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Que nous réservera l’année 2016 ?

Dimanche 27 Décembre 2015 - 12:24

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A priori, si l’on regarde la vérité en face, cette année devrait nous réserver plus de mal que de bien étant donné la montée des tensions qui secouent le Proche et le Moyen-Orient, l’Europe du Sud et de l’Est, le Sahel et l’Afrique centrale, l’Asie méridionale, bref une bonne partie de la planète Terre que l’on espérait délivrée à jamais des démons qui la hantent depuis la nuit des temps.

Les oiseaux de mauvais augure, fort nombreux, prédisent aujourd’hui que 2016  sera marquée par une amplification des conflits plus ou moins larvés qui marquent notre époque. Partant du principe que les tensions religieuses et ethniques vont s’amplifier dans les régions comme la Syrie, l’Irak ou la Libye, ils soulignent le fait que les nouvelles technologies ne cessent de renforcer l’action des mouvements extrémistes et que les grandes puissances, en dépit de leurs gesticulations, de leurs rodomontades, s’avèrent incapables de s’opposer à ces dérives. Tout naturellement ils en concluent que le pire est probable, sinon certain : le pire, c’est-à-dire une série de conflits qui finiront par dresser les « Grands » les uns contre les autres et peut-être même provoquer une déflagration générale.

Disons, avant d’aller plus loin, que ces prédictions n’ont rien d’irréaliste étant donné, d’une part, la violence qui caractérise les affrontements en cours ici et là, l’incapacité à agir efficacement dont font preuve, d’autre part, les gendarmes du monde partout où la paix se trouve menacée par l’extrémisme. L’Organisation des Nations unies, qui était censée assumer cette haute responsabilité, étant devenue au fil du temps une Tour de Babel aussi prétentieuse qu’ingérable, l’enchaînement des évènements tragiques semble, en effet, probable.

Il n’est pas impossible, cependant, que l’homme, prenant conscience de l’abîme que son inconscience ouvre sous ses pas, trouve en lui-même et soudain la force de se ressaisir. Trois considérations permettent d’avancer cette hypothèse en apparence insensée :

° La première et sans doute la plus importante résulte du fait que des voix puissantes s’élèvent ici et là, du sein même de l’espèce humaine, pour mettre celle-ci en garde contre ses propres dérives. On l’a vu lors du récent Sommet de Paris sur le climat, on l’a entendu aussi à Rome vendredi matin lorsque le Pape François a délivré son message de paix, il se produit comme un réveil général des consciences qui pourrait rapidement changer la donne au plan international.

° La deuxième considération nait de l’observation attentive de l’attitude des grandes puissances de l’hémisphère Nord qui, jusqu’à présent, faisaient passer leurs intérêts égoïstes avant tout le reste et qui, soudain, semblent prendre conscience de l’abîme dans lequel un nouveau conflit mondial ne manquerait pas de les plonger elle-mêmes. Les derniers discours de Barack Obama, Vladimir Poutine ou Xi Jinping  envoient un signal fort dans ce sens.      

° La troisième considération s’organise autour de la volonté de plus en plus affirmée des pays dits « émergents » de faire entendre plus nettement leur voix sur la scène internationale. Même si cela ne se voit pas encore nous assistons à l’apparition d’un mouvement tout aussi puissant que celui du « Tiers Monde » dans les années cinquante du siècle précédent qui provoqua la fin de l’ère coloniale et l’accession à l’indépendance des pays africains, asiatiques, latino-américains.

Pour toutes ces raisons il se pourrait que l’année 2016, contrairement aux prédictions de nombreux observateurs marque un tournant majeur dans l’Histoire des relations humaines avec l’amorce d’un rééquilibre entre le Nord et le Sud qui changerait au sens propre la face du monde. Rien, sans doute, ne permet de l’affirmer aujourd’hui, mais rien n’interdit, non plus de le croire. Voyons donc ce qu’il adviendra dans les mois à venir sur ce plan éminemment stratégique.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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