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Quelle organisation pour l’Afrique centrale demain ?

Samedi 12 Septembre 2015 - 13:00

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L’Europe est là pour le démontrer : lorsqu’une communauté de nations s’organise pour mieux faire entendre sa voix sur la scène internationale, elle doit prendre garde à ne pas demeurer trop petite, mais aussi veiller à ne pas étendre à l’excès ses contours car la volonté de vivre en bonne intelligence avec ses voisins finira par se dissoudre dans le magma des intérêts nationaux.

Conçue à l’origine pour enterrer définitivement la hache de guerre entre l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, l’Union européenne, trop petite à l’origine pour peser sur son propre destin, s’est étendue sur le plan  géographique, ces vingt dernières années, au point de devenir proprement ingouvernable. Gérable lorsqu’elle comptait quinze nations, elle a commis l’erreur d’intégrer en son sein la dizaine de pays situés sur ses marges orientales et a perdu simultanément sa cohérence originelle. Même si elle prétend le contraire, elle ne pèse plus guère sur les affaires de ce monde comme le prouvent, ces derniers temps, de multiples exemples parmi lesquels figure en bonne place son incapacité flagrante à gérer l’afflux des migrants venus du Sud qui, peu à peu, la submergent.

Cette erreur historique, l’Afrique devrait la méditer et en tirer les leçons au moment où, très logiquement, elle s’organise afin d’abaisser les barrières artificielles qui la divisent et constitue des communautés puissantes capables d’influer sur le cours des évènements au plan mondial. Tout indique, en effet, que dans les décennies à venir le pouvoir, l’influence, l’émergence même résulteront directement pour elle de la capacité des États, dans une zone géographique déterminée, à s’entendre sur le plan institutionnel en mettant au point une gouvernance commune, efficace et donc crédible. Dans le moment historique que nous vivons, où de nouveaux rapports de forces s’instaurent au plan mondial, ce processus apparaît essentiel.

Prenons, pour illustrer ce propos, le cas de l’Afrique centrale. Confrontée dès l’accession à l’indépendance des pays qui la composent au problème de l’étanchéité de ses frontières, elle a choisi sagement de s’organiser en entités plus ou moins structurées, plus ou moins organisées. Ainsi sont nées successivement la CÉMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), la CÉÉAC (Communauté économique des États d’Afrique centrale) et la CEPGL (Communauté Économique des Pays des Grands lacs). Trois entités qui regroupent au total une quinzaine de pays et qui constituent l’une des communautés humaines potentiellement les plus riches de la planète.   

Le problème que doit aujourd’hui résoudre l’Afrique centrale est celui de la cohérence des communautés qui la composent et, partant, de l’efficacité des institutions qui la gèrent. Même si cela semble irréaliste a priori, le Bassin du Congo doit s’organiser en un ensemble unique qui regroupe les pays de cette partie du  continent. Entité géographique aux contours parfaitement définis et aux intérêts communs, il peut constituer rapidement une communauté politique au sens plein du terme. Il suffit pour cela que ses dirigeants prennent place autour de la même table pour jeter les bases de leur entente ; sitôt ce pas décisif franchi, les communautés existantes pourraient définir les conditions de leur union au sein de l’ensemble plus vaste et cohérent que constitue le Bassin du Congo.

Est-il irréaliste, dans ce contexte, d’imaginer que le Congo prenne l’initiative d’un tel mouvement, lui qui se trouve au cœur de l’Afrique centrale, qui joue déjà un rôle essentiel dans la gestion et la prévention des conflits, qui s’est doté des infrastructures nécessaires, qui est donc aisément accessible ?

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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