Présidentielle du 23 décembre : l’opposition cherche à arrondir les angles

Mercredi 24 Octobre 2018 - 14:10

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La question de la machine à voter a finalement réussi à diviser les uns et les autres.

L’image idyllique que les opposants ont renvoyée à l’opinion, il y a quelque mois, contraste avec les divisions qui les caractérisent aujourd’hui. On est, en effet, bien loin de la cohésion imprimée en en son temps le trio Kamerhe-Fatshi-Katumbi qui, visiblement, incarnait un certain espoir d’alternance au regard de l’idéal politique dont ils étaient porteurs. Et lorsque le cercle s’est élargi avec l’avènement d’autres leaders partageant le même idéal de changement, tout en se situant dans l’optique d’une action concertée en vue de baliser la voie à un triomphe électoral, les raisons de croire à la bonne volonté des uns et des autres était bien perceptible dans le chef de nombreux Congolais.

Des collectifs d’opposants créés, souvent pour des raisons d’affinités politiques, se sont alors dilués dans des grands ensembles, créant ainsi une synergie de lutte visant à maximiser les chances d’accéder au pouvoir par les urnes. Cette fédération d’énergies autour d’un idéal commun restera malheureusement un vœu pieux au sein d’une opposition disparate et hétéroclite qui peine à parler un même langage. Des partis politiques qui estiment avoir une certaine ascendance sur les autres, en termes de visibilité et d’ancrage sociologique, ont refusé d’être à la remorque pour réclamer les premiers rôles. De la sorte, ils entendent imprimer leur leadership au sein de la plate-forme appelée dorénavant à se rallier à leur candidat à la présidentielle. Après le rejet des candidatures de Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) avait vite fait d’appeler au soutien à Félix Tshisekedi, présenté comme le candidat commun de l’opposition. Tout le malaise était parti de là, quand bien même le concerné avait tenté d’atténuer les faits en jouant au sapeur-pompier. Le Mouvement de libération du Congo, qui s’est toujours opposé à une relation verticale avec ses pairs de l'opposition, n’était pas prêt, autant que d’autres partis politiques, à digérer un pareil diktat. Et d’ailleurs, sa secrétaire générale, Eve Bazaïba, ne rate jamais une seule occasion pour rappeler à l’UDPS certains accords qu’elle qualifie de « secrets» signés avec la mouvance présidentielle à Ibiza et ailleurs.     

Une opposition bâtie sur du sable mouvant

Alors que d’aucuns ont cru à l’unité retrouvée à la lumière du meeting du 29 septembre dernier sur le boulevard Triomphal, au cours duquel les uns et les autres ont fait le serment de ne jamais trahir l’idéal qui les unit, la suite des événements aura révélé le côté aléatoire d’une opposition bâtie sur du sable mouvant. La machine à voter est venue fissurer l’édifice. Là-dessus, l’UDPS a décidé, contre toute attente, de se démarquer de la position commune en déclarant être prête à aller aux élections avec ou sans la machine à voter. C’est de ses partenaires politiques de l’opposition que le parti de Félix Tshisekedi aura subi le pugilat verbal, non sans répliquer. Profitant de cette séquence, la majorité s’est vite interposée, en prenant fait et cause pour l'UDPS, juste pour accentuer la fracture.   

Entre-temps, les pourparlers qui ont lieu en Afrique du Sud sur la désignation du candidat commun de l’opposition risquent d’achopper en l’absence de Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi dont la présence aurait impacté positivement cette rencontre. Mais hélas ! D’où, la marche de l’opposition prévue le 26 octobre pour réclamer, entre autres, la surséance de la machine à voter se présente-t-elle comme une occasion d’arrondir les angles, de niveler les vues en regardant dans la même direction. C’est l’occasion ou jamais, pour cette opposition, d’administrer la preuve de son unité à travers la participation de toutes ses forces politiques. Un fiasco donnerait des ailes à la majorité présidentielle et renforcerait sa conviction de remporter les élections du 23 décembre en surfant sur les querelles intestines d’une opposition lacérée et écorchée.      

Alain Diasso

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