Rugby: l'Afrique du Sud de Siya Kolisi remporte la Coupe du monde

Samedi 2 Novembre 2019 - 16:00

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Siya Kolisi, premier capitaine noir des Springboks, a brandi la Coupe du monde de rugby samedi à Yokohama, après le succès de l'Afrique du Sud sur l'Angleterre (32-12) en finale.

Ce samedi 2 novembre, Kolisi est entré dans l’histoire de son sport et de son pays en soulevant le trophée Webb-Ellis remis par le prince Akishino, membre de la famille impériale japonaise au centre de la pelouse du stade de Yokohama.

Juste après le coup de sifflet final du match, Kolisi avait souligné le côté symbolique du troisième titre mondial décroché par les Springboks après 1995 et 2007.

"Nous avons tellement de problèmes dans notre pays mais nous avons une telle équipe, nous venons d'origines différentes, de races différentes mais nous nous sommes rassemblés avec un but unique et nous voulions l'atteindre", a déclaré Kolisi.

"Avant le match, le coach (Rassie Erasmus) nous a dit "nous ne jouons pas pour nous-mêmes. Nous jouons pour notre peuple au pays". C'est ce que nous voulions faire. Nous avons vraiment apprécie tout le soutien que nous avons reçu", avait-il souligné.

"Capitaine de la nation, Siya Kolisi (...), tu as restauré la fierté du rugby sud-africain et (tu) nous permets de nous sentir tous bien", a lancé jeudi, à deux jours du match, le prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, ami de longue date de Nelson Mandela, le premier président sud-africain noir.

Siya Kolisi est le premier capitaine noir des Springboks, qui furent l'un des symboles de la politique d'apartheid mise en place en 1948 et progressivement abolie au début des années 1990.

Le premier sacre des Springboks, à Johannesburg en 1995, avait marqué l'histoire du rugby mais aussi celle de l'Afrique du Sud. Le président Nelson Mandela avait alors endossé le maillot vert et jaune. Le stade de Johannesburg, principalement rempli de supporteurs blancs, avait scandé son prénom. Sur le terrain pourtant, l'ailier Chester Williams - mort récemment d'une crise cardiaque - était le seul joueur noir, alors que les Blancs représentaient seulement 10% de la population sud-africaine.

Et quand les Springboks l'ont encore emporté en 2007 en France, l'équipe ne comptait que deux Noirs, les ailiers JP Pietersen et Bryan Habana. Samedi, face aux Anglais, balayés (32-12) ils étaient six sur le terrain au coup d'envoi, et les ailiers noirs Makazole Mapimpi et Cheslin Kolbe ont inscrit les deux essais des Boks.

Pourtant, pendant des années après la chute de l'apartheid, plusieurs entraîneurs des Springboks ont continué à ignorer des stars noires montantes. En amont de la Coupe du monde en 2003, le deuxième ligne Geo Cronje a été exclu du groupe pour avoir refusé de partager une chambre avec un coéquipier noir.

Furieux de la lenteur des changements dans l'équipe nationale de rugby, le gouvernement sud-africain a introduit des quotas pour rétablir l'équilibre entre Noirs et Blancs. Cette année, douze joueurs noirs ont fait le voyage au Japon parmi le groupe de trente et un, un record pour le XV des "Boks", même si cela reste en-deçà des 50% de convoqués visés par le gouvernement.

Mais Kolisi a lancé un pavé dans la mare, en suggérant récemment que Neslon Mandela n'aurait probablement pas soutenu l'idée des quotas en rugby.  Le jeune homme de 28 ans, né trois ans avant la fin du régime de l'apartheid, n'aime pas l'étiquette qui lui colle à la peau de premier capitaine noir des Springboks à un Mondial.

"Ce n'est pas une description que je trouve naturelle", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je suis privilégié d'être le capitaine d'une équipe qui représente tous les Sud-Africains", a-t-il rectifié.

Selon l'analyste de rugby, Mark Keohane, l'équipe 2019 est, d'ailleurs, très respectueuse des différentes cultures et groupes ethniques du pays. "Ils ne sont qu'unité. Ils représentent ce qui est possible dans l'avenir, pas ce qui était lamentable dans le passé", a-t-il estimé.

Camille Delourme avec AFP

Légendes et crédits photo : 

Les Springboks sud-africains autour de leur capitaine Siya Kolisi, tout un symbole (Odd Andersen / AFP)

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