Prise en charge médicale du juge Jacques Mbuyi Lukasu : l’IRDH contredit le ministre Lambert Mende

Lundi 11 Juin 2018 - 15:00

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L'association de défense des droits de l'homme a révélé que tous les frais médicaux en faveur du magistrat congolais ont été couverts par ses partenaires financiers et des personnes de bonne foi et non par le gouvernement, comme l'a allégué son porte-parole.

L’Institut de recherche en droits humains (IRDH) a réagi contre les affirmations faites par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, selon lesquelles « le gouvernement de la RDC avait payé pour l’évacuation du juge Jacques Mbuyi Kalubi, dans un avion médicalisé, vers l’Afrique du Sud où il a été soigné pendant près d’une année ». Dans un communiqué publié le week-end dernier à partir de Lubumbashi, dans le Katanga, et signé de son directeur Me Hubert Tshisuaka Masoka, l'IRDH contredit les affirmations du ministre congolais et note, en effet, que ces frais médicaux étaient plutôt couverts par les partenaires financiers de cette association et des personnes de bonne foi. « Il est du devoir de transparence de relever, à la bonne attention de l’opinion publique, que les partenaires financiers de l’IRDH et des personnes de bonne foi avaient couvert les factures relatives aux transport à bord d’un avion médicalisé, soins intensifs, hospitalisation, évacuation, logement et séjour de la famille, ainsi que la scolarisation et le transport terrestre des enfants du juge Mbuyi, en République sud-africaine », a précisé cette organisation.

Face à ces réalités, l’IRDH a dit « informer le gouvernement que les propos du ministre Mende sont erronés ». Par ailleurs, tout en dénonçant toute tentative de récupération politique de l’action humanitaire des donateurs de qui elle attend encore une contribution de plus de 40% restant à payer sur la facture globale des frais médicaux au bénéfice de ce juge, l’association recommande aux autorités compétentes d’investiguer les affirmations faisant état du décaissement des fonds publics pour sa prise en charge. Selon l'IRDH, en effet, les affirmations du porte-parole du gouvernement sont contenues dans une interview du 7 juin, à la télévision "France 24".

Notons que dans son bulletin électronique du 4 juin, l’IRDH se réjouissait de l’amélioration de l’état de santé du juge Jacques Mbuyi qui, après cinq mois de soins intensifs dans l’inconscience, à Johannesburg, et près de six autres mois d’isolement, se portait bien à présent, même s’il a perdu l'usage effectif de sa jambe droite.

L'association rappelait, en effet, que le magistrat avait été évacué en Afrique du Sud pour des soins, après l’attaque dont il avait été victime l’année dernière. Sur place, il a connu des opérations chirurgicales extrêmement délicates, notamment l’élimination d’une partie de l'intestin grêle et du rectum, la colostomie temporaire (un transit intestinal vers un appareillage spécifique extérieur), des greffes des muscles de l’abdomen et des fessiers, le nettoyage général du sang par des transfusions à répétition dues à une grave septicémie (infection générale du sang causée par des balles empoissonnées), des multiples séances de dialyse ainsi que des soins des grosses plaies causées par l’explosion des balles à leurs sorties du corps.
Dans ce document, l’IRDH avait fait savoir qu’à sa sortie d’hôpital, le juge Jacques Mbuyi avait affirmé que ses assaillants disaient avoir reçu la mission de le tuer d’une haute personnalité politique directement intéressée par l’affaire en appel dans sa chambre, au Tribunal de grande instance de Lubumbashi, opposant Emmanuouïl Alexandros Stoupis à Moïse Katumbi Chapwe. Pour l’IRDH, le juge Mbuyi croit donc que la tentative de son assassinat est liée à son refus d’obtempérer à un ordre manifestement illégal de « lire un jugement préétabli confirmant, en appel, une décision judiciaire » condamnant Moïse Katumbi, sans qu’il dise le droit.

 

Lucien Dianzenza

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