Pression sur le système financier : l’Est gronde

Samedi 22 Avril 2017 - 16:39

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Mercredi restera une journée mémorable pour les habitants de Goma, au Nord-Kivu, qui ont décidé d’exprimer leur colère en organisant un sit-in devant le siège local de la Banque centrale du Congo (BCC). Au départ, il s’agissait d’un mouvement organisé par l’organisation citoyenne Lucha dont 17 membres sont interpellés à l'heure actuelle. Toutefois, cette colère confirme le ras-le bol des Gomatraciens sur la dégradation de leur système financier et surtout le risque de plus en plus important qui pèse sur l’épargne populaire.

À l’origine, le mouvement visait à dénoncer « la complaisance de la BCC dans la faillite d’une banque et d’institutions de micro-finance de la province ». Actuellement, les institutions du système financier décentralisé opèrent essentiellement à Kinshasa, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Les trois provinces regroupent environ 73 % des institutions agréées et 93 % du total bilantaire de l’ensemble du secteur de la micro-finance depuis 2014. Dès lors, l’on comprend l’intérêt de porter une attention particulière sur l'évolution de la situation financière de Goma, une ville stratégique dans le dispositif financier du pays.

En termes d’acquis, la BCC a été contrainte de mener une opération d’assainissement en fermant certaines grandes coopératives qui ne respectent pas les normes prudentielles. Beaucoup d’analystes financiers ont adhéré à l’analyse de l’autorité monétaire en appuyant totalement le contrôle rigoureux du secteur pour empêcher que l’argent se retrouve entre les mains des promoteurs véreux. Certaines mesures de la BCC ont concerné particulièrement le renforcement de la gouvernance lors de l’agrément dans le secteur financier. C’est d'ailleurs le grand problème du secteur financier à l’intérieur du pays et même à Kinshasa où certaines banques fonctionnent actuellement sous la tutelle administrative de la BCC. Par rapport aux institutions de micro-finance de manière spécifique, il s’est posé le défi de leur exiger d’augmenter leur capital minimum. Quant aux coopératives d’épargne et de crédit plus actives dans les trois provinces précitées, il y a eu des mesures urgentes visant le renforcement de la qualité des administrateurs et la mise en place des filets de protection tels l’assurance dépôt. Par ailleurs, la BCC a renforcé les mesures d’agrément et la surveillance des institutions financières.

Goma a manifesté une fois de plus sa colère face à l’incertitude. Les enjeux sont énormes car cette province compte les opérateurs économiques parmi les plus actifs du pays. L’on y compte également un nombre important de PME en quête de financement pour s’agrandir, même si beaucoup parmi elles évoluent en dehors du cadre formel. Par ailleurs, la menace sécuritaire contribue déjà à plomber les activités financières sur l’étendue du territoire de la province. Avec la menace financière, c'est le risque qui augmente dans la province et complique davantage l'accès au crédit auprès des institutions financières du pays. D'aucuns jugent utiles d'organiser des journées de réflexion sur les solutions durables de sécurisation de l'épargne populaire dans l'Est du pays.     

Laurent Essolomwa

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