Santé en Afrique : les Etats invités à améliorer la qualité des prestations

Lundi 10 Septembre 2018 - 13:45

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu public, le week-end dernier, son nouveau rapport, demandant aux pays africains d'améliorer sensiblement les services de santé offerts à la population.   

Le rapport publié par le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Afrique note que la mauvaise qualité des prestations menace les acquis dans le domaine de la santé, même si une embellie notable est enregistrée de l’état de santé au niveau du continent. Cet état, indique le document, ne peut être maintenu et consolidé que si les pays améliorent la qualité des prestations de services de santé essentiels à l’endroit des malades.  

Dressant l’état des lieux de la santé en Afrique et insistant sur le rôle joué par les systèmes de santé ainsi que leur impact sur la population, le document précise que la situation s’est considérablement améliorée. Cette amélioration se traduit par un relèvement de l’espérance de vie de la population, d’autant plus qu'entre 2012 et 2015, il y a eu une progression remarquable, comparativement à d’autres régions du monde. 

« Je suis fière que les Africains vivent maintenant plus longtemps et en meilleure santé. Car, de trois ans de santé de plus est un cadeau qui fait notre fierté à tous. Naturellement, nous espérons pouvoir préserver ces acquis et voir la région Afrique se hisser au niveau des normes mondiales de santé », a déclaré dans ce rapport, la directrice régionale de l’OMS, Matshidiso Moeti.

Evoquant, par ailleurs, les signes de cette amélioration, l'expertise souligne que les infections des voies respiratoires inférieures, le VIH et les maladies diarrhéiques demeurent les principales causes de mortalité. C’est pourquoi, les pays ont mis l’accent sur la prévention et le traitement de ce trio à travers la mise en œuvre des programmes spécialisés. Ce qui a entraîné une baisse importante des décès imputables à ces pathologies.

« La charge de morbidité provoquée par les dix maladies les plus mortelles a diminué de 50 % depuis 2000 et la mortalité liée à ces pathologies a reculé de quatre-vingt-sept à cinquante et un décès pour cent mille personnes entre 2000 et 2015 », indique le rapport.

Inclure toutes les pathologies pour conserver les acquis 

Cependant, pour conserver cette tendance, l’enquête de l’OMS reconnaît que pour que la couverture sanitaire universelle devienne réalité, il est nécessaire d’améliorer la situation, en ce qui concerne toutes les pathologies, c’est-à-dire en ne prenant pas seulement en compte les maladies prioritaires qui ont une incidence sur la santé de la population. Les affections chroniques telles que les maladies cardiaques et le cancer faisant maintenant plus de victimes car une personne sur cinq âgées de 30 à 70 ans peut mourir d’une maladie non transmissible.

« Les pays ne parviennent pas à fournir des services essentiels à deux groupes d’âge importants, à savoir les adolescents et les personnes âgées. Avec le vieillissement de la population en Afrique, les personnes âgées ont besoin de soins de santé qui leur soient destinés », souligne encore le document.

Ainsi, pour le bureau régional de l’OMS, les services de santé doivent suivre l’évolution des tendances en matière de santé. «Dans le passé, nous nous sommes concentrés sur certaines maladies dans la mesure où celles-ci étaient à l’origine d’un nombre anormalement élevé de décès. Nous avons réussi à mettre un terme à ces menaces mais la santé de la population est maintenant remise en cause par un large éventail d’affections. Pour ce faire, nous devons trouver une approche nouvelle et plus globale de la santé », a ajouté la directrice régionale dans le rapport.

La qualité des soins liée à la performance des systèmes de santé

Selon ce document d’expertise, l’état de santé est davantage lié à la performance des systèmes de santé car mieux ils fonctionnent, plus l’état de santé est durable. Cependant, dans ces systèmes de santé, les personnes, les institutions et les ressources nécessaires pour fournir des services liés à la santé ne sont utilisés qu’à 49 % de la capacité potentielle. « Les systèmes de santé ne fournissent toujours pas à la population la gamme des services dont elle a besoin. Et ils ne sont pas en mesure de résister aux chocs, lorsqu’ils font face à des flambées de maladies », ajoute le rapport en insistant encore sur le fait que, les investissements plus importants dans le personnel de santé et la proximité des établissements de santé avec les patients sont essentiels pour obtenir un bon niveau d’accès. Malheureusement, l’on enregistre en moyenne seulement deux médecins et quinze lits d’hôpital pour dix mille personnes. Alors qu’un examen du lien entre les dépenses de santé et le bien-être montre aussi une faible association entre le financement et une vie en bonne santé.

Des dépenses très faibles en matière de santé en Afrique

A en croire le rapport, à l’heure actuelle, en moyenne 39 % des budgets consacrés à la santé sont utilisés pour l’achat de produits médicaux, alors que les dépenses consacrées au personnel de santé sont faibles et estimées à 14 % et celles des infrastructures à 7 %. Ainsi, l’analyse des habitudes de dépenses liées à la santé reconnaît que les pays ayant des systèmes de santé performants consacrent jusqu’à 40% de leurs investissements aux personnels et 33% aux infrastructures.    

« Treize pays ont dépensé moins de trois cents dollars mais avaient une espérance de vie en bonne santé comparable à celle de certains pays qui dépensent plus de cinq cents dollars. Par contre, un certain nombre de pays dépensent plus de cinq cents dollars mais leur niveau de santé est similaire à celui des pays dépensant un montant inférieur. Cette situation met en évidence la nécessité de se concentrer sur la façon dont les pays investissent leurs fonds destinés à la santé », a déploré la responsable régionale de l’OMS dans le rapport avant de conclure que les Etats africains sont déterminés à atteindre les objectifs de développement  durable au plan sanitaire. Ils se sont engagés, a-t-elle dit, à assurer une vie de la population en bonne santé et à promouvoir le bien-être pour tous à tout âge ainsi qu’à atteindre une série d’objectifs sanitaires à l’horizon 2030.  

Rock Ngassakys

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