’un pays vers un autre est un phénomène interpellant. Il est sûr que cela occasionne une grosse perte pour les nations de départ, qui se voient incapables d’assurer les conditions d’existence dignes à ceux qui y vivent. « Ceux qui émigrent constituent presque toujours le meilleur d’une nation », a souligné le jésuite : « c’est sa jeunesse, ses talents, son courage, son espoir qui s’en vont, qui risquent la vie dans la traversée de la Méditerranée et d’autres mers à la recherche d’une survie et d’une vie meilleure. Ils recherchent un minimum de bien-être et de dignité ; un minimum de développement ».

De ce fait, a dit le prélat, la migration interpelle aussi bien les pays de départ que ceux d’arrivée et même de transit. « Mais, pour qu’elle ne soit pas considérée comme une gêne et une nuisance ; pour que la migration devienne un facteur de développement gagnant-gagnant, le migrant doit avant tout être traité comme un être humain, avec dignité et avec le plein respect de ses droits d’homme et de femme ; protégé contre toutes formes d’exploitation ou de stigmatisation aux plans social, économique ou légal ».

Lucien Mpama

Notification: 

Non