Réouverture de la Maison Schengen : Kinshasa de plus en plus flexible

Lundi 18 Juin 2018 - 17:00

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Le vice-Premier ministre chargé de la diplomatie, Léonard She Okitundu, lors d’une intervention télévisée sur "TV5 Monde", le 17 juin, a indiqué que son pays attendait que la Belgique fasse le premier pas.   

Entre la République démocratique du Congo (RDC) et la Belgique, les relations diplomatiques ont été dernièrement mises à mal à la suite de ce qu’on a appelé « Affaire Schengen ». Depuis que le gouvernement congolais  a décidé de fermer la Maison Schengen à Kinshasa, consécutivement à une décision de la Belgique de suspendre la coopération bilatérale d’État à État à la suite de la situation politique prévalant en RDC et de réaffecter le financement disponible à l’aide humanitaire, les rapports diplomatiques entre les deux pays sont en hibernation. Une décision qui a eu de répercussions sur de nombreux Congolais pour leurs voyages en Belgique ou dans les États de l’espace Schengen, faute de visas. Avec le recul de temps, les autorités nationales s’aperçoivent de la contre-productivité de leur décision qui a plus affecté les Congolais demandeurs de visas que les Belges. Bien plus, la suspension des activités de la nouvelle Agence belge de développement, une des corollaires à cette rixe diplomatique, s’est avérée un frein à la dynamique de développement.

Pour toutes ces raisons, Kinshasa commence à mettre un peu d’eau dans son vin, cherchant à « arranger » avec son ancienne métropole aux fins d’éviter l’isolement diplomatique que Paris tend à la contraîndre à travers son rapprochement avec l’Angola et le Rwanda, et dont on est loin d’en connaître les tenants et les aboutissants. « Nous n’avons pas interdit à la Belgique d’octroyer les visas aux Congolais. À la Belgique de faire le premier pas. C’est par la Belgique que le scandale est arrivé. Si la Belgique prend des mesures, à ce moment-là, on verra. Nous ne pouvions rester bras croisés quand on prend des mesures contre nous », a déclaré, le 17 juin, le patron de la diplomatie congolaise au cours de l’émission « Internationales », diffusée sur "RFI" et "TV5 Monde". Un appel de pied, dirait-on, que négocie Kinshasa qui a tout à gagner d’une reprise normale de la coopération avec Bruxelles avec qui elle est liée par plusieurs accords bilatéraux actuellement en souffrance.

Quid de Katumbi et Bemba ?

L’occasion faisant le larron, Léonard She Okitundu en a profité pour lever l’ambiguïté au sujet du retour présumé au pays de Jean-Pierre Bemba, récemment acquitté par la Cour pénale internationale, et de Moïse Katumbi. Si pour le leader du Mouvement de libération du Congo le problème ne se pose pas, étant donné que l’intéressé est parti de son propre gré et n’a pas un dossier judiciaire à charge au pays, cela n’est pas le cas pour l’ex-gouverneur du Katanga. À propos de ce dernier, Léonard She Okitundu a laissé entendre qu’il sera entre les mains de la justice une fois rentré au pays. « Katumbi est parti avec l’autorisation de la justice, parce qu’il venait se soigner. Il est parti légalement. Maintenant, il va à l’extérieur, il mène sa campagne, ça c’est son problème. S’il rentre au pays, il sera entre les mains de la justice. Il va retrouver la situation qui était la sienne avant son départ. C’est un problème d’indépendance de la justice. Il n’a qu’à se défendre au niveau de la justice. S’il s’avère qu’il n’a rien à se reprocher, il va retrouver sa liberté », a-t-il indiqué. Ayant quitté la RDC en mai 2016, Moïse Katumbi a été condamné dans une affaire immobilière dont il nie tout fondement.

Enfin, concernant le fameux complot qui se tramerait contre son pays avec la bénédiction d’Emanuel Macron qui a déclaré dernièrement soutenir l’initiative prise par le président de l’Union africaine en lien étroit avec le président angolais sur la RDC (sans en dire plus), Léonards She Okitundu a déclaré continuer d’attendre les explications de la France, de l’Angola et du Rwanda impliqués dans des conciliabules en dehors de Kinshasa. « Nous avons regretté qu' il y ait, depuis l'extérieur, une initiative sur notre pays sans que l’on soit au courant. Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore reçu des explications », a-t-il dit, tout en ajoutant qu’il est en passe de se rendre à Luanda pour parler du processus électoral en RDC.

Alain Diasso

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