Sahel : Paris reporte le sommet de Pau avec les dirigeants de la région

Jeudi 12 Décembre 2019 - 11:46

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Le président français, Emmanuel Macron, en accord avec son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, a décidé d'ajourner à début 2020 la rencontre avec les chefs d’Etat des cinq pays de la zone, initialement prévue en France le 16 décembre, a-t-on appris.

C’est en raison de l’attaque d’une garnison du Niger, qui s’est soldée par la mort d’au moins soixante et onze personnes - bilan le plus lourd subi par l'armée nigérienne depuis le début des attaques djihadistes dans le pays, en 2015 - que les deux chefs d’Etat ont pris la décision.

Emmanuel Macron et le président nigérien ont convenu « de proposer à leurs homologues de reporter au début de l'année 2020 la tenue, en France, du sommet consacré à l'opération Barkhane et à la force conjointe du G5 Sahel », a indiqué la présidence française, ajoutant que le chef de l’État français a exprimé « son soutien et sa solidarité » à son homologue nigérien suite à l’attaque de la garnison à Inates.

Pour l’heure et selon l’Elysée, toutes les options sont sur la table, y compris un retrait des quatre mille cinq cents hommes des troupes françaises de la force Barkhane, qui depuis quatre ans luttent contre les groupes djihadistes au Sahel. Paris a, par ailleurs, demandé à ses partenaires européens d'accroître leur soutien à la force conjointe. A ce sujet, une opération baptisée « Tacouba », réunissant des forces spéciales de plusieurs pays européens, est en train d’être mise sur pied par la France. Ce qui devra permettre aussi d'apporter des renforts à l'armée malienne, en difficulté face à la poussée des attaques djihadistes.

Le 4 décembre, à l’issue d’un sommet de l’Otan à Londres, en Grande Bretagne, le président français avait annoncé qu'il avait convié les présidents du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie à un sommet, le 16 décembre à Pau (sud-ouest de la France), pour qu'ils « clarifient » leur position sur la présence militaire française au Sahel, de plus en plus contestée par leurs opinions publiques.

« Je ne veux avoir des soldats français au Sahel alors que l’ambiguïté perdure »

« Nous devons à très court terme reclarifier le cadre et les conditions politiques de notre intervention au Sahel avec les cinq Etats membres du G5 Sahel » (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Mauritanie), déclarait Emmanuel Macron, ajoutant : « Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français au Sahel alors que l’ambiguïté perdure à l’égard des mouvements antifrançais ».

Le président français semblait parler du maintien ou non de la force française au Sahel, quelques jours après la mort de treize soldats de l’opération Barkhane au Mali, dans une collision d’hélicoptères. C’est certainement après avoir remarqué que la présence de troupes étrangères au Sahel, notamment celles de la force française, pour combattre les djihadistes, fait face à un rejet grandissant chez les habitants du Burkina Faso, du Mali et du Niger, qu’il avait décidé d’en discuter avec les dirigeants de la région. « Ils nous doivent la clarté et le fait qu’ils nous demandent d’être là et qu’ils l’assument. Il faut que ce soit très clair et assumé par tout le monde, et pour le moment ce n’est pas suffisamment le cas », insistait Emmanuel Macron d’un ton ferme. « J’ai besoin de ces clarifications pour continuer de maintenir la présence française (…). Il faut qu’ils l’affirment politiquement dans leur pays devant leur opinion publique. C’est une condition nécessaire. J’en tirerai les conséquences si ces conditions ne sont pas remplies », martelait-il.

Soulignant que « la France n’est pas là avec des visées néocoloniales, impérialistes ou avec des finalités économiques », le chef de l’Etat français affirmait : « On est là pour la sécurité collective de la région et la nôtre ». Avec de tels propos, certains analystes estiment que la question du maintien de Barkhane va sûrement se poser.

Notons que malgré la présence des forces françaises (Barkhane, quatre mille cinq cents soldats), régionales (force conjointe du G5 Sahel comprenant le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad) ou de l’ONU (Minusma), le Sahel fait toujours l’objet d’attaques djihadistes de plus en plus fréquentes après les premières violences dans le nord du Mali, en 2012. 

Nestor N'Gampoula

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