Opinion

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Regard sur les cinquante dernières années 1965-2015 1996 (38)

Jeudi 29 Septembre 2016 - 20:30

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À la lumière d’un passé récent, il n’est pas exagéré d’affirmer que les Congolais sont  amnésiques. En 2015 et 2016, ils ont oublié qu’en 1996, tous les ingrédients des crises qui  agiteront  le Congo sont en place. Les acteurs, les mêmes, excepté Lissouba et Yhomby Opango, hors-jeu, Kolélas décédé, sont en scène, vingt ans après. Rien de nouveau sous le soleil dit la Bible. Le match Sassou N’Guesso-Mokoko, qui n’a pas eu lieu cette année-là s’est déroulé cette année. On connait la suite. Le président Denis Sassou N’Guesso a été réélu pour le premier mandat de la Nouvelle République.

Mardi 7 février 1996, Philos Léonide Mockono meurt. L’un des pionniers de la chanson congolaise moderne tire ainsi sa révérence. Né à Brazzaville, le 7 février 1925 de feu Joseph Kayi et de Madeleine Ntinou, Philos est un ancien élève de l’école Sainte Jeanne d’Arc qui a donné au Congo ses premiers cadres. Il crée en 1942 à Bacongo, un ensemble musical dénommé « Jeunesse de Dahomey, JD. Sa fusion avec Bohème donne naissance à JD-Bohème. Avec Massamba Lebel et d’autres musiciens de Bacongo, il séjourne à Léopoldville où il connait une grande notoriété. En dépit du succès dans le domaine musical, il ne rompt pas les amarres avec son métier, tailleur. Philos a fait régulièrement des apparitions dans les documentaires qui traitent  de l’histoire de la musique au Congo.  Marié à Victorine Bahonda, en 1963, il était père de huit enfants.

Décès à Brazzaville de Pamelo Mounk’a. Pamelo Mounk’a, c’est  « Nalanda bango » avec   les Bantous en 1963 ; « Lucie » dans l’African Fiesta Vita à Léopoldville, en 1964 ; Eloko kombo bolingo la même année, avec les Bantous. L’expulsion, cette année-là, des Brazzavillois de Léopoldville (Kinshasa) met un  terme à son expérience kinoise aux côtés de Rochereau, Nico et Roger Izeïdi. Il retrouve les Bantous et déverse des années durant des titres à succès comme : « Camitina », « Congo na biso », « Masuwa », « Amen Maria », etc. l’intermède des Fantômes, groupe qu’il crée en 1968, est fécond. « Petite Lola », « Séjour », « L’oiseau rare »,  « Katibebi » sont des perles qu’il laisse dans son sillage. L’implosion des Bantous, en 1972, permet à Pamelo de sortir « Alléluia Mounk’a », « Sonia », « Limbissa ngai Massengo », entre autres titres. En 1978, il retrouve sa place dans les Bantous et commet quelques œuvres de très bonne facture : « Onyourou Nyoumba », « Chérie Mandja », etc. En 1981, il quitte les Bantous et sort, en solo, « Amour de Nombakélé » qui le hisse en tête des charts internationaux. Ce succès sera suivi d’autres lauriers. À l’initiative de Jean-Jules Okabando, alors maire de Brazzaville, les Bantous retrouvent tous les musiciens partis en 1972. Pamelo est promu chef d’orchestre. Mais dès 1988, son état de santé l’oblige à de fréquents voyages en France. Il a tout de même l’occasion de faire, entre deux voyages, un duo avec Youlou Mabiala dans l’inénarrable « Atypo », par exemple. Pamelo est mort en janvier 1996. Mais la vie continue au Congo. Le bras de fer sans merci entre les candidats à la prochaine élection présidentielle se poursuit dans une atmosphère délétère. « Lumières », le bulletin d’information pour la promotion et la défense des droits de l’homme au Congo, dans sa parution du mois de mars, consacre ses pages à l’insécurité grandissante dans différentes villes du pays, soumises à la violence aveugle des milices privées.  L’armée régulière n’est pas exempte de reproche. La culture, heureusement, contribue à rendre supportable la psychose ambiante. David-Pierre Fila sort « Matanga ». C’est son film, « Le dernier des Babingas », qui l’a mis sous les feux de la rampe, au Fespaco (Festival panafricain du film de Ouagadougou), en 1991. David-Pierre Fila est un cinéaste qui fait honneur au Congo. Toujours dans le registre culturel, Youlou Mabiala renoue, à Kinshasa, avec l’Ok Jazz de Luambo Makiadi  en déshérence. Au Congo, la politique est, au quotidien, omniprésente. De retour à Brazzaville, Bernard Kolélas, après avoir participé au Québec à l’assemblée générale des maires francophones, accorde une interview à Rfi, dans laquelle il n’exclut pas la possibilité de sa candidature en 1997. Quelques jours plus tard, le 23 avril, le général de brigade Jean-Marie Michel Mokoko, annonce la sienne, au cours d’une conférence de presse, à Paris, suivie de deux interviews dans Jeune Afrique et d’un livre-programme : « Congo, le temps du devoir ». En prévision des joutes à venir, il crée un parti, le Mouvement pour la réconciliation nationale, officiellement présenté à Brazzaville par Camille Bongou, un ancien membre influent du PCT (Parti congolais du travail). C’est quasiment à la même période que sort le recueil de poèmes d’Emilie Flore Faignond, « Méandres », préfacé par Mgr Monsengwo Pansiya, archevêque de Kisangani (Zaïre, actuelle République démocratique du Congo). Cet opus est présenté au public congolais dans le cadre de l’émission littéraire de Télé-Congo, Autopsie, animée par Léopold Pindy Mamonsono. La culture a indubitablement des vertus cathartiques. Ainsi va la vie au Congo.  

 

 

MFUMU

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