Procès Gbagbo : la CPI ouvre une enquête après la diffusion par erreur des témoins protégés

Lundi 8 Février 2016 - 16:30

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La Cour pénale internationale (CPI) de la Haye va enquêter sur la divulgation par erreur des noms d’au moins quatre témoins protégés au procès de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo.

L’incident est intervenu le 5 février au cours d’une session à huis clos où les noms d’au moins quatre témoins protégés ont été dévoilés par inadvertance au terme des audiences.

L’irréparable est arrivé lorsque le procureur Eric MacDonald ordonne le huis clos. Croyant être dans le secret du tribunal, il évoque aussitôt les témoins par leur numéro et livre leurs identités. Il s’agit de trois anciens généraux des Forces de défense et de sécurité et d’une personnalité politique.

« Cet incident va faire l’objet d’une enquête », a déclaré une responsable du tribunal, Sonia Robla, pendant ce temps, la CPI surveille les réseaux sociaux pour des raisons de sécurité liées à l’identité des témoins. Ces derniers redoutent des représailles et la CPI tente de cacher leurs identités.

En Côte d’Ivoire, la portée de cet incident a été minimisée par les deux camps.

« Tôt ou tard, les témoins seront connus », a dit Joël N’Guessan, porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), le parti au pouvoir. Il a assuré que, « la sécurité de ces témoins sera garantie, et que tout sera mis en œuvre pour que ces gens-là puissent dire la vérité ».

Par ailleurs, le porte-parole des membres du Front populaire ivoirien (FPI), Koné Boubacar, qui est également resté prudent a déclaré : « Beaucoup d’observateurs ont le sentiment d’une manipulation, qu’on masque la vérité mais celle-ci sera mise au jour par ce type d’incident ».

On signale que cet incident n’est pas le premier au procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à l’ex-président ivoirien. Deux jours avant, le premier témoin de l’accusation avait accidentellement dévoilé son nom alors qu’il racontait comment les forces loyales à Laurent Gbagbo avaient ouvert le feu sur des manifestants non armés.

La divulgation des noms des témoins aura-t-elle un impact sur la suite du procès ? Et l’enquête ouverte par la Cour pénale Internationale pourrait-elle aboutir ?

Rappelons que, depuis sa création, en 2002, la Cour pénale internationale (CPI) a été amenée à étudier des dizaines de cas présumés de crimes de génocide, crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Mais alors que ces cas concernaient des situations à travers le monde entier, les neuf procédures d’enquête lancées à ce jour l’ont toutes été en Afrique : Ouganda, République démocratique du Congo (RDC), Soudan, etc.

Yvette Reine Nzaba

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