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Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) (20) 1984

Jeudi 26 Mai 2016 - 13:04

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En 1984, le Congo bruit encore de la désignation de la Congolaise Yvonne Makouala, en qualité de meilleure handballeuse africaine 1983, à l’issue du 5ème championnat d’Afrique des Nations. Elle a reçu les « Trophées Mobutu Sese Seko. C’est la seconde fois qu’un sportif congolais est ainsi auréolé au plan continental après Paul Moukila ‘’Sayal’’, en 1974». 

 Yvonne Makouala, qui a fait ses débuts au handball dans l’équipe corporative de la Sotexco (Société des textiles du Congo),  est née le 20 janvier 1957 à Brazzaville. Elle signe sa première licence dans Avenir du Rail, en 1971,  avant de passer à l’Etoile du Congo. Appelée en sélection nationale en 1975,  elle devient tri-championne d’Afrique des Nations (1979 et 1981 à Tunis ; 1983 au Caire). Pendant cette période et au-delà, elle participe à toutes les campagnes victorieuses ou non des Diables Rouges : Coupe du Monde Juniors, les Jeux Olympiques de Moscou, en 1980. Avec son équipe, l’Etoile du Congo, 3ème  à la Coupe d’Afrique des Clubs avant d’être vice-championne dans la même compétition en Côte d’Ivoire.  Au niveau régional, Yvonne Makouala est double championne d’Afrique centrale, médaillée d’or aux 1ers et 2èmes Jeux d’Afrique centrale. En athlétisme, elle remporte une médaille de bronze des 1ers  Jeux d’Afrique centrale à Libreville (1976).

Au plan littéraire, c’est sans conteste la parution de l’ouvrage de Sylvain Bemba sur la musique congolaise, vingt ans après celui de Michel Lonoh du Zaïre (actuelle République démocratique du Congo). « 50 ans de musique du Congo-Zaïre », paru en juillet 1984, aux Editions Présence Africaine, à Paris. En 1977, j’avais réalisé une interview de Sylvain Bemba  sur  ce livre dont la parution, prévue cette année-là, avait été différée. Cette interview-fleuve, diffusée en six séquences sur les antennes de la Voix de la révolution congolaise, la chaîne nationale de radiodiffusion, dans mon émission, « À l’écoute de l’Afrique », avait connu un grand succès.  « 50 ans de musique du Congo-Zaïre »,  lors de  sa parution a suscité de nombreux articles dans les journaux.

Samba Dacon, un Brazzavillois,  au fait de l’évolution de la musique congolaise,  dans un article paru dans « La Semaine Africaine »,  regrette que Sylvain Bemba  ait omis  certains pionniers qui avaient leur place dans son livre. Dans sa réplique, dans le même journal, l’auteur  s’en défend. «  Dans mon travail, écrit-il, basé essentiellement sur l’ « éthos », c’est-à-dire l’évolution des mentalités sous la colonisation à travers la chanson, mon souci était moins de concurrencer le célèbre catalogue de la manufacture de Saint-Etienne par un long chapelet de noms que de faire ressortir les tendances de l’histoire des idées dans les rues de Brazza et de Léo». Cette pirouette rhétorique ne suffit pas à justifier l’absence dans son livre  de Demarteau, Happy Jazz band, Michel Makouala, Colon gentil, Alexis Tchinanga et Kabamba Eugène, comme le note, avec pertinence, Samba Dacon. Happy Jazz est l’un des premiers orchestres kinois créé par les Coastmen (Ghanéens). Il constitue donc un chaînon manquant dans la reconstitution, avec justesse, du cheminement de la musique congolaise à Léopoldville ; De même que l’absence de Kabamba Eugène et  son Odéon Kinois qui ont marqué une période de l’évolution dans cette ville ne saurait se justifier par le simple fait d’éviter d’égrener un « long chapelet de noms ». La  vérité historique en pâtit. Inévitablement.

Dans tous les cas, en dépit de nombreuses autres  lacunes, plus de 30 ans après sa parution, « 50 ans de musique du Congo-Zaïre » est un ouvrage de référence dans le domaine de la musique congolaise. Comme Michel Lonoh, avant lui, Sylvain Bemba a fait œuvre de pionnier.  Son travail aurait mérité un toilettage et quelques corrections.  Hélas, il est décédé depuis quelques années déjà. À d’autres désormais de prendre la relève au moment où la rumba congolaise est bousculée par des musiques naguère satellites. Fort heureusement, elle plie, mais ne rompt pas. Ainsi va la vie au Congo.

 

 

MFUMU

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