Projet Bukanga Lonzo : la Licoco revèle les dessous des cartes

Samedi 9 Décembre 2017 - 17:14

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La Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco) suggère à la Justice d’ouvrir des actions judiciaires contre les responsables politiques qui ont favorisé la mauvaise gestion du parc agro-industriel.

Info Congo - Actualité Congo -  - -Projet Bukanga Lonzo : un rapport de la Licoco dénonce l’opacité dans la gestion des fondsLancé avec pompe en février 2014, le projet Bukanga Lonzo, ce parc agro industriel basé dans la province de Kwango créé dans le but de combattre l'insécurité alimentaire qui gangrène la RDC, s’est avéré à la  fin une arnaque. Actuellement, le projet est presque à l'arrêt. Plusieurs dépôts relais où étaient censés être stockés les produits en provenance de l’usine, notamment à Kinshasa, ont fermé. Les produits de Bukanga Lonzo sont quasi inexistants et les Congolais continuent à mourir de faim alors qu’on leur avait promis monts et merveilles au lancement de ce parc. De quoi révolter de nombreux esprits lorsqu’on considère la hauteur de la manne financière ayant servi à matérialiser ce projet social. Les services du ministère des Finances, qui ont enquêté là-dessus, ont fini par découvrir le pot-au-rose qui se résume à la dilapidation des fonds alloués au projet par ceux qui en avaient la charge de le matérialiser.

Évaluant ledit projet, la Licoco ne pouvait que se servir du rapport d’audit du ministère des Finances pour enrichir sa base de données. Les grands traits du document produit par les experts du ministère des Finances se retrouvent dans le rapport de l'ONG publié le  9 décembre. La Licoco confirme la main basse faite sur les fonds alloués au projet avec, en toile de fond, le comportement peu orthodoxe dans l’engagement de certaines dépenses.

Citant le rapport d’audit précité, l’ONG déplore le fait qu’au cours de la mission d’audit, les experts du ministère des Finances ont constaté le non-respect des échéances légales et réglementaire dans la production et la publication des états financiers. Ce qui révèle l’opacité dans le contrat conclu entre le gouvernement congolais et son partenaire attitré dans l’exécution du projet, en l’occurrence Africom Commodities Ltd, une entreprise sud-africaine. Cette dernière, indique-t-on, n’a pas préparé les états financiers du projet conformément à un référentiel comptable Ohada. Et d’ajouter qu’aucune preuve de paiement de fonds perçus par les prestataires pour un total de 21 155 100 dollars n’a été brandie à l'intention des enquêteurs du ministère des Finances.  

Bien plus, à en croire la Licoco, certaines dépenses engagées pour le compte du projet sont simplement fantaisistes et il y a de quoi s’interroger sur leur traçabilité. Ces dépenses se rapportent, entre autres, "aux paiements en faveur des institutions de la RDC (628 788 USD et 680 222 408 FC), au paiement en faveur du projet Parc non reconnu par Africom Commodities Ltd en raison de 45 000 USD et 754 000 330 FC), au paiement en faveur des sociétés publiques (126 300 324 FC), etc". La liste est loin d’être exhaustive. Il a aussi été relevé l’existence des paiements effectués directement à des tiers pour un montant global de 52 850 USD et 90 854 000 FC.  

Autre grief, le flou entretenu atour du montant initial de 92 293 337 USD débloqué par le gouvernement pour la construction de l’usine, l’aménagement du site et d’autres travaux d’accès au site. Tous ces travaux, à en croire la Licoco, ont été confiés aux entreprises sœurs d’Africom Commodities sans appel d’offres de mise en concurrence, suscitant des soupçons de conflits d’intérêts. L’ONG soupçonne, par ailleurs, que les autorités congolaises auraient des intérêts particuliers dans ce projet au regard du mystère qui couvre l’identité des actionnaires réels des sociétés partenaires d’Africom Commodities. Elle ajoute que le contrat signé de gré à gré pour un montant global de cent cinquante millions USD avec, à la clé, l’allocation d’un espace de plus de 70 000 hectares viole la loi sur la passation des marchés en RDC. En ce qui concerne les recommandations, la Licoco propose l’interpellation de certaines autorités politiques soupçonnées d’être impliquées dans la dilapidation des fonds. L’ONG demande au Parlement de diligenter une mission de contrôle sur la gestion de ce projet et interpeller les autorités politiques et administratives qui l’ont géré.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

L'opacité dans la gestion des fonds énerve la Licoco

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