Présidentielle au Nigeria : le suspense reste entier

Mardi 31 Mars 2015 - 18:15

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Au moment où nous mettons sous presse cet article, le challenger Muhammadu Buhari devance le président sortant Goodluck Jonathan de deux millions de voix. Pour autant, le suspense demeure encore, dans l’attente du verdict de plusieurs bastions sudistes traditionnellement acquis au chrétien Goodluck.

Peu avant, le patron de la Commission électorale indépendante (Inec), T. Attahiru Jega, avait imprudemment envisagé une annonce des résultats dès lundi. Or, le mardi après-midi, le Nigeria attend toujours le verdict des urnes. Selon les premiers résultats officiels annoncés par les délégués de l'Inec), dans quinze des trente-six États nigérians et dans la capitale fédérale, l’opposant Nigérian Buhari, 72 ans,  l’emporte dans dix et le président en exercice dans huit, auxquels il convient d’ajouter la capitale Abuja. L’opposant Muhammadu Buhari devançait mardi à la mi-journée de seulement 500.000 voix le sortant Goodluck Jonathan, qui grignote son retard alors que le décompte des votes se poursuit au compte-gouttes.

En effet, dans le nord, l’avantage tourne en faveur de Buhari. Lequel, à titre d’exemple, a recueilli 1,7 millions de suffrages de plus que son adversaire dans l’État de Kano, le plus peuplé du septentrion nigérian. Quant à Goodluck, natif du sud, il demeure quasiment indestructible dans ses fiefs. D’où la confiance en apparence inébranlable de son entourage, persuadé que les réservoirs à bulletins tels que Lagos, la capitale économique ou Rivers lui vaudront au final une victoire claire et nette. 

Pour l’heure, l’incertitude des urnes entretient une tension palpable. Au fil des heures s’installe la peur d’affrontements post-électoraux meurtriers sur fond d’accusations mutuelles de fraude massive. Tout porte à croire que si, au bout du décompte, le chef de l’État, Goodluck Jonathan, est déclaré vainqueur, Kaduna, fief de Buhari et théâtre dans le passé d’affrontements communautaires meurtriers, s’embrasera.

Sur ce, les autorités ont instauré le couvre-feu à Port-Harcourt, capitale de l’État pétrolier de Rivers. Mais au fil de manifestations rageuses, les partisans de l’opposant Nigérian Buhari ont accusé le pouvoir d’avoir, avec la complicité de l’Inec, trafiqué les résultats.  

Le Nigeria, première économie du continent africain, compte 69 millions d’électeurs inscrits sur 173 millions d’habitants. Le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des  trente six États de la fédération auxquels s’ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja.

Yvette Reine Nzaba