Processus électoral : Léon Kengo wa Dondo veut des scrutins inclusifs

Mardi 21 Août 2018 - 19:00

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Le président du Sénat, longtemps connu pour sa discrétion, est finalement sorti de son mutisme pour commenter, le 20 août, l’actualité politique de son pays au cours d’une interview sur Radio France internationale (RFI).

Le président du Sénat en RDC: «Je suis pour que Katumbi rentre et se présente»Le président du Sénat a donné, via l'entretien accordé à RFI, sa position sur divers sujets qui, actuellement, sont au cœur de la chronique politique dont la renonciation par Joseph Kabila à briguer un mandat supplémentaire.

Pour Léon Kengo wa Dondo, le geste posé par le chef de l'Etat ne peut surprendre outre mesure étant entendu qu’il procède du respect de la Constitution. Tout en saluant cette décision, il s’est cependant montré quelque peu dubitatif sur la désignation de Ramazani Shadary comme son potentiel successeur. « Je ne me suis pas appesanti sur son profil. Il ne vient pas en orphelin à cette élection, il a un père, Joseph Kabila, qui l’a présenté, qui va le soutenir », a-t-il réagi. 

Des propos qui trahissent, selon maints analystes, l’embarras du président du Sénat, par ailleurs membre du Front commun pour le Congo nation, à soutenir un candidat qui, vraisemblablement, ne semble pas le convaincre. « L’élection, c’est un nom devant son peuple. Même si le président l’a désigné, ça peut ne pas aller », a-t-il asséné, tout en n’écartant pas un scenario à à la Medvedev-Poutine qui pourrait avoir motivé ce choix. Un scenario qu’il juge crédible. « Le président est le garant de la Constitution. Il a respecté cette Constitution, personne ne peut émettre de critiques. Analysons tout : il fait passer Ramazani, Ramazani peut être élu une fois, lui peut revenir. Moi, je crois qu’il a bien joué. S’il revient après, il peut rester autant qu’il veut », s'en est-il expliqué.  

Au journaliste qui cherchait à lui tirer le ver du nez afin de connaître sur quel candidat il jetait son dévolu pour la présidentielle de décembre, Léon Kengo wa Dondo est resté évasif. « J’attends que la Commission électorale [Céni] présente la liste des candidats à l’élection présidentielle. Je ferai mon choix. Je l’ai fait déjà une fois », a-t-il déclaré. Le soutien au candidat du FCC n’est pas automatique ni systématique. Quoique signataire de la Charte de cette plate-forme qui impose à ses membres de soutenir son candidat à la présidentielle, le président du Sénat préfère garder ses distances en faisant valoir son indépendance d’esprit. « Cette charte ne veut pas dire que l’on doit soutenir obligatoirement Shadary. On a aussi le droit de regard. Je suis libre », a-t-il lancé.

Se gardant d’avancer un quelconque nom du candidat qui bénéficiera éventuellement de son soutien, l’invité Afrique de RFI a plaidé pour l’inclusivité des élections, tout en appelant au retour de Moïse Katumbi qui n’a hélas pu déposer sa candidature dans les délais. « On doit faire en sorte que tous ceux qui veulent se présenter se présentent. Je suis pour que Moïse Katumbi rentre et se présente. Et il n’est pas dit, parce qu’il se présente, qu’il sera élu. On doit donner à tout le monde les mêmes cartes de manière à ce qu’on ne critique pas qu’on a exclu l’un ou l’autre. L’exclure, c’est avoir peur qu’il se présente et qu’il puisse être élu. Il vaut mieux qu’il se présente. S’il n’est pas élu, il baissera ses prétentions. Et s’il est élu, c’est très bien, il est le fils du pays », a déclaré Léon Kengo wa Dondo.

Un point de vue aux antipodes de celui du gouvernement qui considère l’ex-gouverneur du Katanga, condamné à trois ans de prison, comme persona non grata. Le président du Sénat a relativisé la décision gouvernementale : « Oui, mais maintenant nous sommes au début des élections. Mon souhait le plus clair, c’est que tout le monde se présente. Et comme il a été condamné, qu’il demande au président de pouvoir l’amnistier. La seule possibilité qu’il ait, c’est de bénéficier de l’amnistie, comme ce que l’on poursuit sont des faits politiques ».

Abordant la problématique d’une candidature commune de l'opposition, il l’a exhortée à s’y plier car dans son entendement, c’est la seule alternative pour elle de gagner les élections. « Si l’opposition veut sortir gagnante, ils doivent se mettre tous ensemble. S’ils ne le font pas, je doute qu’ils gagnent », a-t-il conseillé.

Alain Diasso

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