Opinion

  • Réflexion

Réformer l’ONU, oui mais comment ?

Samedi 29 Août 2015 - 13:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Fondée en 1945, il y a donc tout juste soixante-dix ans, l’Organisation des Nations unies a manifestement fait son temps. Au fil des années, elle est devenue une énorme machine – un « machin », disait déjà avec humour le Général de Gaulle –  dont les multiples rouages tournent plus ou moins au ralenti  et dont les pouvoirs deviennent progressivement plus théoriques que réels. Il suffit pour s’en convaincre de visiter l’énorme « Maison de verre » qui abrite ses instances supérieures sur les bords de l’East River, à New York, et de voir sur place comment fonctionnent les différentes administrations chargées de la gérer.

Aucun dirigeant de la planète, cela va de soi, n’ose tenir publiquement un tel propos, mais chacun sait, pour avoir un jour ou l’autre vécu ses défaillances, qu’une réforme en profondeur de l’ONU est aujourd’hui indispensable si l’on veut que le monde des hommes continue de vivre dans la paix relative qu’il sut construire au sortir de la deuxième guerre mondiale. L’accumulation des problèmes politiques, économiques, sociaux, religieux, environnementaux est telle, en effet, qu’un jour ou l’autre des dérapages se produiront qui mettront en péril la paix si chèrement payée et démontreront de façon tragique l’incapacité des Nations unies à agir.

Comme il vaut toujours mieux prévenir que guérir, la communauté internationale ferait bien de lancer sans plus attendre ce grand débat. En se souvenant que si la Société des Nations l’avait fait  elle-même il y a près d’un siècle, lorsque la crise de 1929 fit exploser le système économique que les pays occidentaux avaient imposé, l'on aurait évité l’effroyable tragédie qui plongea la planète dans le chaos de 1939 à 1945. Car les évènements que nous vivons ces derniers temps présentent de fortes ressemblances avec ce qui se passa dans les années trente du siècle précédent.

Parce que les rapports de force changent très vite au sein de la communauté internationale, parce que la finance mondiale est plus que jamais capable du pire comme du meilleur, parce que la dégradation de l’environnement s’accélère de jour en jour, parce que le fossé s’élargit entre les pays riches et les pays pauvres, parce que l’extrémisme religieux surfe sur les nouvelles technologies, parce que les grandes puissances ne prennent pas la mesure des dangers que génère leur égoïsme, parce que le progrès technique n’améliore pas la perception par l’homme moderne de son extrême vulnérabilité, nous nous trouvons aujourd’hui confrontés à un problème vital.

Dans un pareil contexte, ou bien nous regardons la vérité en face et nous réformons les institutions de la gouvernance mondiale, ou bien nous mettons la tête dans le sable comme l’autruche et nous pouvons être certains qu’un jour ou l’autre éclateront des conflits auxquels seule la mort de dizaines, de centaines de millions d’êtres humains pourra mettre fin. Instruits par l’expérience du siècle précédent, nous ne devrions nourrir aucune illusion à ce propos.

Les grandes puissances restant figées sur des positions qui les empêchent d’agir dans ce sens comme le démontre de façon  irréfutable la paralysie croissante du Conseil de sécurité, la solution ne peut venir que du monde émergent, autrement dit de ce que l’on appelait le « Tiers monde » du temps de la Guerre froide. Est-il utopique, par conséquent, d’imaginer que celui-ci pourrait profiter de la prochaine grand-messe mondiale, la COP 21, qui se tiendra à Paris dans quelques semaines pour énoncer ces vérités ?

La protection de la nature étant un enjeu vital pour tous les hommes, où qu’ils vivent, la réforme du mode de gouvernance mondial qui conduit notre espèce droit dans l’abîme s’imposerait alors de façon telle que les puissants de ce monde ne pourraient qu’ouvrir les yeux.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Réflexion : les derniers articles