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Quelle Europe demain ?

Lundi 3 Février 2020 - 12:50

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Cette question tous les observateurs de la scène diplomatique la posent aujourd’hui avec plus ou moins d’inquiétude. Car le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, acté officiellement à minuit ce 31 janvier 2020, a changé la donne sur le Vieux continent bien sûr mais également au sein de la communauté occidentale qui dominait peu ou prou l’équation stratégique instaurée au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, il y a précisément soixante-seize ans.

Doté comme la France et les Etats-Unis de l’arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-unies, acteur clé de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sur laquelle repose la sécurité de l’Europe, allié le plus proche et le plus fidèle de la Maison-Blanche au sein du camp occidental, le Royaume-Uni jouait jusqu’à présent un rôle essentiel dans l’équilibre délicat qui avait permis à l’Europe de se redresser au terme des deux conflits planétaires que ses dissensions avaient fini  par provoquer. Au-delà de son influence économique et financière, dont la City de Londres est et demeurera le symbole, l’Angleterre occupait de ce fait une position clé sur la scène internationale ; position d’autant plus forte qu’elle avait su préserver les relations privilégiées nouées à l’époque coloniale avec une bonne cinquantaine de nations sur les cinq continents, en Afrique tout particulièrement, regroupées au sein du Commonwealth of Nations que préside de façon très symbolique la reine Elisabeth II et qui compte à ce jour 2,4 milliards d’êtres humains.

Même si personne n’ose évoquer publiquement les conséquences néfastes que le Brexit aura inévitablement sur l’Union européenne dans son ensemble, ce retrait s’annonce désastreux à tous égards. Il rompt, en effet, l’équilibre délicat que l’Allemagne réunifiée, l’Angleterre et la France avaient su construire au terme du long processus historique qui permit l’édification de la Communauté économique européenne puis de l’Union européenne. Cela au moment même où l’extension trop rapide et mal préparée de cette même Union avec l’insertion d’une grande partie des pays de l’Est que l’Union Soviétique avait mis sous sa coupe au sortir de la Deuxième Guerre mondiale génère des divisions que les institutions de Bruxelles ont le plus grand mal à maîtriser.

L’erreur majeure que constitue le Brexit, pour les Anglais comme pour les Européens, est de faire renaître des démons que l’on pensait écartés à jamais. Démons parmi lesquels figurent en bonne place les conflits qui ont opposé pendant des siècles les grandes puissances du Vieux continent et que l’on voit resurgir à travers les mouvements populistes qui gagnent lentement mais sûrement l’Europe du Sud et de l’Est. Sans parler de l’afflux incontrôlé et incontrôlable des migrants  qui aggrave la montée de ce même populisme.

Si la question de l’unité de l’Union européenne n’est pas encore posée ouvertement sur la table des institutions de Bruxelles (Exécutif) et de Strasbourg (Parlement), elle ne tardera certainement pas à s’y installer. Avec toutes les tensions que cela soulèvera inévitablement et qui pourraient bien dégrader les relations tissées non sans mal entre l’Allemagne et la France grâce, pour une large part, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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