Protestation contre la machine à voter : des manifestations de la Lucha sévèrement réprimées

Lundi 3 Septembre 2018 - 16:45

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Plusieurs militants du mouvement citoyen ont été arrêtés, le 3 septembre, aussi bien à Kinshasa qu'à l'intérieur du pays, alors qu'ils entendaient organiser des marches pour dénoncer l'outil informatique devant être utilisé pendant les prochaines élections de décembre. 

Les militants de la Lucha interpellés par la ¨Police à Kinshasa

Matinée mouvementée à Kinshasa, le 3 septembre, précisément au centre-ville qui a été pris d’assaut, aux premières heures, par des jeunes militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha). Ces derniers, munis des banderoles et autres affiches portant des mentions hostiles au pouvoir et surtout à la machine à voter, à grand renfort des slogans antipatriotiques et démobilisateurs, ont investi le rond-point Kin Mazière d’où devrait partir leur marche. Ils ont, pour ainsi dire, tenu promesse après avoir ameuté l’opinion des semaines entières sur l’organisation de cette manifestation. Depuis le 21 août, des appels à la mobilisation générale autour de cette marche se sont succédé avec le concours des réseaux sociaux où la Lucha est omniprésente.

Ces jeunes gens hystériques, environ une trentaine, entendaient ainsi manifester contre le recours par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de la machine à voter lors des élections du 23 décembre prochain. La Lucha autant qu’une bonne frange de l’opposition et de la société civile redoutent le fait que cette machine ne balise la voie au triomphe électoral du candidat de la mouvance présidentielle en cautionnant une tricherie à grande échelle et suffisamment planifiée. De Kin Mazière, les manifestants ont mis le cap vers le siège de la Céni, sur le boulevard du 30 juin, où ils espéraient déposer leur mémorandum. C’était sans compter avec les éléments de la police déployés sur ce périmètre et qui suivaient à la loupe tous les faits et gestes des manifestants. Dès lors qu’ils ont commencé à déraper en prenant du volume dans un milieu aussi stratégique, ils ont été empêchés dans leur progression.

C’est à quelques encablures du siège de la Céni que les activistes ont été arrêtés par les forces de l’ordre. Près de vingt manifestants, parmi lesquels cinq filles, ont été embarqués dans les jeeps de la police ayant fait irruption sur les lieux et conduits au camp Lufungula, pendant que d’autres ont été carrément acheminés au commissariat provincial de la police où ils ont été placés en garde à vue. Après une détention de près d’une heure, les activistes arrêtés ont subi un interrogatoire serré sur les vraies motivations de leur marche, du reste non autorisée par l’autorité urbaine, à en croire le général Sylvano Kasongo. « Nous leur avons prodigué des conseils avant de les libérer. Ce sont des jeunes gens qui troublaient seulement l'ordre public », a précisé le commissaire de la police/ville de Kinshasa. Après leur relâchement, les incriminés ont été escortés par une jeep de la police jusqu’à leur lieux d’habitation.

Si à Kinshasa, les choses se sont passées relativement bien sans anicroches, tel n’est pas forcément le cas ailleurs dans l’arrière-pays où des marches similaires ont été organisées. C’est notamment le cas de Mbandaka (le chef-lieu de la province de l’Equateur), où plusieurs arrestations ont été enregistrées. Selon la Lucha, dix-huit de ses militants ont été arrêtés alors que la marche à été réprimée. A Goma, dans l’est du pays, la police a empêché la marche et procédé à des arrestations. Il est fait état, lors de ces échauffourées, d’au moins cinq blessés graves qui ont immédiatement été admis à l’hôpital Heal Africa. A Kananga, le maire de la ville avait carrément interdit la marche pour prévenir d’éventuels troubles. Malgré cela, quelques téméraires ont cependant marché, s’exposant aux interpellations de la police.  

Nonobstant la pression de l’opposition et de la société civile par l’entremise des mouvements citoyens, la Céni continue de se montrer inflexible quant à l'utilisation de la machine à voter. Un nouveau lot de ces appareils est attendu dans le pays, du 9 au 12 septembre, en provenance de Séoul (Corée du Sud) où séjourne actuellement le président de la Céni, Corneille Nangaa, censé coordonner l’expédition de soixante-dix mille pièces déjà produites.  Deux autres livraisons sont prévues du 18 au 23 septembre et le 6 octobre, d’après la Centrale électorale.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des manifestants de la Lucha arrêtés par la police à Kinshasa

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