RDC : la croisade judiciaire contre Joseph Kabila à la CPI jugée insensée

Samedi 19 Juillet 2014 - 15:45

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La démarche d’une frange de l’opposition en République démocratique du Congo (RDC) de voir le président de la République être traduit devant les instances justicières internationales pour crime contre l’humanité  a suscité de nombreuses réactions dans la classe politique sur fond d’indignation.

Une frange d’opposants réunis dans une plate-forme appelée Coalition des forces politiques et sociales de l’opposition, ont lancé le mercredi 16 juillet dernier, une croisade judiciaire à l’encontre du chef de l’État, Joseph Kabila, à travers une pétition qu’ils comptent transmettre à la Cour pénale internationale. C’est dans la salle polyvalente de la paroisse Notre dame de Fatima qu’ils ont fait leur show qui s’est terminé par la récolte des signatures. Parmi les principaux animateurs de cette action, on peut citer l’Union pour la Nation congolaise de Vital Kamerhe, l’Union pour la démocratie et le progrès social d’Étienne Tshisekedi ci-devant représenté par son secrétaire général Bruno Mavungu et l’Ecidé de Martin Fayulu. Ces trois partis politiques sont soutenus dans leur démarche par des regroupements politiques alliés tels que « Sauvons la RDC » et la Coalition pour la vrai dialogue.   

« Nous lançons officiellement une demande sous forme de pétition à Barack Obama, aux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et à son secrétaire général pour solliciter des mesures d'isolement à l'encontre de Joseph Kabila et sa mise en accusation devant la CPI », peut-on lire dans la pétition. Que reproche-t-on au président de la République ? Les pourfendeurs de Joseph kabila mettent sur son dos plusieurs faits allant des fameux massacres des adeptes de Bundu Dia Kongo à l’assassinat des journalistes et activistes des droits de l’homme en passant par les exécutions extrajudiciaires des présumés « Kuluna » etc. Pour tous ces griefs, Vital Kamerhe et compagnie estiment que la culpabilité de Joseph Kabila est établie en fait et en droit. D’où leur obstination à le voir être transféré à la Cour pénale internationale (CPI) pour y être jugé.  

Vital Kamerhe et ses amis ne se sont pas arrêtés là. Dans la même pétition, ils dénoncent les menaces et brimades dont sont régulièrement victimes les opposants au régime Kabila. Poussant plus loin leur outrecuidance, les signataires de la pétition en ont profité pour réclamer la tenue du dialogue inclusif conformément à l'Accord-cadre d'Addis-Abeba tout en exigeant, dans le même temps, la libération sans condition de tous les détenus politiques et d'opinion.   

Cette prise de position de l’opposition a, comme il fallait s’y attendre, suscité de nombreuses réactions dans la classe politique sur fond d’indignation. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qualifie d’insensée la démarche de Vital Kamerhe et de ses amis pour autant que certaines des affaires qu’ils exhument aujourd’hui « ont déjà été réglées par la justice du pays ». Et le porte-parole de se demander: « Qu'est-ce que le président américain, dont le pays n'a même pas ratifié le traité de Rome, a à voir là-dedans ? ». Dans d’autres milieux intéressés, cette démarche est plutôt perçue comme symptomatique d‘une opposition en totale déliquescence, sans programme ni vision politique pour l’avenir, et qui ne sait plus à quel saint se vouer au fur et à mesure que se rapproche l’échéance de 2016. Dossier à suivre.             

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila Kabange