Recherche : les églises peuvent- elles intéresser les experts comptables ?

Mercredi 27 Août 2014 - 14:15

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C'est la question que pose Jean Paulin Itoua dans son mémoire en vue de passer de comptable agréé à celui d'expert-comptable. Le travail présenté le 26 août à Brazzaville a porté sur les « Missions d’accompagnement, d’assistance et de conseil de l’expert-comptable auprès des églises de réveil au Congo ».

Loin d’être un travail de théologie, il s'agit plutôt d'une recherche sur les églises qui, selon ce postulant au grade d'expert-comptable sont nombreuses à fonctionner grâce aux contributions des fidèles. Or, dit Jean Paulin Itoua, comme toute organisation qui veut démeurer pérenne, les églises ont intérêt à développer une gouvernance qui s'appuie, entre autres, sur  la qualité de l’information. 

« L’objectif principal de ce mémoire est d’amener les pouvoirs publics à faire appliquer les principes et les normes comptables spécifiques au secteur associatif », a déclaré l’impétrant à son jury. Ainsi, Jean Paulin Itoua a choisi ce thème dans la perspective de voir les associations culturelles en particulier, tenir une comptabilité régulière, sincère, harmonisée et adaptée au système comptable OHADA ( Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires). En dégageant les objectifs spécifiques, il a signifié que l’expert-comptable libéral doit connaître les besoins des associations culturelles en matière d’organisation et de traitement de l’information comptable en vue de réaliser les missions d’accompagnement d’assistance et de conseil. Il doit aussi contribuer à la pratique de la bonne gouvernance dans les églises de réveil au Congo, notamment en matière de gestion financière.

Comment sont gérées ces églises ?

Jean Paulin Itoua en a fait une préoccupation avec à la clé deux interrogations majeures : les églises de réveil au Congo tiennent-elles une comptabilité selon les normes et principes de régularité et de sincérité ? ; Les églises de réveil ont-elles des compétences suffisantes en la matière ou recourent-elles aux compétences externes ? Visiblement, la première hypothèse se confirme car la plupart des églises ne tiennent pas de "comptabilité régulière et sincère". Faute de compétences en la matière.  L’analyse a permis de relever d’éventuelles faiblesses dans l’organisation comptable actuelle des églises de réveil. Les propositions faites portent sur une comptabilité simple et pratique, basée sur les recettes d’une part et les dépenses d’autre part, question de contribuer à l’amélioration de la gestion des finances dans le sous-secteur associatif.

Par ailleurs, l’impétrant a notifié qu’il réside d’éventuels risques pour l’expert-comptable de se lancer dans ce sous-secteur associatif à réformer. « Nous avons formulé quelques recommandations pour aider les pouvoirs publics à assainir la gestion financière et comptable des associations dans leur ensemble et plus particulièrement les associations culturelles », a-t-il souligné. Et d’ajouter, « nous avons vu que les églises sont dans les faits, un véritable business au regard des investissements importants observés (…) dont la source demeure souvent floue (…) Les compétences de l’expert-comptable dans cet assainissement ne sont pas à remettre en cause (…) ne peut véritablement réussir que si la tenue d’une comptabilité régulière et sincère s’impose aux églises de réveil avec obligation de publication et de communication de leurs documents comptables annuels », a-t-il conclu dans son exposé de 12 minutes.

Un travail original

Parler de la nécessité pour les églises de tenir une compatbilité a paru aux yeux des examinateurs assez "original". Cependant des critiques objectives n'ont pas manqué. D'où le débat qui a entouré cette soutenance avec des questions du genre : " Comment ramener ces structures se trouvant dans l’informel à venir dans le formel en organisant leur comptabilité, comment les aider à tenir une comptabilité spontanée ? "

Notons que les églises sont exonérées de taxes ou impôts lorsqu’elles ne se contentent que de "prêcher la bonne parole". Mais au moment où elles s’écartent de leur vocation pastorale et se lancent dans des activités génératrices de revenus, l’expert-comptable peut intervenir. Les églises classiques ne sont pas concernées par ce travail car elles ont déjà leur système de contrôle interne.

Nancy France Loutoumba