Roger Itoua Martini : « Le secteur maritime occupe une place de choix dans l’économie de notre pays »

Samedi 18 Janvier 2014 - 17:01

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Directeur du Centre régional d’information du MoU d’Abuja et directeur général du Centre national d’information et de documentation maritimes, basé à Pointe-Noire, Roger Itoua Martini est au cœur de l’information maritime au Congo et de la sous-région. Nommé depuis décembre et août de l’année dernière à la tête des deux institutions, il explique dans cette interview les missions qui lui sont confiées

Les Dépêches de Brazzaville. Deux directions à votre charge et en plus conseiller aux Affaires maritimes et fluviales près le ministre d’État, ministre des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande. Comment gérez-vous ce cumul ?

Roger Itoua Martini. Les dispositions textuelles du MoU d’Abuja recommandent à chaque État membre de disposer d’un Centre national d’information et de documentation maritimes (CNIDM) animé par un directeur général pour des questions spécifiques à chaque nation. L’avantage que le Congo a vis-à-vis des autres nations du MoU d’Abuja, est qu’il abrite le Centre régional d’information. La République fédérale du Nigeria abrite le secrétariat général du MoU d’Abuja. Et par conséquent le directeur général du CNIDM est en même temps gestionnaire du Centre régional d’information. Il n y a pas d’amalgame à ce sujet, car tout est clair et net.

L.D.B. Comment distinguer les missions dévolues à ces deux institutions dont vous avez la charge au Congo ?

R.I.M. Le CNIDM, créé par décret 2007-193 du 23 mars 2007 du président de la République, a pour missions principales, la collecte et le traitement des données liés au contrôle des navires par l’État du pavillon et l’état du port. Rien que par ces missions, nous entendons la centralisation de toutes les informations liées à la sécurité et la sûreté maritimes, au transport maritime, à la recherche et au sauvetage maritimes, à la prévention des risques professionnels maritimes, à la préservation des espaces sous juridiction nationale, à la lutte contre la pollution marine, etc.

Quant à celles du Centre régional d’information, il s’agit, dans le cadre du contrôle des navires par l’État du port, de collecter, traiter et centraliser tous les rapports résultants des contrôles, visites et inspections des navires et les expédier au serveur (fichier) central basé à Vladivostok en Russie via les centres nationaux d’information des États membres du MoU d’Abuja.

L.D.B. Comment menez-vous toutes ces actions ?

R.I.M. L’article 2 du décret précité stipule que le CNIDM doit collaborer avec toutes les administrations et organismes du secteur maritime, en l’occurrence les structures sous tutelles du ministère des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande, ainsi qu’avec tous les autres organismes nationaux et internationaux en matière maritime. Par ailleurs, le Centre régional d’information du MoU d’Abuja est né de l’application des directives et recommandations des organisations internationales précitées pour relayer leurs actions au niveau de la République du Congo et de la sous-région pour l’éradication totale des navires sous normes travaillant dans le monde.

L.D.B. Il paraîtrait que vous n’ayez pas suffisamment les moyens de votre politique…

R.I.M. L’article 5 du décret 2007-193 stipule que le CNIDM bénéficie des concours financiers extérieurs et des subventions de l’État. À ce titre, toutes les structures et organismes tant privés qu’étatiques du secteur maritime sont tenus de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail du CNIDM pour le progrès de ses activités. En ce qui concerne la gestion du Centre régional d’information, le Congo en sa qualité de membre actif du Mémorandum d’Abuja contribue au préfinancement de ce centre pour son installation en République du Congo, précisément à Pointe-Noire. À cet effet, un accord de siège devant abriter ce centre devra être signé entre le gouvernement de la République du Congo (ministère des Affaires étrangères et de la Coopération) et le Centre régional d’information. En revanche, le fonctionnement du Centre régional d’information est subventionné par le MoU d’Abuja. À ce moment, chaque État membre devra contribuer au fonctionnement du MoU d’Abuja. 

L.D.B. Est-il facile d’obtenir des financements dans ce contexte à la fois local et international ?

R.I.M. En ce qui concerne la coopération structurelle et fonctionnelle avec les autres administrations, le travail est en cours ; car dès ma prise de fonction, j’ai entrepris les démarches à l’endroit des autres structures sous tutelle du ministère des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande pour mettre en chantier les groupes techniques de travail devant nous permettre de signer les accords de coopération structurelle et fonctionnelle avec celles-ci.

Le Congo au centre des activités maritimes de la sous-région est tenu de reconquérir sa place ou sa vocation de pays de transit.  Nous sommes cependant à pied d’œuvre avec le concours du ministre d’État, ministre des Transports, de l’Aviation civil et de la Marine marchande, Rodolphe Adada et du ministre délégué auprès du ministre desTransports, chargé de la Marine marchande, président du MoU d’Abuja, Martin Parfait Aimé Coussoud-Mavoungou, pour le transfert effectif du Centre régional d’information de Lagos à Pointe-Noire.

L.D.B. Est-ce un appel que vous lancez au soutien de cette initiative ?

R.I.M. Je crois qu’il revient à tous les acteurs du développement de notre pays de se mettre à l’œuvre en vue d’accompagner cette bonne volonté du chef de l’État, pour que ce programme devienne une réalité. Il n’est pas question de bloquer une telle initiative, surtout que le secteur maritime occupe une place de choix dans l’économie de notre pays.

L.D.B. Que va apporter le CNIDM au Port autonome de Pointe-Noire et au Conseil congolais des chargeurs par exemple ?

R.I.M. Le fonctionnement normal du CNIDM apporte beaucoup d’innovations et de progrès aux structures du secteur maritime, tout comme au Port autonome de Pointe-Noire et au Conseil congolais des chargeurs. Il y a beaucoup d’avantages à tirer, à partir du moment où le CNIDM deviendra très opérationnel. Le CNIDM, en partenariat avec les autres structures du secteur maritime, devra créer des  mécanismes de traitement de l’information adaptés à chaque structure, avant leur utilisation ou leur publication, même si ces dernières transitent directement par celles-ci. Avant la création du CNIDM, le monopole de gestion de l’information nautique appartenait à la Direction générale de la marine marchande. Actuellement, il n’en est plus question, car le monopole de la gestion de l’information nautique revient au CNIDM.

Quentin Loubou