Robert Nesta Marley : un mythe, une histoire et une audience planétaire

Samedi 10 Mai 2014 - 1:30

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Chanteur, auteur-compositeur-interprète, Bob Marley, c'est son nom d’artiste, a eu de son vivant un succès dont on ne mesurera jamais assez la portée. Le nom de Bob Marley, partout où on l’évoque, fait penser au roi du reggae

L’une des figures les plus vénérées dans le mouvement rastafari – et pour cause - auquel le nom sert de référence dans le milieu, Bob Marley, né le 6 février 1945 à Nine Miles en Jamaïque, a donné à son pays un autre rayonnement. En Jamaïque, en effet, lorsqu’on parle musique, on s’arrête tout d’abord à la référence nationale, Bob Marley.

Bien qu’il soit décédé depuis un triste 11 mai 1981 à Miami aux États-Unis, parmi ses innombrables fans certains diront que leur idole vit toujours par pur fanatisme. Tandis que d’autres, honnêtement cette fois, n’auront tout simplement jamais entendu la nouvelle de son décès tellement ses œuvres ont réussi à se transporter au fil des ans. La triste réalité nous porte aujourd’hui à compter les bougies de ce triste anniversaire. Voici 33 ans cette année que le fils d’un capitaine de la Royal Navy, Norval Marley, a quitté la terre des vivants. D’ailleurs, avec la célébration mondiale de la Journée du reggae, c’est avant tout un vibrant hommage que le monde entier rend à celui qui aurait vendu près de 200 millions d’albums à travers le monde au long d'une carrière pourtant brutalement écourtée.

Né d’une mère jamaïcaine noire, Bob le métis a eu un père blanc, jamaïcain lui aussi, toutefois originaire de la bourgeoisie anglaise du Sussex. Fort malheureusement, cette union avec une Noire ne sera pas acceptée dans la famille des Marley, ce que le jeune Marley apprendra malgré lui à dépasser. Il vivra avec sa mère.

La musique, le destin de Bob

C’est dans la soul américaine que le légendaire Bob Marley ose s’aventurer tout au début en reprenant des chansons à succès avec des amis. Puis, l’opportunité lui sera donnée par Joe Higgs de prendre des cours de chant. Opportunité que le jeune Marley saisira bien, et c’est en 1962 à seulement 17 ans qu’il enregistre sa première chanson, Judge No. Il y associera un autre tube country & western de l’époque One Cup of coffee cette même année. Cet investissement personnel ne produira pas de sitôt de succès, mais Bob fonce et s’accroche.

Puis surgit l’idée en 1963 de créer un groupe avec trois autres musiciens. On les appellera les Wailers, les gémisseurs. Dans le style des rythmes soul, gospel et blues, ils finissent par décrocher leur premier vrai contrat d’une durée de cinq ans, c’était en 1964. De ce contrat sera mis sur le marché du disque leur premier petit succès, Simmer Down, en tête des ventes en Jamaïque avec près de 80 000 d’albums vendus, ce qui pousse le jeune soudeur Bob Marley à quitter son métier pour consacrer son temps à la musique.

Le talent s’affirme de plus en plus et donne peu à peu naissance à la croyance rastafari, ce après avoir quitté leur premier producteur pour n’avoir pas profité équitablement des premiers revenus de leur succès. Les thèmes de leur création artistique changent et reflètent les difficultés des jeunes d’alors dans les ghettos tout ceci sur fond d’assemblage de rythmes musicaux nouveaux mais bien soutenus.

Un travail immensément intense qui n’aura de vraies répercussions qu’après la mort du roi du reggae

Bob Marley s’attelle, au prix de véritables sacrifices personnels après son mariage en 1966 avec Rita Anderson, à des compositions qui se révèleront pour la majeure partie sans succès de son vivant. Avec son groupe, rebaptisé les Tuff Gong – Gong nom reconnu du fondateur du mouvement rastafari –, il enregistre des morceaux de James Brown dans le style reggae avec des musiciens nouveaux autour de lui. De 1969 plus ou moins jusqu’en 1974, les Tuff Gong travailleront dur ! Bob va collaborer avec Johnny Nash pour qui le talent de Bob va se révéler payant. Hold me tight, puis Selassie is the chapel, Bend down low  et plusieurs autres titres rattachés au groupe de Bob dans ces années-là n’auront pas de véritables succès pour ces auteurs en herbe. On compte incroyablement plus de 350 chansons qui se révéleront des chefs-d’ œuvre après la mort de Bob Marley. Dire qu’aujourd’hui, on ne voudrait laisser à l'abandon aucune miette de l’héritage musical laissé par Bob Marley !

La gloire va finalement sonner à sa porte lorsque sa carrière solo va démarrer. Ses compagnons de toujours, Bunny Wailer, Peter Tosh, vont le quitter, occasion qu'il saisira pour penser à une nautre façon d’incarner ce qu’il brûlait d’envie de présenter à la face du monde. Ainsi avec les nouveaux accompagnateurs (guitaristes et batteurs) intégrés dans le groupe quelques années avant mais avec en remplacement de sa bande d’antan un trio vocal féminin dénommée The I Three formé avec sa femme, Rita Marley, Marcia Griffihs et Judy Mowatt, le succès sera au rendez-vous.

Une renommée mondiale et l'héritage reçu par les Congolais

No woman no cry, succès internationalement reconnu où il dénonce la violence que subissent les femmes dans les ghettos, Bob Marley présentera l'album Rastaman vibration en 1976 qui le révèlera aux États-Unis et sera le plus vendu de son vivant. Ensuite se succèderont avec de nouvelles rencontres dans la vie du reggaeman d’autres succès. I shot the sheriff le confirmera dans son succès en Occident cette-fois.

Par ailleurs, une fusillade dans son pays contre sa nouvelle équipe le poussera à écrire d’autres morceaux dans l’album Survival, lui qui a échappé de près à la mort avec les membres de son groupe pour des connotations politiques auxquelles le chanteur n'était pas directement lié. Vient la période de l’exil forcé à Londres où il continue d’exprimer en chanson ce qu’il vit et ressent. Son retour au pays sera phénoménal en 1978, réussissant à réunir des partis rivaux dans un même lieu, mais l’homme va avec le début des années 1980 devenir très faible à cause des multiples cancers détectés sur lui, au total cinq.

Années après années, pour la part de l'héritage congolais, on citera des noms d'artistes qui auront pour leur part perçu la richesse musical du défunt Bob Marley. Dans le mouvement reggae dans la capitale, les noms ne sont certes pas nombreux mais tous s’accordent pour citer au moins ces quelques figures : New Feeling, Kizma Connection, Rogadel, Fal Nkuanduenga ou encore Tatamana. En attendant de voir se confirmer d’autres talents ici ou ailleurs, le blues retravaillé par Bob Marley de son vivant a certainement eu une influence plus générale dans les rythmes des divers horizons de l’Afrique car sa musique a touché tout simplement tous les publics !

Luce-Jennyfer Mianzoukouta