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Quand la piraterie ronge les artistes-musiciens

Mardi 22 Avril 2014 - 0:04

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Il suffit de faire la ronde de quelques marchés de nos villes pour le constater. Citons, par exemple, le grand-marché à Pointe-Noire, où les œuvres musicales et autres œuvres théâtrales sont gravées et dupliquées sans gêne aucune au su et au vu de tous. Ces jeunes gens duplicateurs ou pirates ont des discothèques de fortune au sein desquelles se passent toutes les opérations de la contrefaçon avec des appareils de gravure de cassettes, CD, DVD et autres supports audiovisuels comme des clés USB, sans qu’ils soient inquiétés.

Cette pratique qui met à mal l’artiste-musicien du fait qu’il est difficile pour lui d’écouler son œuvre originale devient une vraie source de revenus pour ces falsificateurs des œuvres de l’esprit des autres. Un produit qui devrait coûter 5 000 FCFA voire 10 000 FCFA est vendu 500 FCFA et même 300 FCFA par des pirates. Véritable interpellation d’une part des structures en charge de la protection des œuvres des artistes-musiciens et d’autre part de la population qui devrait aider les artistes-musiciens dans leur combat en refusant d’acheter ces produits musicaux piratés qui sont d’une qualité douteuse.

Cette question devenant une épine dans le pied de tous les défenseurs des œuvres musicales, il avait été organisé en 2004 à Brazzaville, sous l’égide de l’ancien commissaire général du Fespam, un séminaire-atelier pour imaginer des pistes de solution pour combattre ce phénomène. Mais la question que l’on se pose est de savoir si les suggestions sorties dudit séminaire sont encore d’actualité ou si elles ont trouvé une lenteur dans leur application, le grincement de dents des artistes-musiciens ne s’arrêtant pas. Pendant ce séminaire, il a été évoqué haut et fort les conséquences du phénomène de la piraterie des œuvres musicales, à savoir la spoliation de l’artiste, la fragilisation des circuits de distribution et la disparition des métiers de producteur, de distributeur et autres.

Et entre autres solutions arrêtées pour minimiser le problème, la création de commissions nationales de lutte contre la piraterie dans les pays d’Afrique centrale, la promotion de l’industrie locale de fabrication et de duplication des supports audiovisuels sous licence, l’encouragement de la collaboration entre les services administratifs d’une part et les producteurs, distributeurs et les entités de lutte contre la piraterie d’autre part. Donc il y a eu à court, moyen et long terme toute une série de mesures à mettre en œuvre pour combattre avec efficacité ce fléau devenu insupportable. Et à long terme, par exemple, il était envisagé de créer une structure sous-régionale, voire continentale, sous l’égide de l’Union africaine pour lutter avec vigueur contre cette pratique. Mesures, semble-t-il, bien accueillies par les musiciens eux-mêmes, producteurs, distributeurs et même la population.

Ce phénomène de la contrefaçon musicale, disons-le sans détour, traumatise et cause un stress aux artistes-musiciens, car ils sont plutôt mal à l’aise lorsqu’ils entendent leurs œuvres jouées sur les marchés avant que celles-ci ne soient distribuées officiellement par les circuits et canaux autorisés. Car sur de nombreux points de vente populaires non autorisés existants, la plupart des produits vendus sont des faux. Et le manque à gagner des artistes-musiciens vient du fait que ces produits piratés coûtent trop souvent trois fois moins cher que les produits originaux, encore que ces produits soient d’une qualité douteuse. Car le plus souvent, il arrive qu’une cassette soit à peine audible et contienne moins de titres que le nombre indiqué sur la pochette. Et il est triste de constater que malgré ces aléas, de nombreux consommateurs continuent d’acheter ce qui est vendu par les pirates. Il faut les voir en masses « ramasser » ces impuretés qu’ils disent vendues moins cher.

Cela étant, la population est consciente que ce fléau paralyse la profession des artistes-musiciens. Il est donc urgent que musiciens, producteurs, distributeurs et vendeurs agréés, population et pouvoirs publics travaillent main dans la main pour imaginer des mesures radicales afin de combattre avec la dernière énergie ce phénomène. Pourquoi les directions départementales et la police ne descendraient-elles pas dans les marchés pour dans un premier temps saisir ces appareils de gravure ? Ne pas le faire, c’est laisser libre cours à l’amplification de ce phénomène dangereux, agaçant et paupérisant pour les artistes-musiciens.

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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