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Quand le mariage exogamique participe au renforcement de l’unité nationale !

Samedi 21 Novembre 2015 - 11:45

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Entendu par mariage exogamique : le fait que les deux conjoints d’un couple viennent des groupes ethniques différents. C’est donc l’antipode du mariage endogamique qui, lui, est une célébration des mariages intra-ethniques et linguistiques.

En effet, il ressort de nombreuses thèses des anthropologues et ethnologues qu’au Congo on dénombre près de 52 ethnies, voire plus, et toutes sont réparties de façon non proportionnelle sur toute l’étendue du territoire national.

Le constat est qu’autrefois, à cause du manque de routes, certains Congolais étaient comme contraints de puiser dans le terroir. Donc, d’avoir pour épouses que des femmes de leur ethnie. En d’autres termes, l’enclavement des villages et « régions » favorisait ce comportement. Dans la pratique, il était difficile pour un homme de la Likouala de se rendre dans le Kouilou et y contracter un mariage coutumier. Et cette réalité sociale a retardé énormément le brassage ethno-linguistique que plusieurs Congolais appellent de tous leurs vœux aujourd’hui.

Depuis une décennie, on assiste à une « révolution » occasionnée par la construction de nombreuses voies de communication et la tombée en désuétude de ces clichés coutumiers avec à la clé une nette explosion des mariages inter-tribaux ou exogamiques. Plus facile aujourd’hui pour un natif de Ntokou dans la Cuvette centrale d’avoir comme épouse une femme originaire de Kakamoeka dans le Kouilou profond.

Aujourd’hui encore, on observe de fortes migrations au niveau du pays. Des jeunes en quête d’emplois quittent leurs localités pour rejoindre des zones d’embauche, souvent celles où s’exécutent des chantiers de l’Etat. Des mois ou des années après, ils finissent par contracter des alliances et former des familles sans tenir compte des « idées reçues » ou des considérations subjectives qui entourent le mariage.

Ce sont là des célébrations des mariages exogamiques qui favorisent le brassage ethnique qui, lui-même, conduit à l’unité nationale. Vu sous cet angle, il est socialement important et encourageant de voir par exemple le jeune congolais kouyou se marier à une jeune congolaise pounou, le vili se marier avec une likouba, le tsangui à une ngaré, le moyi avec une bembé, le bomitaba avec une mboko et ainsi de suite.

De plus en plus de Congolais d’aujourd’hui sont issus de ce type de mariage « café au lait » comme on les appelait il y a peu. D’aucuns vont jusqu’à penser que le Congo de demain tiendra grâce à ses filles et fils issus de ce type de mariage même si, il est vrai, ce phénomène date et que des exemples sont légion à travers le pays. Nombre de nos acteurs politiques n’ont-ils pas pour épouses des compatriotes originaires d’autres départements ? Suivez mon regard !  

Aujourd’hui, la République c’est l’interpénétration articulée de toutes les ethnies qui composent l’armature socio-culturelle du pays. Nous ne disons pas que les mariages endogamiques seraient un mal en soi, mais nous interpellons la conscience des Congolais pour encourager les mariages exogamiques, car ils sont le socle de l’unité des fils et filles d’un même pays. 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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