Questions de l‘heure : la majorité présidentielle relance son projet référendaire

Mercredi 28 Juin 2017 - 18:27

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Face à la crise politique persistante qui gangrène le pays, le secrétaire général adjoint de la majorité présidentielle estime qu'il est temps de se tourner vers le peuple pour qu’il s’exprime par référendum. 

Le sujet passait, jusqu’il y a peu, pour tabou dans certains milieux politiques. On en parlait du bout de lèvre. Et puis, comme réveillés d’un profond sommeil, les acteurs politiques, particulièrement ceux de la majorité présidentielle (MP), en font aujourd’hui leur dada et en parlent sans la moindre restriction. C’est le cas notamment du secrétaire général adjoint de cette famille politique qui ne fait plus mystère sur l‘intention avouée de son camp politique de recourir au référendum pour tenter de sortir le pays de la crise persistante dans laquelle il s’est engouffré. Joseph Kokonyangi l’a, en effet, déclaré mardi 27 juin devant des journalistes qu’il recevait en conférence de presse. Il a, en fait, dit tout haut ce qui se trame dans sa famille politique qui, jusqu’il y a quelques jours, faisait la fine bouche sur cette question.

Ce cadre de la MP a, sans ambages, fait un plaidoyer pour l’organisation d’un référendum, car, a-t-il dit, « il est temps de se tourner vers le peuple pour qu’il s’exprime par référendum ». L’article 5 de la Constitution parlant de la souveraineté du peuple par voie référendaire est donc en passe de s’appliquer, a averti ce cadre de la MP tout en rappelant que « tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants ». De la sorte, il estime que l’heure est venue de se retourner vers le souverain primaire pour qu’il s’exprime sur la marche du pays après autant d’échecs enregistrés dans les différents dialogues organisés entre acteurs politiques. Des concertations nationales aux négociations de l’Union africaine en passant par  celles sous l’égide des évêques catholiques au Centre interdiocésain organisées entre 2013 et 2015, l’orateur les a qualifiés toutes « d’échecs ». Et d’asséner : «Si nous les politiciens, on n’est plus capable de nous entendre  et que les problèmes persistent après toutes ces négociations politiques, nous allons retourner au peuple. Nous allons venir vous questionner : qu’est-ce que vous voulez, vous peuple congolais? ». Pour ce cadre de la MP qui exprimait là les vues de la plate-forme présidentielle sur cette matière, il est temps de remettre le pouvoir entre les mains du peuple afin que ce dernier se prononce par rapport à son destin.      

Ces déclarations ne manqueront certainement pas de faire tâche d’huile. L’on se rappelle du bruit qu’avait suscité dernièrement dans le microcosme politique congolais l’existence d’un projet de référendum dans le sérail présidentiel. Des voix s’étaient alors fait entendre dans les rangs de la MP pour réfuter une telle allégation. Toutefois,  il a été reconnu la saisine du gouvernement sur une proposition de loi élaborée par deux députés nationaux. Selon le mémoire explicatif, ces derniers auraient constaté que « si le Parlement avait bien légiféré abondamment pour fixer les conditions d’organisation des élections, il n’en est pas de même pour le référendum à l’exception de la loi n°05/010 du 22 juin 2005 portant organisation du référendum constitutionnel en RDC adoptée ponctuellement à l’époque dans le seul objectif de permettre l’adoption de la Constitution de 2006 ».

Pour le camp présidentiel, il n’était pas question d'organiser un référendum dans l'immédiat ou de réformer la Constitution, comme certains l’avaient insinué. Le projet de loi dont question avait plutôt pour motivation essentielle de préciser le cadre juridique pour organiser un référendum, juste pour combler la lacune décelée. « Notre gouvernement a été saisi pour avis », avait indiqué Lambert Mende, porte-parole du gouvernement tout en faisant savoir que la Constitution adoptée effectivement en 2006 prévoit le recours au référendum pour décider sur des questions autres que son adoption.

Il est clair que le microcosme politique congolais va à nouveau se remettre en ébullition sur cette question de référendum qui, déjà, divise avec, à la clé, une opposition qui la juge inopportune estimant que tous les efforts devront plutôt être orientés vers l’organisation des élections. « Nous allons nous réunir pour barrer la route à ces imposteurs de dernière minute. Ils veulent troubler les eaux alors que notre peuple n’attend que les élections, pas autre chose », a réagi Jean Bertrand Ewanga, cadre de la Dynamique de l'opposition. Dossier à suivre.                 

Alain Diasso

Notification: 

Non