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Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) 1980 (16)

Jeudi 28 Avril 2016 - 15:29

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En cette année 1980, année du centenaire de la ville de Brazzaville (1880-1980), la forteresse idéologique marxiste léniniste est ébréchée par la visite éclair du Pape Jean-Paul II dans la capitale congolaise. Mais d’autres faits en ont émaillé la trame.

1980 s’ouvre par le Festival national du Théâtre, qui a lieu à Brazzaville, courant avril. Contre toute attente, le Théâtre de l’Amitié du président Ludovic Mboto est couronné. Le Théâtre populaire des Trois Francs, Les Tchang, le Rocado Zulu, le Théâtre national congolais passent à la trappe.

Le 5 mai, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II arrive à Brazzaville, par le Beach, en provenance de Kinshasa à bord du bateau « fleuve Congo », spécialement affrété pour cette occasion. Pierre Nze, ministre des Affaires étrangères du Congo et Jean-Pierre Nonault, ambassadeur du Congo auprès du Saint-Siège l’ont accueilli à bord du bateau, au moment de  son embarquement au Beach Onatra à Kinshasa. À Brazzaville, le président de la République, le colonel Denis Sassou Nguesso, tous les responsables politiques et administratifs, Mgr Barthélémy Batantu, les évêques d’Afrique centrale et les représentants de toutes les confessions religieuses l’ont reçu, à son arrivée. Cette journée du lundi 5 mai est déclarée chômée et payée par le gouvernement de la République. Après un accueil délirant, Jean-Paul II se rend à la cathédrale Sacré-Cœur où il s’entretient avec les évêques d’Afrique centrale, avant de se rendre au palais du Peuple où il est reçu en audience par le président de la République, Denis Sassou Nguesso. C’est après cette rencontre qu’il célèbre une messe au boulevard des Armées devant près de 600.000 personnes, un véritable raz de marée. Il quitte Brazzaville pour Kisangani, au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo).

3 octobre 1980, Brazzaville (1880-1980), capitale de la France Libre en 1940, a cent ans. À cette occasion, a lieu l’inauguration du pont du Centenaire. Les Bantous de la capitale, sous la direction de Nino Malapet, réalisent un disque souvenir, intitulé, « Centenaire de Brazzaville ». Pour inscrire sur le marbre ce centenaire Gabriel Emouengué, maire de la ville fait éditer « Le Livre du Centenaire », véritable compilation historique sur la capitale congolaise.

De nombreux événements littéraires ponctuent cette année. Le Premier Prix de Poésie du Centenaire est décerné à Jean-Baptiste Nsadi, âgé de 25 ans, pour son poème « Zingu kia mfua, écrit en langue kikongo. Tchitchelle Tchivela publie « longue est la nuit » aux éditions Hatier à Paris.

Le prix littéraire italien « Simba », à l’initiative du mensuel « Corriere Africano », décerné chaque année à Rome, est attribué à deux écrivains congolais, Letembet-Ambily et Tchicaya U’Tamsi. Ce dernier a reçu le prix pour son œuvre poétique ; Letembet-Ambily pour son œuvre théâtrale. Il faut rappeler que Tchicaya U’Tamsi, fonctionnaire à l’Unesco, Grand Prix de Poésie du Festival des Arts nègres de Dakar en 1966 et Prix de Poésie Louise Labbe en France en 1978, est l’auteur de nombreux recueils de poésie dont « Epitomé » « Feux de brousse », « À triche cœur » « Le ventre ». Aux éditions « Présence africaine » il a fait paraître, en cette année 1980, une virulente satire intitulée « Le destin glorieux du maréchal Naikon Naiku ». Letembet-Ambily, quant à lui, conseiller culturel à l’ambassade du Congo à Paris, est l’un des premiers lauréats du Concours théâtral interafricain  de Radio France International (Rfi), en 1969, avec sa pièce « L’Europe inculpée ». Il est aussi l’auteur de plusieurs autres pièces de théâtre, dont « le roi déchu », « La fin de Boganda », « La femme infidèle » et « Les Aryens ».

1980, c’est aussi le cinquantenaire de la Mission catholique de Mindouli, fondée en novembre 1929 par Bonnefont, « Maboni » pour les fidèles.

Les restes de Paul Kamba, décédé en 1950 et inhumé au cimetière de la Tsiémé, sont exhumés et transférés à celui du centre-ville, à l’initiative de l’Union nationale des écrivains, artisans et artistes congolais (Unéac). Germain Yombo « Beethoven » débute dans la production musicale. Youlou Mabiala quitte l’orchestre Rumbaya. Ainsi va la vie au Congo.

 

MFUMU

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