Pression sur le franc congolais : pas d’affolement de la Banque centrale du Congo

Mercredi 24 Janvier 2018 - 19:15

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En l’espace de deux semaines, soit du 1er au 15 janvier, la monnaie nationale a perdu 0,385 % de sa valeur par rapport au dollar américain. Au cours de cette période, le taux est passé de 1 560 à 1 566 CDF le dollar américain (USD).

 

Le dollar  se négocie actuellement au-delà de 1 600 francs congolais (FC) sur le marché parallèle, soit une dépréciation d’environ 26 % sur l’année dans les bureaux de change kinois. Pour autant, la Banque centrale du Congo (BCC) a tenu à rassurer du maintien du dispositif actuel de politique monétaire. Aucune révision n’est à l’ordre du jour, du moins pour l’instant.

Généralement, en effet, le mois de janvier est marqué par une légère dépréciation du FC face à la devise américaine. Si les variations moyennes mensuelles des cours de change n’ont pas dépassé les 2 % au mois de janvier depuis 2010, l’on constate tout de même une forte dépréciation en janvier 2017 (-4,1 % pour l’indicatif et -3,5 % pour le parallèle). À la fin de l’année 2017, l’on se rappelle que l’inflation avait touché finalement les 54 %, alors que les prévisions s’établissaient à environ 26 % sur l’année.

Depuis le début de cette année, l’inflation a recommencé à grimper. Les prix des biens et services prennent l’ascenseur au moment où le pouvoir d’achat continue à baisser. Les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS) indiquent que l’inflation de la semaine du 8 au 13 janvier était alimentée principalement par la hausse des prix de certains produits de grande consommation : laits et produits laitiers, poissons surgelés et fumés, viandes, huiles végétales importées, vêtements, appareils électroménagers et produits pharmaceutiques. En cumul, l’inflation se situe déjà à 0,575 % à Kinshasa. En glissement annuel, elle atteint déjà les 49,62 % dans la capitale.

Une prévision devenue obsolète

Face à cette nouvelle pression sur la monnaie nationale, des voix s’élèvent déjà pour remettre en question la prévision du taux d’inflation fin période de 28,5 %. Ce chiffre est repris dans la loi financière 2018 votée au parlement et promulguée par le président de la République. Il est clair que cette prévision devient purement et simplement obsolète. Au contraire, l’on note aujourd’hui une accélération inquiétante du rythme de formation des prix intérieurs, note l’INS. Malgré tout, le gouvernement de la République compte toujours sur une nette amélioration du comportement du marché de change depuis le second semestre 2017. La tendance pourrait bien se poursuivre cette année, grâce aux mesures d’ajustement structurel et de resserrement monétaire.

La BCC optimiste sur les perspectives

Sans surprise, la BCC a décidé de jouer à l’apaisement en maintenant le dispositif de politique monétaire de 2017. Toutefois, elle a donné quelques orientations sur la conduite qu’elle compte suivre tout au long de l'année. Ces orientations concernent l’inflation, le taux de change et le processus de « dédollarisation ». D’emblée, la BCC se dit optimiste sur les perspectives meilleures de l’économie congolaise, avec la hausse attendue des cours des matières premières, particulièrement ceux du cuivre et du cobalt qui représentent plus de 90 % des exportations congolaises.

Par ailleurs, elle maintiendra son objectif d’inflation à moyen terme de 7 %, tirant ainsi tout l’enseignement de la relative stabilité du marché de change. Il y aura une baisse de son taux directeur dans le cadre des mesures d’assouplissement des conditions monétaires. Pour rappel, en 2017, il était passé de 7 à 20 % pour faciliter la régulation courante de liquidité. Il s’agit donc d’une réduction de moitié qui vise à rétablir le potentiel de relance de la croissance par l’accélération de l’investissement et de l’activité des entreprises.

Laurent Essolomwa

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