Primature de la transition : la lettre de Tshisekedi à Kabila fait jaser

Samedi 25 Février 2017 - 15:52

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Alors que la majorité soutient que cette correspondance contenant le nom du candidat Premier ministre désigné par le Rassemblement en vue de sa nomination  n’a jamais été réceptionnée par les services de la présidence, la médiation dit le contraire.    

La chronique politique reste toujours dominée par le choix du candidat Premier ministre censé être nommé par le chef de l’État conformément à l’accord de la Saint)-Sylvestre. Tout paraît bloqué à l’heure qu’il est sur fond d’interprétation du point III.3.3 dudit accord qui stipule que « le Rassemblement présente un candidat Premier ministre pour nomination par ordonnance du chef de l’État ». Pour la majorité qui tient à ce que le pouvoir discrétionnaire du président de la République soit appliqué dans cette disposition conformément à la Constitution, le Rassemblement est astreint à présenter trois noms parmi lesquels le chef de l’État choisira un pour nomination. Un scénario que refuse d’admettre le Rassemblement qui tient à ne présenter qu’un seul candidat tel que stipulé dans l’accord de la Saint-Sylvestre.     

Alors que la tendance est au durcissement des positions des uns et des autres, une nouvelle donne s’est invitée au débat. Il s’agit d’une correspondance qu’Étienne Tshisekedi, en sa qualité de président du Comité des sages du Rassemblement, aurait adressée peu avant sa mort à Bruxelles à Joseph Kabila et dans laquelle il aurait mentionné le nom du Premier ministre désigné consensuellement par la plate-forme. Cette correspondance est curieusement aujourd’hui au centre d’une vive controverse. À-t-elle vraiment existé ? Ou est-ce seulement une façon pour le Rassemblement de forcer la main au président de la République en le mettant devant un fait accompli ? Des sons discordants se font d’ores et déjà entendre sur l'existence de cette lettre contenant le nom du candidat Premier ministre choisi par le Rassemblement.

Là-dessus, Pierre Lumbi, cadre du Rassemblement, et les évêques catholiques qui ont fait à ce sujet deux communications séparées, ont confirmé l’existence de la lettre qui désignait Félix Tshisekedi comme le candidat du consensus au niveau du Rassemblement. « Le 17 janvier 2017, l’abbé Théo Tshilumbu alors secrétaire particulier de Tshisekedi et Pierre Lumbi, cadre du Rassemblement de l’opposition, ont déposé au bureau de la médiation de la Cénco une lettre provenant d’Étienne Tshisekedi destinée au chef de l’État », allègue la facilitation dans sa mise au point. Et d’ajouter : « Les porteurs de cette missive ont donné avec insistance trois conditions pour sa remise à qui de droit : la stricte discrétion, attendre le moment opportun - c’est-à-dire si toutes les négociations entre le Rassemblement et la majorité présidentielle n’aboutissent pas - et la remise en mains propres au destinataire».

Après plusieurs atermoiements, les évêques catholiques ont finalement remis la fameuse lettre le 20 février au chef de l’État qui n’a pas daigné la recevoir pour des raisons de procédure, à l’en croire. Pour Joseph Kabila, c’est au futur président du conseil des sages du Rassemblement à qui revient le droit de lui présenter non pas un seul nom mais la liste des candidats désignés pour accéder à la primature. D’après la Cénco, le président de la République aurait souhaité avoir un contact direct avec le successeur de Tshisekedi à la tête du Rassemblement.  

Du côté de la majorité, on continue de soutenir mordicus que cette fameuse lettre n’a jamais atterrie sur la table du président de la République. « Le président Kabila attend seulement les trois noms des candidats pour nommer un Premier ministre dans les rangs du Rassemblement », ressasse son secrétaire général Aubin Minaku. « Et même si cette lettre existait réellement, son authenticité constituerait par ailleurs un élément à controverse dès lors que son auteur n’est plus de ce monde », commente un autre cadre de la majorité. À tout prendre, le statu quo persiste. Chacun des deux camps campe sur sa position. Entre-temps, le timing fixé pour l’organisation de plus en plus hypothétique des élections (décembre 2017), s’égrène au grand dam de la population dont les intérêts ne comptent que pour du beurre dans un contexte politique marqué par les luttes de positionnement.  

Alain Diasso

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