Opinion

  • Brin d’histoire

Regard sur les cinquante dernières années 1965-2015 2000 (46)

Jeudi 24 Novembre 2016 - 12:16

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Brin d’histoire, c’est la rencontre du journalisme et de l’histoire. « Collecter des informations précises et les rapporter de manière engageante », tel est le maître mot de l’une et l’autre pratique. C’est ce que je fais depuis quelques années dans ces colonnes, à ma manière, parfois engagée. Avec la présentation des faits et événements des  années 2000, Brin d’histoire amorce la dernière ligne droite de cette série, consacrée aux cinquante dernières années de l’histoire du Congo indépendant. L’an 2000 est là, ouvrant la page du 21ème siècle déjà tourmentée par le raz-de-marée de la violence du siècle précédent.

Au Congo, l’année 2000 démarre sous le sceau des accords de cessation des hostilités entre les forces armées congolaises et les forces d’autodéfense pour la résistance, coalition qui regroupe les mouvements rebelles dans le Pool et les Pays du Niari, conclus l’année précédente. Les luttes de positionnement chez nous, depuis quelques années, virent au carnage des populations innocentes. Les hostilités entre différents protagonistes ont créé un fâcheux précédent  fait de combats, de négociations, de dépenses faramineuses y relatives et plongé le pays dans la gabegie. Leur corolaire, effet de mode plus qu’autre chose,  le dialogue, exigence politicienne, malheureusement  constitutionnalisée en 2015, est la bouée de sauvetage des naufragés de la politique. Les lieux de délibérations républicaines existent ici,  l’Assemblée nationale et le Sénat, en l’occurrence. Il y a des innovations coûteuses.

 Il faut simplement constater qu’au sortir de chaque dialogue, les points de vue demeurent diamétralement opposés comme au début, grossissant souvent les rangs des mécontents qui contestent les résultats du dialogue, pourtant  réclamé à cor et à cri. C’est le grand paradoxe du Congo. Toujours le même rituel : exigence d’un dialogue national, discussions sur la période transitoire, débats sulfureux sur les élections libres et transparentes. La même ritournelle depuis plus de vingt cinq ans.  Le dialogue au Congo, c’est le serpent qui se mord la queue. Que veulent en réalité les hommes politiques ? S’interrogeait Joël Nsoni en 2000. À défaut de consensus, un groupe d’opposants se fend d’une lettre ouverte à M. le président de la République française. Une élucubration supplémentaire de la praxis politicienne congolaise. C’est la preuve que nos hommes politiques sont encore sous le joug d’un néo-colonialisme mental rétrograde. On ne peut indéfiniment perdre du temps à des discussions interminables. Ce n’est donc pas sans raison qu’Achille Kissita, philosophe et historien, écrivait dans le n° 2270 du jeudi 10 août 2000 de La Semaine africaine: « Je doute que la classe politique actuelle, qui s’est totalement déconsidérée et disqualifiée, puisse être encore porteuse d’avenir, ancrée qu’elle est dans ce passé de quarante années qu’elle a tissé, avec ses macabres visions dont l’inconséquence nous donne les résultats d’un aujourd’hui ». Un pays ne se construit pas par le dialogue improductif, parfois somptuaire,  mais par le travail.

Le projet de constitution, adopté par le gouvernement, est une autre pomme de discorde entre le pouvoir et l’opposition. L’Upads, dirigé par Martin Mberi, rappelle que « l’histoire récente de notre pays montre que six constitutions ayant marqué tous les régimes passés ont régi la vie de la Nation congolaise depuis l’indépendance, sans toutefois générer un modèle institutionnel non conflictuel et plus ouvert à la démocratie et au progrès. Il ne paraît donc pas opportun de répéter les mêmes constitutions et de recommencer. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous ne pourrons sortir de l’auberge… Le Congo n’est pas malade de ses constitutions, il est plutôt malade de ses hommes politiques. Au surplus, l’Upads qui ne conteste pas au gouvernement le droit d’initier un projet constitutionnel, constate néanmoins, avec regret, le manque de concertation sur un sujet aussi fondamental, entre les familles politiques présentes au gouvernement d’union nationale et de salut public et émet ses strictes réserves, quant à la validité de la démarche en cours qui est loin d’être une démarche consensuelle. Ainsi va la vie au Congo.

                 

 

 

 

 

MFUMU

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Brin d’histoire : les derniers articles