Opinion

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A propos des « fake news »

Samedi 27 Janvier 2018 - 18:30

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Les réseaux sociaux se multipliant de façon anarchique sur les cinq continents en raison du développement aussi puissant qu’incontrôlé des liaisons électroniques qui abolissent l’espace et le temps, l’explosion de ce que l’on appelle les « fake news » n’a rien de surprenant. Mais alors que l’on refusait jusqu’à présent de reconnaître l’ampleur de la désinformation que ce trafic intense de fausses nouvelles génère inévitablement, l’heure semble venue pour les Etats de regarder la vérité en face comme en témoignent les prises de position pour le moins musclées d’hommes d’Etat que cette dérive inquiète.

Tout le monde en conviendra, cette prise de conscience est une bonne, très bonne chose. Pour au moins deux raisons qui n’épuisent certainement pas le sujet, mais que l’on peut résumer en quelques mots de la façon suivante.

Première raison : personne, où qu’il se situe dans la société, ne peut plus échapper aux agressions écrites, visuelles et verbales relayées de mille et une façons sur le web par des hommes et des femmes, des lobbies et des groupes de pression, des services de renseignement et des agents secrets dans le seul but soit de nuire à leur prochain, soit de défendre leur propre intérêt. Qu’il soit puissant ou misérable, riche ou pauvre, éduqué ou inculte, croyant ou non croyant, honnête ou malhonnête, aucun humain ne peut plus se protéger contre les « fake news » tant est rapide, universel, leur mode de transmission et l’on voit mal comment, dans le proche avenir, il sera possible de lutter contre elles dans le cadre de l’Etat de droit censé nous protéger. Difficile à supporter pour ceux et celles, de plus en plus nombreux, qui en sont victimes, la déformation de la vérité présente malgré tout, si l’on y réfléchit bien, un avantage majeur : celui de décrédibiliser par avance les rumeurs, les insinuations, les mensonges que véhicule le web sans le moindre contrôle; il suffit pour s’en convaincre de considérer le scepticisme qui gagne ceux-là même qui, jusqu’à très récemment, prenaient pour argent comptant les « nouvelles » diffusées sur les réseaux sociaux.

Deuxième raison : l’explosion des « fake news » a ceci d’utile, de très utile, qu’elle redonne aux professionnels de l’information une crédibilité que la multiplication des réseaux sociaux et l’expansion des fausses nouvelles qui l’accompagne semblait condamner à plus ou moins brève échéance. Constatant que les nouvelles véhiculées sur le « net » sont de moins en moins conformes à la réalité et de plus en plus souvent manipulées, leurs destinataires en viennent à prendre du recul par rapport à ce qui est dit ou écrit par des individus dépourvus de toute légitimité professionnelle. Ce qui a pour résultat  de rendre à nouveau les médias traditionnels – presse écrite, radios, télévisions -  sinon incontournables pour le grand public, du moins indispensables pour ceux et celles qui ont besoin d’informations fiables dans leur vie personnelle et professionnelle. Menées dans de nombreux pays, les enquêtes sur le sujet révèlent, en effet, que le métier de journaliste, même s’il n’est pas exempt  de défauts, redevient un critère de crédibilité dans la recherche et la diffusion de l’actualité. Face à la vague déferlante des « fake news »  dans le monde entier, le professionnalisme est, semble-t-il,  un atout auquel les citoyens accordent de plus en plus d’attention.

Ajoutons pour conclure, et parce que cette réalité nous concerne très directement, que l’amélioration constante des techniques de la communication permet aux médias comme les nôtres – Agence d’Information d’Afrique Centrale, Dépêches de Brazzaville, Courrier de Kinshasa, Emergence Tombwa – d’être accessibles par voie électronique sur les cinq continents dans le même temps où ils sont diffusés dans les deux Congo dans leur version imprimée.

Loin d’être un handicap  pour les médias classiques, l’abolition de l’espace et du temps que permet le « web » constitue en réalité la meilleure réponse que la société puisse apporter à l’explosion des « fake news ». Nous devrions logiquement en tirer, nous journalistes, de grands avantages à brève échéance.

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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