Réglementation des taxis-motos : une réforme très attendue

Mardi 1 Décembre 2020 - 14:15

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Depuis ce matin, 1er décembre, les taxis-motos sont soumis à interdiction, en attendant la réglementation du secteur comme l’ont exigé la direction de la sécurité publique et le syndicat des transporteurs.

 

La décision découle d’une réunion tenue le 24 novembre dernier entre les deux entités. La mesure sans préalable annoncée est entrée en vigueur depuis les premières heures de la matinée du 1er décembre. « Cette activité est illégale, et donc à compter du 1er décembre il y aura un contrôle. Que les gens prennent leurs dispositions parce qu’on ne va plus accepter cette activité jusqu’à ce qu’elle soit règlementée », confiait le collectif des transporteurs en commun au sortir de la réunion.

Le 28 novembre, les jeunes du quatrième arrondissement de Brazzaville, Moungali, ont été sensibilisés à l’interdiction des taxis-motos par les conseillers départementaux et municipaux, Marlin Dominique Okemba, Gilles Latran Ngabangui et Gerry Mbimba.

Sensibilisant les jeunes sur cette mesure, les trois élus locaux de Brazzaville se sont référés d’abord à la délibération municipale qui autorisait ce nouveau mode de transport urbain. Ils ont ensuite démontré que c’est pour protéger au mieux les citoyens que les services de sécurité ont décidé de le restreindre.

« Les taxis-motos créent plus de problèmes qu’ils en résolvent. C’est pourquoi les services de sécurité, sur la base des faits probants, ont décidé de leur interdiction.  Et les raisons évoquées sont valables », a expliqué l’élu local de Poto-Poto, Gerry Mbimba.

Plus de trafic de personnes sur les motos dans le périmètre urbain de Brazzaville, cette décision n’est pas au goût des premiers concernés. Ce qui inquiète les conducteurs de motos ce n’est pas seulement l’interdiction de leur activité mais aussi l’incertitude quant aux délais de règlementation du secteur. « Nous sommes sans emploi mais avons des familles à nourrir, des loyers à payer, des enfants à scolariser, que ferions-nous ? », s’interroge Gildas conducteur de taxi-moto et diplômé sans emploi.

« Qu’ils nous donnent du travail dans ce cas, parce qu’à force de ne rien faire on finira par s’adonner aux actes illégales », ajoute Borel, un conducteur.

Rappelons que ces conducteurs de motos, en majorité jeunes, avaient en septembre dernier rencontré Juste Bernardin Gavet, secrétaire exécutif du Conseil consultatif de la jeunesse, pour plaider en faveur de la formalisation de ce secteur.

D'une part, l’irruption des taxis-motos a tenté de résorber le problème de chômage en milieu jeune y compris les difficultés de transport. D'autre part, ces taxis-motos sont à l'origine de nombreux incidents, notamment des accidents de circulation à répétition. Faute de réglementation fixant les rôles et les responsabilités, les délits foisonnent dans ce secteur. Mauvaise conduite, non-respect du code de la route et des règles de sécurité sont les plus récurrents.

Dans un contexte de croissance urbaine qui requiert de répondre aux besoins graduels de mobilité quotidienne des citadins, les deux-roues motorisées se révèlent comme un mode de transport adapté au mauvais état de la voirie et à la forte congestion.

Il y a trois ans, nous évoquions l’essor des taxis-motos à Brazzaville. Aujourd’hui, il parait évident que bon nombre de Congolais ont adopté la moto comme moyen de transport. Les difficultés d’accès à certaines zones de la capitale ont conforté cette donne. La dégradation avancée des routes, l’expansion des érosions, l’ensablement, les embouteillages mais aussi la praticabilité, le gain du temps font partie des facteurs qui ont poussé certains citadins, hésitants au départ, à faire recours à ce moyen de transport.

La problématique de l’emploi s’impose aujourd’hui au Congo avec acuité, au regard du poids des jeunes dans sa population totale. On constate que beaucoup d’entre eux sont à la quête d’un emploi. Très peu de jeunes âgés de 20 à 35 ans transitent vers un emploi stable ou satisfaisant. A cet effet, de nombreux jeunes déscolarisés ou diplômés sans emploi embrassent des métiers à défaut pour faire face à leurs besoins vitaux. Les transports urbains font partie des secteurs vers lesquels se tournent ces jeunes. Et depuis plus de trois ans, la plupart d’entre eux se sont convertis en conducteurs de taxis-motos, en attendant un ‘‘vrai boulot’’ ou afin de gagner leur vie.

En quoi pourrait consister cette réforme ?

Les autorités publiques sont aujourd’hui confrontées au défi d’organiser l’activité des motos-taxis pour assurer le transport dans les zones difficiles d’accès, en attendant la construction des infrastructures adéquates dans ces zones jusqu’alors enclavées.

Il serait souhaitable de mettre en avant la formation des conducteurs, pour faire d’eux des conducteurs plus sûrs et plus professionnels.  Il faut à cet effet assurer des formations et examens d’obtention d’un permis type A1 ou A2, fixer la tranche d’âge d’obtention du permis, immatriculer les motos, exiger des équipements de sécurité pour le conducteur et le passager, octroyer un uniforme numéroté afin de faciliter l’identification du conducteur, définir le nombre de passagers à bord, rendre les routes plus sûres pour les motos en délimitant des pistes ou tronçons pour motos.

Outre ces points, plusieurs aspects sont à prendre en compte. Il incombe donc à l’autorité publique de se pencher sur la question.

 

 

Durly Emilia Gankama et Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo:Des taxis-motos en attente des clients/DR

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