Retombées du contentieux à la présidentielle : polémique autour de l’arrivée à Kinshasa de la délégation de l’UA

Samedi 19 Janvier 2019 - 18:00

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L’arrivée  d'une misisson de l'organisation panafriacaine dans la capitale congolaise, le 21 janvier, intervient dans un contexte de surchauffe et de tension politique caractérisé par l’attente des résultats définitifs de la présidentielle que la Cour constitutionnelle s’apprête à proclamer.

Après avoir examiné de fond en comble l’état de la question électorale en République démocratique du Congo (RDC) avec, en toile de fond la controverse suscitée par les résultats de la présidentielle, des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA), réunis à Addis-Abeba, en Ethiopie, ont conclu « qu'il y avait des doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires, tels qu'ils ont été proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ». En foi de quoi, ils ont sollicité la suspension de la proclamation des résultats définitifs de cette élection. Sur la même lancée, ils ont convenu d'envoyer en urgence, en République démocratique du Congo (RDC), une délégation de haut niveau comprenant le président de l'UA ainsi que d'autres chefs d'Etat et de gouvernement et le président de la Commission. Cette délégation, ont-ils indiqué, devra entrer en contact « avec toutes les parties prenantes congolaises, dans le but de trouver un consensus sur une issue à la crise postélectorale dans le pays ».

Aussi tous les acteurs congolais concernés sont-ils conviés à « interagir positivement avec cette délégation africaine de l’UA dans l'intérêt de leur pays et de leur peuple », peut-on lire dans le communiqué. Sont annoncés dans cette délégation, Paul Kagame,  président en exercice de l'organisation; le Congolais Denis SassouN'Guesso; leNamibien Hage Geingob et le Zambien Edgar Lungu. Au-delà des considérations liées à l’enjeu électoral, l’impératif sécuritaire s’impose pour les Etats voisins qui cherchent à calmer la tempête avant qu’il ne soit trop tard. « C'est ce qui, sans doute, a convaincu les chefs d'Etat précités à faire le déplacement de Kinshasa », a confié une source diplomatique. 

Une certaine opinion intérieure, rejetant d’emblée toute idée de facilitation, s’interroge sur le sens de la démarche qu’entreprend l’UA qu’elle assimile déjà à une forme d’ingérence et de déni de la souveraineté de la RDC. Cette opinion dont le gouvernement se fait le porte-voix remet en cause la légalité de la déclaration de l’UA tendant à donner des injonctions à la justice congolaise qui est indépendante. Elle fait le compte des années passées au pouvoir par les différents chefs d'Etat qui « osent faire la leçon à Joseph Kabila qui, lui au moins, a accepté la victoire d'un opposant ».

Une autre opinion contraire, portée cette fois-ci par l'Église catholique, soutient l’action de l’UA estimant qu’elle a pris véritablement la mesure du sérieux de la situation. Mgr Fridolin Ambongo, l'archevêque de Kinshasa, a fait fort en indiquant que la Conférence épiscopale nationale du Congo était « disposée à accueillir la délégation des chefs d’Etat africains pour leur expliquer la méthode utilisée pour l’observation qui remet en cause les résultats provisoires de la Céni concernant l’élection présidentielle ».

L’Union européenne a, pour sa part, invité tous les acteurs congolais à travailler constructivement avec cette délégation de l’UA « pour trouver une issue postélectorale respectant le vote du peuple congolais et réussir l’objectif historique de la première alternance démocratique dans le pays ».

Toutefois, la question que d’aucuns se posent est celle de savoir si la Cour constitutionnelle allait statuer sur le contentieux à la présidentielle avant ou après l'arrivée de la délégation de chefs d'Etat de l’UA. Selon une certaine source, la communication coercitive ayant sanctionné la réunion de consultation d’Addis-Abeba ne semble pas contribuer à disposer toutes les parties prenantes à réserver un bon accueil à la délégation de l’UA. Au contraire, pense-t-elle, elle est susceptible de renforcer la méfiance entre les parties prenantes ainsi que des millions de citoyens acquis à la cause des unes et des autres dans ce jeu du pouvoir.

Alain Diasso

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