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Pour une fédération des arts plastiques

Lundi 17 Mars 2014 - 0:53

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Par la locution art plastique, on entend plusieurs définitions parmi lesquelles l’ensemble des œuvres travaillant les formes afin de leur donner une esthétique, ou encore l’art relatif au modelage des formes et aux actions sur la matière mettant à contribution les domaines artistiques tels la peinture, la sculpture, le dessin, l’architecture, la photographie ainsi que les nouveaux modes de production des images et les nouvelles attitudes artistiques.

L’Afrique en la matière est assez louée, mais va-t-elle jusqu’au bout de ses aptitudes ? À l’instar de l’initiative des artistes togolais Sokey Edorh et Tété Azankpo qui lancent Campagn’Art, une résidence de création et d’exposition à Adidogomé au Togo, il faut tout de même s’interroger sur la perception de l’art plastique sur le continent.

Il est vrai que Lomé a lancé officiellement le 12 mars sa première expérience d’événement culturel tourné vers les arts plastiques au Centre culturel Fil bleu-Aréma d’Adidogomé, une banlieue nord-ouest de Lomé. Cet événement a été soutenu par plusieurs partenaires médiatiques, culturels, du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Togo ainsi que celle du ministère de la Communication et de la Culture du Togo. Le lancement de cette manifestation culturelle conduira début avril 2014 au vernissage d’une exposition animée par les deux artistes, bouquet final dont l’optique sera de faire briller de nouveau le génie créatif des arts plastiques au Togo.

Il faut rappeler que ces artistes ont une notoriété certaine et se sont déjà fait remarquer sur la scène internationale, à l’image de Sokey Edorh qui s’est illustré en exposant au château de Pujols (en Aquitaine, dans le sud-ouest de la France) le 16 novembre dernier et en déclinant sa fresque baptisée Les Naufragés de l’espoir, une somme de neuf pièces (peintures sur toile et écritures). Déjà en septembre 2012, le même artiste séduisait les amoureux de l’art sur le site de l’église Saint-Vincent à Pessac-sur-Dordogne, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine 2012, où il a exposé ses œuvres sur le thème « Afriques, entre altérité et tiers-monde ».

Cette notoriété de certains plasticiens ne doit pas cependant faire oublier la réelle situation des arts visuels en Afrique francophone. La production, très limitée, est calquée sur les pratiques occidentales ; les structures n’ont pas beaucoup évolué et ne laissent pas entrevoir de nouvelles perspectives sauf peut-être au Mali où la création d’un conservatoire, lieu pluridisciplinaire, a permis des initiatives et suscité des espérances. De façon générale, les pratiques sont restées ponctuelles et la communication insuffisante, car les artistes demeurent sous-informés et donc coupés des circuits de l’art qui sont l’apanage des Occidentaux. La sempiternelle question « peut-on vivre de cet art ? » reste donc pertinente.

Hormis l’Afrique du Sud, qui est un pays à part en matière de création plastique, dans une large majorité nos plasticiens « bricolent », empêtrés dans de nombreuses contradictions. À part quelques biennales et résidences peu nombreuses, il n’y pas de projets collectifs et aucun Africain de la rue ne se retrouve dans les expositions. D’où la nécessité d’avoir des opérateurs africains, ceux-ci manquent cruellement au continent et les quelques opérateurs extérieurs ne représentent qu’un apport insuffisant.

Des opérations telles l’achat des œuvres, l’organisation de biennales comme celles de Bamako et Dakar sont recommandées, mais en réalité, les structures sont quasiment inexistantes qui fassent le lien entre les deux seules et rares biennales. Les financements sont également rares dans le domaine des arts visuels et souvent du fait des Occidentaux, et les cérémonies ne sont pas pensées par les autorités en termes de retombées au niveau local. Il n’y a donc pas d’événement fédérateur, sauf la biennale de Dakar qui s’est donné cette dimension.

Il faudrait plus de moyens de rencontre pour les artistes, car les tentatives, limitées au niveau local sont trop circonscrites pour être efficaces. Il y a assurément nécessité de fédérer.

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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