Rwanda/Justice : s’achemine-t-on vers un non-lieu dans l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana ?

Mercredi 9 Juillet 2014 - 16:59

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Les magistrats antiterroristes français chargés d’enquêter sur cette affaire, Marc Trévidic et Nathalie Poux, viennent de boucler leur travail débuté en 2007. La défense et les proches de l’actuel président rwandais, Paul Kagamé, et la famille du défunt président ont trois mois pour faire des observations et demander de nouvelles procédures ou l’annulation de certains actes

« Ce 8 juillet 2014, les juges d’instruction Poux et Trévidic ont décidé de mettre fin à l’instruction concernant l’attentat de l’avion Falcon survenu le 6 avril 1994 en phase d’atterrissage à l’aéroport de Kigali », a indiqué Léon-Lef Forster et Bernard Maingain, avocats des sept personnes mises en examen par le juge Bruguière. « La défense, qui fut très patiente, attend désormais que le non-lieu soit prononcé au plus vite, en faveur des personnes visées par des mandats d'arrêt injustifiés mais très pertinemment levés par les magistrats instructeurs », ont-t-ils ajouté.

Maître Léon-Lef Forster estime que les juges Trévidic et Poux ont effectué un bon travail d’enquête. Il espère et demande un non-lieu pour ses clients : « Il y aura néanmoins de notre part le dépôt d’une plainte pour tentative d'escroquerie au jugement. Parce que mon confrère et moi, et surtout les personnes que nous défendons, considérons qu’il y a eu une instrumentalisation de ce dossier pour faire croire que nos clients étaient coupables, alors que l'on n'a pas vraisemblablement fait le nécessaire au départ de ce dossier pour trouver les vrais coupables. »

Le ministre de la Justice rwandais, Johnston Busingwe, qui s’est montré très confiant, a indiqué : « Ce n’est pas surprenant, car nous avons toujours considéré que cette affaire était une perversion de la justice. Nous pensons que l’une des plus grandes manipulations de la justice française arrive peut-être à sa fin, en commençant par cette importante décision qui a été prise dans la progression de l’enquête. Nous avons toujours dit que l’avion transportant l’ancien président de ce pays avait été abattu par des éléments extrémistes de son propre camp. Nous arrivons à un tournant, c’est un jour important pour la justice, la vérité va finalement l’emporter. À l’avenir, nous prévoyons que toute cette affaire va s’effondrer et que ce cas de longue date qui n’était qu’une fiction montée par le juge Bruguière va prendre fin. » Par ailleurs, les juges antiterroristes ont indiqué que le dossier sur cette affaire n’était pas encore terminé. Ils pensent simplement qu’ils sont allés au bout de leur travail d’enquête.

Rappelons que c’est en 1998 que le juge Jean-Louis Bruguière avait ouvert l’enquête sur cet attentat. À la fin de l’instruction, il avait attribué la responsabilité du drame au Front patriotique rwandais du président Paul Kagamé. Par la suite, neuf mandats d’arrêt avaient été lancés. Ce geste n’avait pas plu aux autorités rwandaises qui avaient décidé de rompre leurs relations diplomatiques avec la France. Ces relations ont été rétablies en 2009.

Yvette-Reine Nzaba