Processus électoral : pas d’élections en décembre 2017

Samedi 8 Juillet 2017 - 17:52

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Invité au siège de l’organisation Internationale de la Francophonie à Paris le 7 juillet, Corneille Naanga a déclaré sans tergiverser qu’il lui était impossible d’organiser les élections avant la fin de l’année 2017.

On le disait déjà des bouts de lèvres. La perspective d’organiser les élections présidentielle et législatives conformément à l’accord signé le 31 décembre 2016 relevait du domaine de l'impossible. Tous les esprits avertis étaient unanimes à reconnaître le côté aléatoire de cette échéance qui procédait plus de l’illusion politique que de la réalité vraie.

Cette fois-ci, la Céni, après avoir longtemps maintenu le suspense sur cette question, a finalement décidé d’ôter ses masques pour évoluer à découvert disant les choses telles qu’elles sont. De passage à Paris, le président de la Céni a déclaré au cours d’un point de presse tenu le 7 juillet à l’issue d'une réunion sur le processus électoral en RDC organisée au siège parisien de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qu’il n’était pas possible d’organiser les élections avant la fin de l’année.

Pour une première fois, Corneille Naanga n’a pas usé de circonlocutions ni de langage ambigu pour déclarer la non-tenue des élections d’ici décembre. Dans les conditions fixées par l'accord signé le 31 décembre 2016 qui prévoyait que les élections présidentielle, législatives et locales soient organisées simultanément au plus tard en décembre 2017, il ne sera donc pas possible de tenir ce pari, a-t-il indiqué. Le patron de la Centrale électorale a évoqué la situation sécuritaire précaire dans la région du Kasaï et dans plusieurs provinces du pays, comme une des raisons ayant justifié ce report.

En effet, les violences qui frappent de plein fouet le centre du pays et ailleurs, notamment la partie Est toujours en proie à l’activisme des groupes armés, ne sont pas de nature à favoriser le déroulement des activités préélectorales. Corneille Naanga espère que très bientôt la sécurité sera rétablie au Kasaï central et dans les environs pour permettre à son institution d’être opérationnelle dans cette partie du pays. Il projette d’ailleurs lancer les opérations d‘enrôlement pour les électeurs du Kasaï avant le mois d’août.

Pour en revenir au report des élections, le président de la Céni s’en remet à l’article IV.2 de l’accord de la Saint-Sylvestre qui dispose que dans l'hypothèse de la non- tenue des scrutins au plus tard en décembre 2017, le Conseil national de suivi de l'accord et du processus électoral (CNSA), le gouvernement et la Céni peuvent unanimement apprécier le temps nécessaire pour le parachèvement desdites élections. Il s’agit ici de maintenir la dynamique électorale déjà en branle avec le processus d’identification des électeurs qui poursuit son bonhomme de chemin. Autrement dit, les trois organes précités vont se mettre ensemble pour évaluer objectivement le travail qui a été fait et fixer les différents délais « nécessaires avant ces scrutins ». Les trois organes sont, en effet, les trois habilités à prendre une décision d’extension du processus électoral qui pourrait vraisemblablement aller jusqu’au mois d’avril 2018 ou même au début de janvier 2019, selon les estimations les plus pessimistes.

Pour la Céni, il n’y a pas lieu de s’agiter étant entendu que l’institution maintient le cap pour avoir déjà enrôlé à ce jour plus de 31 millions d’électeurs, soit environ 78% du total attendu. « Nous travaillons de toutes nos forces pour parvenir à l'organisation de ces élections, qui sont voulues par le peuple congolais », a tenu à rassurer Corneille Naanga. Entre-temps, les partenaires occidentaux continuent à faire pression en exigeant à Kinshasa la publication d'un « calendrier électoral officiel et consensuel pour l'organisation des élections ». Ce qui tarde encore à venir.

Par ailleurs, cette déclaration de Corneille a entraîné une levée de boucliers dans les milieux politiques de l‘opposition où l’on estime que cela découle incontestablement de la mauvaise foi du pouvoir en place et de tous ses acteurs institutionnels commis à l’organisation des élections. « Il s’agit manifestement d’un schéma préétabli destiné à empêcher et à priver définitivement le peuple congolais de son droit le plus légitime d’élire ses dirigeants », a pour sa part déclaré le président de l’Union démocratique africaine originelle, Claudel Lubaya, dans une déclaration rendue publique le 8 juillet. Il a rejeté ladite déclaration susceptible, à ses yeux, de «plonger le pays dans une situation «aux conséquences incalculables ». Et d’ajouter que cette déclaration « faite en dehors du pays et sans évaluation préalable avec toutes les parties prenantes à l’accord du 31 décembre 2016 »  n’engage que son auteur.         

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Corneille Naanga

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